come find me | jungkook.

Chapitre n°5

Los Angeles — Aly'

– Aly'.

Je papillonnai laborieusement des yeux et balayai l'air d'une main anémiée en poussant un vulgaire grognement, presque inaudible mais qui fit tout de même frémir ma cage thoracique. J'étais épuisée. Je ne sais plus réellement pour quelles raisons, mais mon asthénie n'avait fait qu'accroître depuis la veille et je n'avais plus la même hardiesse, ni la même volonté de bouger, de plus le lit sur lequel j'avais passé ma nuit était franchement confortable et ne voulait pas non plus m'abandonner aux bras du coréen.

– Aly', c'est l'heure, chuchota Hoseok en passant ses longs doigts dans les petites mèches qui parsemaient mon front.

– Laisse-moi dormir...

– On a pas tout notre temps, rigola-t-il.

Je relevai totalement les paupières et lui lançai un regard excédé qu'il éluda d'un sourire séraphique. Il avait soigneusement revêtu un t-shirt beige imprimé avec un short noir, et les bracelets qu'il avait autour du poignet tintaient mélodieusement au dessus de mon visage inerte. J'eus un sourire compendieux en le voyant soupirer devant mes minauderies amorphes. Il était résistant et persévérant avec moi alors que j'obéissais à peine.

– Allez, ne traîne pas, on a plein de trucs à faire aujourd'hui, dit-il d'un ton badin.

– Du style ?

Je me redressai paresseusement et lorgnai avec attention son visage angélique pendant quelques secondes. J'allais avoir besoin d'un réveil comme ça tout le temps s'il voulait que je sois d'aplomb pour le reste de la journée. Il était adorable. Son petit nez surmonté de lunettes inutiles mais tout bonnement magnifiques devant les miroirs bruns de son âme qui scrutaient, flamboyants, mon expression extasiée.

– On va faire des choses. Je ne sais pas lesquelles, mais on va les faire.

Je souris automatiquement.

– Donne-moi cinq minutes, j'arrive.

Je me débarrassai des couvertures et me hâtai à la salle de bain en chantonnant un air qui me trottait fastidieusement dans la tête depuis la veille tandis qu'Hoseok s'effaçait distraitement de la pièce, les mains dans les poches. J'entrepris d'uniquement toiletter mon visage avec l'eau du robinet. J'avais quelques rougeurs. Rien de grave puisque j'étais habituée à ce que ma peau fasse des siennes, mais ça me démangeais quelque peu.

J'avais eu pas mal d'aléas durant mon adolescence poignante et bien qu'à présent ma peau lactée était presque idéale, mes accoutumances revenaient à la masse et je ne savais que trop bien qu'elles ne me lâcheraient plus maintenant qu'elles s'étaient agrippées à moi comme à une bouée de sauvetage. Je ne parlais pas uniquement de mes défauts esthétiques mais aussi des difficultés mentales qui m'avaient suivie de la France jusqu'à Séoul. Je perdais souvent la tête, et défiais valeureusement mes pensées néfastes pour retrouver le calme. Depuis mon déménagement, depuis mes quinze ans à vrai dire, à ma rentrée en seconde. Pourtant je n'avais subit aucun traumatisme, aucune persécution trop importante pour me faire dégénérer comme je le faisais ces derniers temps, alors je suppose que ma tête en avait décidé sans mon consentement, et je regrettais amèrement.

J'ouvris la porte de l'immense dressing dans un soupir agacé et déposai doucement une main sur mon front. Il faisait chaud, pas énormément, mais suffisamment pour que je décide d'enfiler un t-shirt blanc et un short en jean troué. Je glissai une main dans mes cheveux bruns pour les restituer et m'acheminai flegmatiquement dans le couloir. Il était large. Assez pour faire tenir quatre personnes accolées. Plutôt lumineux grâce à une ouverture considérable implantée dans l'un des renfoncements matelassés, il abandonnait une halée de clarté sur l'une des maintes élaborations méticuleusement peintes. L'une d'elles évoquait un paysage océanique rutilant qui me fit inéluctablement cogiter au fait que l'océan ne se situait qu'à trois kilomètres et qu'en tant que résidants de Los Angeles, nous nous devions d'y passer au moins une fois.