Nous avions fait l'amour, une seule et unique fois depuis ce terrible soir. Il avait trouvé là un plaisir brûlant mais éphémère, tout comme moi. Ces instants délectables étaient d'une valeur inestimable, aussi puissants et dévastateurs que la première fois où nous nous étions offerts l'un à l'autre. Pourtant, je réalisais que cela ne le guérirait pas, et que ça n'atténuerait nos douleurs que temporairement. Nous oubliions alors nos desseins les plus profonds, et effrayé, j'avais décidé de ne pas recommencer. Et ce malgré ses suppliques, jusqu'à ce que je sois parvenu à mes fins.
Il avait abandonné l'idée de partir, il n'avait de toute manière nulle part où aller. Et au fond, peut-être s'était-il déjà attaché comme moi je l'étais. Je ne pouvais que supposer, nos conversations étaient difficiles, écorchées.
Les jours et les nuits avaient fini par se confondre. Le monde semblait s'être suspendu dans cet appartement dans lequel je l'avais enfermé malgré moi.
Les tentatives de sorties s'étaient vu échouer, impossibles à gérer. Il était trop instable, colérique, hors de mon contrôle.Le bruit lointain et sourd de l'agitation nocturne, les vas-et-viens du vent sur les volets abîmés, le bourdonnement constant des lignes électriques, et ses pleurs, ses tremblements, ses soupirs angoissés.
Les nuits étaient devenues sa torture la plus brutale. Lentes, sombres, oppressantes.
La froideur des draps, l'humidité, ses nausées, sa psychose, ce moment où il aurait tout fait pour consommer.
Et l'impuissance à laquelle je devais faire face qui me plongeait dans cette affliction destructrice.
Une de ces nuits, alors que de sa crise était telle qu'il avait fallu que je l'immerge sous l'eau froide, j'avais subitement décidé de revoir mes plans.
Rien ne fonctionnait, aucune des distractions que j'avais vainement tenté. Pas même mes mots rassurants, ni même la tendresse dont je faisais preuve à son égard. C'était de pire en pire. Sa perte d'appétit grandissait, ses colères amplifiaient, son état se dégradait plus les journées s'allongeaient.
Il plongeait dans un mal qui le consumait à petit feu, et pour lequel je n'avais d'autre remède que ma piètre détermination.
Soigner le mal par le mal.
Cette idée m'était venue comme une horrible évidence. En pensant à ces fumeurs qui sont incapables d'arrêter leur addiction de façon radicale.
Je savais ce qu'il fallait faire, mais je ne savais pas comment.
Puis l'idée me vint, il fallait que je revienne en ce lieu où je l'avais vu consommer pour la première fois. J'étais certain d'y trouver ce que je cherchais.
J'en culpabilisais déjà, avant même avoir mis mon plan à exécution.
Mais c'était le seul moyen. Le seul que j'avais trouvé, dans mon impuissance, ma méconnaissance du milieu, mon incapacité à trouver une solution plus saine.
J'oscillais entre la hâte et la peur que cette décision m'inspirait.
Mais je m'étais promis de tout tenter. Et ce que j'allais faire, était pire que ce que j'avais pu redouter.
~
J'aurais tout fait
pour parvenir à te sauver,
mon amour.
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t r a n s c e n d • Kth ◦ Jjk
Fanfic[...] Il avait ce visage qu'on ne peut pas oublier. Ce regard brûlant, et cette figure angélique qui se détachait de tout le reste. Il y avait cette infinie tristesse, dans ces obscures prunelles. J'ai eu l'impression d'y croiser mon reflet. C'étai...