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C'est dans l'après-midi que cela avait commencé.

De fatigué, docile, il était passé à un état de fébrilité que je commençais à redouter.

Le calme, avant la tempête.

Je le sentais agité, anxieux, tendu. J'avais alors lancé un film au hasard, tentant de le canaliser. Mais cette futile distraction n'avait pas eu l'effet escompté.

Il paraissait lutter intérieurement, se levaient, ne tenait pas en place, faisait les cent pas dans mon salon étriqué.
Il empoignait ses cheveux avec une frustration évidente, les yeux plissés par la douleur physique et morale qui semblait l'envahir.

Le manque.
Il était en train de le consumer.

Impuissant, je réfléchissais à toute allure. Il me fallait le calmer.

J'avançai vers lui, et le saisissais fermement par les épaules.

- Respire. Lui dis-je fermement.

Il releva son visage face au mien, et je retrouvai ce désespoir brûlant au fond de ses pupilles désenchantées.

D'un mouvement auquel je ne m'attendais pas, il me repoussa avec force, me faisant reculer de plusieurs pas.

- Ne t'approche pas. Souffla-t-il entre les dents.

Tremblant, il serrait les poings en me toisant.

- Je vais t'aider. Assurais-je avec douceur mais fermeté.

- Il me faut une dose. Répondit-il du tac au tac, sa voix teintée d'angoisse.

- Non. Tu dois combattre.

Livide, il passa ses mains tremblantes dans sa tignasse décoiffée.

- Une seule, la dernière.

- Hors de question.

Je n'aurais pas dû être si radical, mais je ne savais comment gérer un camé en manque. Et je le compris très rapidement.

Il entra alors dans une colère si noire, si soudaine, que je m'étais alors figé, pris au dépourvu.

Alors, je l'avais simplement laissé faire. Lui permettant ainsi de déverser sa colère.

Il avait brisé et détruit tout ce qui était à sa portée, envoyant valser tous mes futiles objets à travers la pièce, en geignant, gémissant, hurlant.

Il avait l'air d'un lion en cage, cherchant à s'échapper.

Mais c'est lui-même qu'il devait fuir.

Le saccage n'en finissait pas, il était devenu incontrôlable.

Et quand je le vis précipiter son poing contre le mur de contre-plaqué, je réagis enfin.

Je m'élançai pour l'empêcher, le tirant en arrière comme je le pouvais. Il se libéra et fit volteface, et c'est en plein visage que je reçu son poing serré.

Vacillant, un peu sonné, je reculai doucement, sous le choc de ce geste que je n'aurais pu prévoir.

Ma douleur lancinante n'était pas seulement physique, c'était bien au-delà de ça. Je le fixai, mes gestes suspendus par la surprise.

Je ne pouvais pourtant pas lui en vouloir, et encore moins quand j'aperçu son regard.

Il semblait effrayé, prenant subitement conscience de ce qu'il venait de faire. Sorti de sa transe, il instaura le silence d'une lourdeur presque palpable.

Je vis ses yeux injectés de sang s'embuer, ses membres s'affaisser. Les lèvres tremblantes, il finit par murmurer d'une voix chevrotante.

- Je t'avais pourtant dit de ne pas m'approcher...

Une larme solitaire fit son chemin sur sa joue blême.

Il ne s'excusa pas, il ne le fit jamais. Mais le regret et la honte que je vis au fond de ses orbes larmoyantes m'ôtèrent toute idée de rancœur.

- Jungkook ...

Mon cœur avait tressauté.

Je m'approchai avec prudence, il baissa son regard sur le sol. Enfin face à lui, je le saisissais par la nuque et l'attirais contre mon torse. Je l'entourai de mes bras, maintenant son corps serré contre le mien. Je serrais fort, il agrippa faiblement mon dos. Ses sanglots me soulevaient l'âme, ses pleurs m'étaient insupportables.

- Jungkook...

Son timbre de voix si unique me fit frissonner.
Sa souffrance, frappante à la fin de chaque syllabe.

- Fais-moi l'amour. Je t'en supplie...

~

Si seulement

cela avait pu suffire.

t r a n s c e n d  •  Kth  ◦  JjkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant