Chapitre 10 : Furie...

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Astrid était à peine descendue de son dos que Tempête s'envolait vers la forêt. Krokmou la suivit des yeux et quand Harold partit rejoindre les autres, enfin surtout Astrid comme le pensait Krokmou, il bondit dans la même direction. Il la trouva près d'un lac, assise par terre. Elle fixait l'eau avec des yeux vides. Il s'assit à ses côtés.

-Tempête ? Ça ne va pas ?

Tempête sursauta un peu en se rendant compte de sa présence. Cela ne lui ressemblait pas. Tempête était toujours sur ses gardes d'habitude.

-Non rien, ça va, répondit-elle d'une voix creuse.

-Tempête, je vois bien que ça ne va pas. Tu n'es pas comme ça d'habitude. Où est passé ton entrain ?

Tempête soupira. Krokmou la connaissait trop bien pour qu'elle puisse lui mentir.

-Je...je ne sais pas trop en fait. Depuis que....Aube c'est ça ? Oui Aube est arrivé, je...je me sens bizarre. Il y a comme une boule dans mon ventre qui me pousse à lui sauter dessus pour la chasser à jamais. Désolé mais c'est la vérité.

Krokmou la regardait avec des yeux ronds. Il se souvenait avoir ressentie la même chose quand Sovant avait voulu « faire la cour » à Tempête.

-Tu...tu es jalouse ? demanda-t-il.

Tempête le regarda avec des yeux tristes. Elle avait honte d'avouer ce qu'elle ressentait.

-Non mais attends Tempête, tu sais qui est Aube ?

-Je suppose que c'est une amie d'enfance qui t'es très chère et que tu veux passer le reste de ta vie avec elle, bref, le scénario habituelle.

-Mais Tempête, Aube est ma mère ! C'est vrai que je veux passer le reste de ma vie avec elle mais pas comme tu l'entends !

Tempête se redressa soudain.

-C'est ta mère ? s'étonna-t-elle. Alors j'étais jalouse de ta mère ? Comment est-ce que je ne m'en suis pas rendue compte ?

-Alors comme ça, tu étais vraiment jalouse ? releva Krokmou, narquois.

Tempête se renfrogna.

-Oui bon ça va, pas la peine d'en faire toute une histoire, grommela-t-elle.

Krokmou rit.

-Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression d'être devant Astrid, dit-il.

Tempête rit à son tour.

-Et moi devant Harold, avoua-t-elle.

Soudain, Krokmou réalisa quelque chose. Il avait toujours voulu qu'Harold et Astrid s'avouent les sentiments qu'ils avaient l'un envers l'autre. Mais maintenant, il se rendait compte qu'à travers Harold et Astrid, il se voyait, lui et Tempête.

Il regarda la Vipère à côté de lui. A en juger par son regard, elle en était arrivé à la même conclusion. Elle baissa les yeux, gênée.

-Tu crois que c'est possible ? demanda-t-elle. Je veux dire, on est même pas de la même espèce. Est-ce que deux dragons aussi différents peuvent tomber amoureux ?

-Il faut croire...

-Donc, ça veut dire que...

Elle ne finit pas sa phrase. Krokmou déplia soudain une aile et vint l'entourer avec. Tempête retint un sursaut de surprise. Elle ne s'attendait pas à ça. Krokmou se rapprocha d'elle. Il ronronnait. Il lui lécha doucement la joue et elle tourna la tête vers lui. Pas besoin de mots, ils lurent ce qu'ils ressentaient dans les yeux de l'autre. Tempête se mit à ronronner aussi et ils frottèrent leurs joues l'une contre l'autre. Ils restèrent ainsi jusqu'à la tombée de la nuit. Harold et Astrid, qui étaient partis à leur recherche ne les voyant pas revenir, les trouvèrent serrés l'un contre l'autre. Ils échangèrent un regard amusé et retournèrent vers les huttes sans bruit.

•••

Il entendit des pas sur le pont et une masse s'assoir au bord de la plate-forme. Il jeta un regard à Astrid qui s'était endormi à ses côtés avant de se lever pour rejoindre son ami.

Harold s'assit à côté de Krokmou. Le dragon noir observait les étoiles qui brillaient de milles-feu dans le ciel. Ses yeux verts ressortaient dans la pénombre.

-Salut mon grand, fit-il.

Krokmou grogna sans détacher son regard du ciel. Il était bien dans l'air frais de la nuit. Il était chez lui, dans son antre.

-Alors comme ça, toi et Tempête...

Il tourna brusquement la tête vers Harold et lui assena un coup de queue sur la tête. Harold riait.

-Ok, ok, je me tais, rit-il en se frottant la tête. Mais en parlant de dragon, Aube... qui est-ce ?

Krokmou le regardait, attendant qu'il poursuive.

-Une amie ?

Krokmou secoua la tête négativement.

-Une conquête ?

Deuxième coup sur la tête.

-Une sœur ? poursuivit Harold en riant. Non ? Alors....

Il réfléchit.

-Ce ne serait pas ta mère ?

Krokmou grogna en acquiescement.

-Ah je comprends mieux pourquoi elle nous a suivis alors.

Krokmou reporta son regard sur les étoiles.

-Mon grand, commença Harold. Je sais que tu es déçue, que tu espérais autre chose. Je pensais vraiment que les Furies Nocturnes étaient une espèce à part entière.

Krokmou sentit son être se remplir de tristesse. Il en était persuadé aussi.

-Mais même si techniquement parlant tu es une Furie Diurne, continua Harold. Pour moi, tu resteras toujours le même.

Krokmou lui jeta un regard plein de gratitude. C'était tout ce qu'il voulait.

-Tu resteras toujours le même à mes yeux car tu es Krokmou, le seul et unique Furie Nocturne.

Il marqua une pause.

-Tu es les ailes de la nuit.


Et voilà, cette histoire est terminée ! J'espère que vous avez aimer la lire autant que j'ai aimé l'écrire ! ☺


Les ailes de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant