Séoul - Aly'
La Mazda qui me servait de taxi roulait tranquillement dans les rues de Séoul, me laissant observer avec engouement ce que je pouvais voir tous les jours en prenant le bus, mais avec plus de simplicité. J'avais d'ores et déjà compris qu'il ne faudrait pas plus d'une vingtaine de minutes au chauffeur pour qu'il m'abandonne sur le sol goudronné du parking de l'aéroport, alors je lui avais délibérément requis de prendre son temps. Je n'étais toujours pas prête et, d'une certaine manière, je savais que je ne le serais pas tant que l'émission commencerait réellement, puisque de toute évidence, je ne saurais me défaire des griffes des membres de l'équipe de tournage.
- Nous sommes presque arrivés, bougeonna le conducteur, est-ce que ça va ?
- Ça devrait aller, oui, répliquai-je tendue.
- Si ça ne tenait qu'à moi, poursuivit-il, je vous aurais accompagnée. Malheureusement vous savez ce dont j'ai besoin pour survivre.
Une folle envie de le foudroyer du regard me prit mais je m'abstins, de peur qu'il ne parte dans un discours mélancolique sur ses problèmes quotidiens rimant avec douleur. Je n'étais pas aussi ingrate habituellement, en fait, je ne l'étais pas tout court, mais cette nervosité était en train de me tuer.
Je suis persuadée qu'il est agréable, dans le fond.
- Ne vous inquiétez pas, repris-je, une main sur la poignée de la portière. Je saurais me débrouiller.
- Alors dans ce cas, bonne journée à vous et bon voyage.
Il descendit tout de même afin de me secourir au niveau de mes bagages, plus ou moins lourds selon leur taille, puis disparût derrière son volant et redémarra dans un nuage de fumée grise qui me provoqua une quinte de toux. Agréable, disais-je ?
Je déviai à gauche afin de permettre aux autres automobilistes de rouler comme bon leur semblait, et me rendis dans le hall du bâtiment me fixant avec dégoût, comme si je n'avais pas ma place ici. Ma réticence quadrupla instantanément et je m'interrompis temporairement en reniflant négligemment. Personne ne m'en voudrait sincèrement si je faisais demi-tour, il était encore temps...
Je conjecturai le fait qu'une part enfouie dans mon obscurité savourait délicieusement cette nouvelle aventure et je ne pouvais me permettre de baisser lâchement les bras alors qu'il me suffisait uniquement de me rapprocher de la personne qui attendait patiemment mon arivée.
Je soupirai, éreintée, et abdiquai finalement en me laissant porter jusqu'à l'amas de personnes masquées et couvertes jusqu'à la pointe frigorifiée de leur nez rougis, soutenant d'immenses caméras noires et brillantes qui me pointaient dès maintenant et qui, je le supposais, filmaient déjà tous mes faits et gestes. De manière automatique, je fis apparaître un sourire niaiseux et m'avançai doucement vers cette pancarte à mon nom qui me lorgnait admirablement.
Un élégant Aliénor Dean étreint soigneusement par les ongles manucurés d'une coréenne pas plus âgée que moi ; un sourire honnête étirant avec grâce ses lèvres teintées d'un rose sombre contrastant avec ses iris noisettes.
- Mademoiselle Dean ? demanda-t-elle une fois à ma hauteur.
J'hochai tranquillement la tête et elle se courba docilement pour me saluer, donnant d'un geste vif la pancarte à l'un des assistants érigés dans son dos.
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come find me | jungkook.
أدب الهواةTout a commencé avec une belle et innocente télé-réalité. Une émission mettant en scène une bande de six filles qui ne se connaissent pas les unes les autres, et un groupe de musique coréen en vogue. Agrémentée de rires, de larmes, d'effleurements...