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La rudesse du banc sur lequel j'étais allongé me faisait mal au dos. Les couloirs avaient commencé à se vider peu à peu, aux alentours de cinq heures du matin. Même s'il m'était impossible de m'assoupir, je décidai de reposer mes yeux qui me piquaient désagréablement.

Quand les premières lueurs blanchâtres de l'aube vinrent traverser le couloir, je me redressai.

Et j'attendais.
Encore, et encore.

L'agitation diurne débutait. Les chariots, tantôt remplis de divers médicaments, d'autres de plateaux repas, glissaient non sans bruit sur le carrelage luisant.

Quelqu'un vint vers moi, et me fit signe de le suivre. Épuisé, je le suivis en silence.

Nous arrivâmes devant une porte close, l'homme s'adressa à moi.

- Il s'est réveillé il y a dix minutes. Il est un peu hagard, plutôt faible, mais il devrait s'en remettre.

Il m'expliqua alors les divers soins qu'ils lui avaient prodigués, et la précarité dans laquelle il s'était trouvé à notre arrivée.

- Habituellement, nous ne laissons jamais nos patients sortir après un tel choc corporel et moral ... Mais comme vous le savez, nous n'avons pas le choix.

Il me fit un sourire qui se voulait sûrement compatissant, puis s'en alla après m'avoir salué.

J'entrai dans la pièce, dont les stores vénitiens ne laissaient filtrer que peu de lumière. Un bip régulier rythmait le silence, tandis que j'approchai du lit.

Je le vis alors, les bras le long du corps sous une couverture d'un bleu délavé, les yeux clos et les sourcils froncés.

Il souffrait.

Et malgré son teint grisâtre, qui n'avait alors plus rien avoir avec le hâle que je lui avais connu, je ne pus m'empêcher de le trouver magnifique.

Ses traits fins et masculins étaient tirés, mais justifiaient encore cette beauté qui m'avait tant attiré.

Je m'approchai davantage, hésitant, puis m'asseyais sur l'unique fauteuil à son chevet. Je ne voulais pas le brusquer, alors je patientai, attendant simplement un signe de sa part.

Ces instants sans bruit m'amenèrent à réfléchir. Il le fallait vraiment. Tout allait changer, tout serait différent. J'allais devoir adapter ma vie, penser à mon travail, aux frais que tout cela engendrerait. Et cette promesse que je m'étais faite. Celle de parvenir à soigner ses maux, le sevrer de ses addictions.

Et j'avais la sensation d'être au pied d'une montagne, sans savoir comment me rendre au sommet.

Nous partions de rien.
Lui, comme moi, nous n'étions rien.

Mais nous allions devenir tout. Et je n'en savais rien à ce moment-là.

Tous mes plans n'étaient qu'ébauches, manquant cruellement de limpidité. Je ne savais comment m'y prendre, et pourtant je ne regrettais en rien la décision que j'avais prise si spontanément.

Du mouvement sur ma droite me fit perdre le fil de mes pensées, il commençait à remuer légèrement sous les couvertures.

- Kim Taehyung.

Ce furent ces mots-là, prononcés avec cette faiblesse qui me transperçait, qui m'avaient fait le plus d'effet depuis notre première rencontre.

- Kim Taehyung. C'est mon nom... Répéta-t-il, face à mon silence.

Je souriais tristement. Enfin.
Enfin, je posais un nom sur celui qui m'avait capturé malgré lui.

- Enchanté, Taehyung. Jeon Jungkook, c'est le mien.

Il me fixa dans la semi-obscurité, nos regards irrémédiablement attirés.

~

Là était
le véritable commencement.

t r a n s c e n d  •  Kth  ◦  JjkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant