come find me | jungkook.

Chapitre n°16

Los Angeles — Aly'

La tête enfouie entre ses mains, Hoseok dormait paisiblement. Tout le contraire de moi, qui avais les yeux grands ouverts depuis une heure. Peut-être deux, j'avais un peu perdu la notion du temps à force de trop réfléchir. Ce qui était un problème, parce que je m'étais juré de ne pas cogiter à son propos. Mais évidemment, comme Jungkook n'en faisait toujours qu'à sa tête, il s'était octroyé le droit de me torturer l'esprit. Ça n'a fait qu'empirer mon angoisse, en fait. Avant, j'étais apeurée, mais maintenant... Maintenant j'étais terrorisée.

Je décidai de sortir de la chambre, balayant les couvertures d'un geste de la main.

La villa était plongée dans le noir, et les vitres exposées à l'extérieur complètement trempées par les torrents de pluie toujours présents. Un bâillement m'échappa. J'étais exténuée de la journée que j'avais passé. D'abord la danse m'avait pris une partie de mon énergie, puis la visite de la rue mexicaine avait mangé la moitié du peu qu'il me restait, et finalement c'était la soirée qui m'avait entièrement achevée. Je m'étais couchée juste après avoir pris une douche et avais dormi pendant deux heures tout au plus.

J'enviais soudainement Hoseok pour sa capacité à dormir en toutes circonstances. Moi j'étais là, debout devant la baie vitrée à trois heures du matin, à observer d'un œil éteint ce qui semblait être la fin de l'orage.

Comme une gamine téméraire l'aurait fait, j'attrapai la poignée de la vitre et la tirai lentement vers la droite. La pluie m'atteignit presque immédiatement et une bourrasque de vent fit virevolter mes cheveux. Je me pressai pour refermer derrière moi. J'étais idiote. J'allais prendre froid, mais je m'en fichais. J'avais besoin d'air, et même si je frissonnais tout à l'heure sous mes couvertures, je n'avais pas envie d'être sous un plaid ou un gilet. Je m'assis sur l'une des chaises complètement glacées et réprimai un grognement. Il devait faire autour de dix degrés, peut-être moins.

Je me surpris à penser à la France. Qu'était-elle devenue depuis mon départ ? J'avais eu l'intelligence, la première année, d'aller me renseigner sur internet pour être au courant de l'actualité française, mais j'avais rapidement abandonné en voyant à quel point ça me faisait mal d'y repenser, et puis je supposais que mon déménagement avait changé mon opinion. Tout me semblait différent. Mais je ne disais pas non plus que je n'y retournerais pas, absolument pas. La France était magnifique et puis j'avais tout de même laissé ma vie derrière moi là-bas, en aucun cas je ne reniais mes origines.

Un frisson me parcourût violemment, révélant la chair de poule sur mes bras et mes jambes nues. Je joignis mes mains entre elles et priai intérieurement pour que demain me porte chance et que je ne termine pas cloîtrée dans mon lit à éternuer toutes les cinq secondes. Avec un peu de chance...

Le coulissement de la porte vitrée me sortit de ma torpeur. Visiblement je n'étais pas la seule à avoir des soucis avec Morphée.

– Insomnie ? je reconnus la voix enrayée de Jungkook.

Je penchai ma tête sur le côté et le vis prendre place sur une chaise, insérant ses mains dans la poche centrale de son sweat gris qui n'allait pas garder sa clarté plus longtemps. Ses cheveux foncés étaient en désordre et ses yeux mis-clos me firent froncer les sourcils.

– Je t'ai réveillé ?

Il pouffa faiblement et me lança un regard en coin. Je devais être terrible à voir, non, en fait j'étais certaine de l'être. La pluie avait ravagé ma chevelure et mes vêtements, et j'avais toujours des cernes bleutées qui me donnaient l'air de ne pas avoir dormi depuis plusieurs semaines. Je mordis ma lèvre et détournais le regard, honteuse.