Les ailes de la nuit

Chapitre 4 : Soleil Levant

Il s'était attendu à tout, sauf à ça. Une Furie Nocturne ! Il les avait cherché partout, avait fouillé chaque île, chaque endroit où pourrait se cacher des dragons. Et il ne les avait jamais trouvé. A moins que le dragon ne soit pas une Furie ? C'était vrai qu'à première vue, il y avait de quoi en douter. Les écailles du dragon étaient dorées, presque blanches. Ses yeux étaient de couleur ambre et deux pupilles noirs les fendaient verticalement.

Mais malgré la grosse différence de couleur, Harold était sûr que le dragon qui se tenait devant-eux était une Furie Nocturne. Il avait la même tête expressive que Krokmou, les mêmes grandes ailes, la même taille, la même silhouette. Et l'argument le plus convaincant était qu'il avait craché non pas du feu sur les chaînes mais des boules de plasma. Seul un dragon était capable de faire ça. Krokmou.

Harold bougea légèrement et le dragon le remarqua. Ses oreilles se dressèrent et il tourna la tête vers lui. Il avait la même expression que Krokmou, la même façon d'écouter. Harold aurait même pu croire que son dragon s'était déguisé pour lui faire une blague. Mais ce n'était pas Krokmou qu'il avait en face de lui. C'était un dragon sauvage, enfermé dans une arène, avec pour seul occupation, un garçon unijambiste qui ne pouvait pas s'appuyer sur le seul pied qui lui restait. Le dragon grogna férocement et comme Harold s'y attendait, il sortit ses dents rétractables, s'avançant lentement vers lui, menaçant. Viggo observait la scène, l'air très intéressé.

-Ouh là, ok M. le dragon, dit Harold. Tout va bien, je ne vais pas te faire de mal. Il faut juste que tu sois gentil et que tu te laisses dresser comme un grand garçon.

Le dragon grogna de plus belle.

-Euh...comme une grande fille ? Rah, je sais pas ! Comme un grand dragon !

Le dragon ne l'écoutait pas, il continuait d'avancer vers lui.

Harold commença à paniquer. Comment s'y était-il pris pour dresser Krokmou ? Il lui avait donné du poisson pour gagner sa confiance. Mais là, il n'avait pas de poisson. Et tous les autres dragons qu'il avait dressé ? A chaque fois, il s'était bien débrouillé, mais les dragons n'étaient pas stressés comme celui-là et pas enfermer dans une arène, avec deux fous furieux pour geôlier. Comment faire ?

Harold vit le dragon préparé une boule de plasma dans sa gueule. Il semblait prêt à tirer. Paniqué, Harold hurla, tendant brusquement une main devant lui.

-Non s'il te plaît dragon, ne me tue pas !

Il attendit le choc, se prépara mais rien ne vint. Il rouvrit les yeux et vit que le dragon avait refermé la gueule. Il fixait sa main, les oreilles dressées. Ses pupilles s'étaient quelque peu élargit et une étincelle de curiosité brillait dans ses yeux.

-Voilà, dit-il calmement. Tranquille. Je ne te veux aucun mal. Tu n'as pas à me craindre.

Le dragon l'écouta attentivement. Puis il approcha la tête et posa son museau frémissant dans la main d'Harold. Ce dernier sourit. Il avait réussi. Il avait dressé la Furie Nocturne. Il lui caressa la tête et le dragon ronronna.

-Tu vois ma belle, c'était pas compliqué.

Le dragon doré grogna.

-Alors finalement c'est mon beau ? Bon d'accord.

-Bravo Harold, je n'en attendais pas moins de toi ! dit Viggo. Tu peux rejoindre Astrid maintenant.

Harold le jeta un regard noir. Dès qu'il l'avait entendu parler, le dragon doré s'était brusquement retourné, grondant.

-C'était un ordre Harold, reprit Viggo plus durement.

Le dragon gronda de plus belle. Un plan se forma dans l'esprit d'Harold. S'il avait bien compté, il restait quatre tirs au dragon. Il avisa les chaînes. Impossible de passer par là. Quoique. S'il tirait à la base des chaînes, là où elle était fixée dans la pierre, il pourrait peut-être détruire la dite pierre et ainsi s'échapper.