come find me | jungkook.

Chapitre n°10

Los Angeles — Jungkook

Les mains liées au niveau de son ventre, Yoongi écoutait attentivement les quelques tweets que nous lisait Jimin depuis déjà plus de dix minutes, tandis que je jouais distraitement avec les mèches grises de ce dernier. Je ne sais pas vraiment ce qu'on attendait, avachis dans cette chambre comme si plus rien n'avait d'intérêt pour nous, mais l'envie nous avait vraiment fait faux bond. Autant vous dire que l'ambiance n'était pas aussi rayonnante qu'elle aurait dû l'être.

Je devenais fou. La voix lyrique et imposante de Jimin ne m'avait jamais paru aussi insupportable que lorsqu'il débitait machinalement toutes ces niaiseries destinées aux bangtan boys. J'en pouvais plus d'entendre des éloges, des « je vous aime » balancés à tout va, j'en pouvais plus de cette constante oppression. C'était quoi déjà, les mots qu'on m'avait dit, quatre ans auparavant ?

Tu ne seras plus le même, après ça.

Ouais. J'étais plus le même, peut-être que j'aurais dû l'écouter me rabâcher inlassablement que c'était pas une bonne idée ce groupe, peut-être qu'elle serait encore là, peut-être que ce serait ses cheveux lisses et soyeux que je caresserais, et non ceux de Jimin, si j'avais continué de danser dans cette école et pas en tant que poupée manipulée par de grands imposteurs laissant traîner quelques sourires factices par-ci, par-là afin de mieux faire passer la marchandise.

Inconsciemment, en signant le contrat que m'avait proposé BigHit, j'avais agi comme un assassin envers tous les membres de ma famille. J'avais pris l'avion de Busan à Séoul en les laissant périr derrière moi tandis que je jouais la starlette depuis maintenant bientôt quatre ans. Mais revenir dans le passé, avec ce que j'avais rempli et accepté, c'était impossible ; tellement improbable que j'entendais d'ici notre manager me rire au nez. Pour lui, pour eux, pour tout le monde, j'étais un paquet joliment emballé, rempli d'attentes de perfection. Rien n'était sincère sous cette façade que je m'efforçais d'avoir, de mes sourires forcés jusqu'aux messages d'amour que j'adressais aux fans. Mon allure était aussi artificielle que ce que je ressentais.

J'étais devenu inhumain, entendant tous les jours les échos du rire de mon subconscient. Tu t'es encore fait avoir.

Je revins parmis eux quand Hoseok entra dans la pièce, suivit de Taehyung et de sa bonne humeur. Il lança :

– Salut ! Vous faîtes quoi ?

Je stoppai tout mouvement puis me redressai pour leur laisser de la place. Le roux s'installa instantanément aux pieds de Yoongi et Taehyung s'addossa au mur en laissant ses jambes s'étendre jusqu'au dressing. Jimin m'imita en se mettant à côté de moi.

– On lit des tweets, sourit celui-ci.

– Je t'en prie, continue.

– Non, non, de toute façon je commençais à en avoir marre de les faire défiler.

Hoseok hocha de la tête. Les garçons commencèrent à parler de ce que leur réserverait Min Sung mais je n'écoutais déjà plus. Je m'ennuyais à mourir dans cette baraque. Heureusement qu'Aliénor savait me distraire parce que sinon je n'aurais pas pu supporter de passer un mois à jouer les pantins avec cinq filles insupportables. Remarque, elles n'étaient pas si chiantes que ça, peut-être Hasa mais dans le fond, ça ne m'embêtais pas puisque sa timidité prenait souvent le dessus et donc, l'empêchait de venir me parler.