- Surpri, commençai-je d'une voix chantante en ouvrant la porte de la classe de Harry.
Une vingtaine de paire d'yeux se posèrent sur moi. Ils se mirent à rire, mes joues virant au rouge. Harry s'approcha.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il à voix basse.
- Pardon, balbutiai-je d'une petite voix. Je croyais que tu étais en pause déjeuner.
Il regarda sa montre et lâcha un soupir.
- Dans un quart d'heure.
- D'accord, dis-je en hochant la tête.
Je la relevai et croisai son regard, une pointe d'amusement dans celui-ci. Il se retenait de rire, l'enfoiré. Je me passai la main dans les cheveux, un sourire maladroit aux lèvres et reculai.
- Dîtes monsieur, c'est votre amoureuse ? s'enquit une voix.
Je tendis l'oreille pour entendre la réponse de Harry mais les rires de ses élèves durent la couvrir. Sales mômes, pestai-je intérieurement.
~
- Désolée, m'excusai-je pour la énième fois.
Harry roula des yeux et attrapa une tomate cerise du tupperware.
- Ana. Je t'ai dit que ce n'était pas grave.
- Oui, mais. Pardon.
- Si tu t'excuses une fois de plus je t'étrangle, menaça-t-il.
Je levai un sourcil et posai la boîte en plastique sur le bureau.
- Ah ouais ?
En face de moi, Harry se laissa aller contre le dossier de sa chaise.
- Et ouais.
Je me pinçai les lèvres, les yeux rieurs. Il leva un sourcil méfiant. Je posai doucement mon pied nu sur la fermeture de son jean et son torse se bomba soudainement. Mon orteil caressa lentement son entre-jambe et je le sentis se raidir.
- Ana, souffla-t-il d'une voix saccadée. Pas ici.
Je penchai la tête sur côté.
- De quoi tu parles ? dis-je innocemment.
Je baissai le regard sur et me mordis la lèvre. Son jean était légèrement bombé à cause de son érection. Je posai mes yeux sur les siens, un sourire aux lèvres.
- Me regarde pas comme ça, bordel ! cria Harry.
Il se leva d'un bond, les joues rouges.
- Merde, merde, merde, jura-t-il en regardant son jean.
J'éclatai de rire et plaqua ma main contre ma bouche.
- Ana ! s'énerva-t-il. C'est pas drôle.
Je me mordis l'intérieur de la bouche pour arrêter de rire mais en vain. Harry se mit aussi à rire. Il se posta devant moi. Je posai mes mains de part et d'autre de son cou, un sourire d'excuse aux lèvres.
- Qu'est-ce que je vais faire ? s'enquit Harry d'une voix désespérée une fois qu'on fut calmés.
- Je pourrais t'aider, proposai-je d'une voix pleine de sous-entendu.
Il s'écarta.
- Me parle pas comme ça, bébé, s'indigna-t-il.
- Eh ! Je t'ai dit que j'aimais pas les surnoms.
- Et je t'ai dit de ne pas venir réveiller Rufus alors que je suis au boulot, rétorqua-t-il en jetant un coup d'œil à son entre-jambe.
- Rufus ? Il faut vraiment que t'arrêtes de donner un nom à tout et n'importe quoi.
Il souffla, énervé.
- Bon. Je vais aux toilettes. Tu viens avec moi. Et tu surveilles. Personne ne doit y rentrer, ok ?
Je remis mes chaussures et le suivis le long des corridors.
- Pense à moi, lançai-je alors qu'il entrait dans les sanitaires.
- Va te faire voir, Ana, répondit Harry d'une voix lasse.
~
- Tu lui as répondu quoi au petit ? Celui qui t'a demandé si j'étais ton amoureuse.
- T'as entendu ça ?
J'haussai les épaules, observant la salle de classe vide d'un regard absent.
- Alors ? insistai-je alors que Harry gardait le silence.
Assise sur ses genoux, lui sur son siège, je m'écartai de son torse et tournai la tête vers lui sans pour autant le regarder.
- J'ai dit oui.
Et au ton de sa voix je sus qu'il ne valait mieux pas que je pose davantage de question. Même si ça me démangeait sévère. Genre. Alors t'es amoureux de moi ? Je me mordis la langue pour m'empêcher de parler. Ce n'était pas le genre de Harry de déclarer ses sentiments comme ça, sans y être préparé. J'avais compris ça avec le temps. Je décidai de changer de sujet.
- J'sais pas comment tu fais. Pour bosser avec des gosses. J'aime pas ça.
- Sérieux ? Je croyais que toutes les femmes aimaient les enfants. Que c'était dans vos gênes ou un truc dans le genre.
J'haussai les épaules.
- Tu ne veux pas d'enfants, alors ?
- Non. Ou alors si. Je ne sais pas trop.
- La ménopause arrive plus vite qu'on ne le croit.
Je lui assénai une tape dans les côtes et nous rîmes.
- T'es amoureux de moi ?
Je me pinçai les lèvres. Putain. Pourquoi il fallait toujours que je parle sans réfléchir ?
- Désolée. Oublies. C'est sortit tout seul, bégayai-je.
Il garda le silence. Je me levai de ses genoux, légèrement énervée. Contre moi ou contre lui, je ne savais pas trop.
- Je vais y aller, dis-je.
Harry hocha la tête. Il a perdu sa langue ou quoi à la fin ? Je pris mon sac sortis de la salle à grandes enjambées.