Notre petite altercation in french dans le texte passe presque inaperçue. De toutes façons tant que les gens repartent avec des livres signés, ça n'a que peu d'importance au fond. Mon éditeur me raccompagne à la fin de la journée avec un air contrarié et méprisant qui ressemble assez au mien. Devant mon hôtel, il lâche avec tout le mépris disponible dans sa langue :
— Réfléchis bien, Saah. Réfléchis bien, écris et passe me voir demain dans l'après-midi comme prévu. On discutera, je prendrai le temps de te ré-expliquer ton contrat s'il le faut.
Le hall climatisé de l'hôtel n'apaise en rien ma colère. Le Dragon est fou de rage, il marche d'un pas lourd en crachant des étincelles autour de moi. Je ne réponds pas à l'hôtesse qui m'appelle, peu importe, je veux rentrer dans ma chambre, bouder et écrire un chapitre entier dans lequel je pends un vieux beau par les tripes. Tu vas prendre cher, Hugh, je vais te passer à la moulinette Fanfic, tu n'as pas idée.
Une fois à à l'abri derrière la porte de ma chambre, je crie. Je trépigne et je grogne. L'idée même qu'une maison d'édition puisse envisager de me déposséder de ma création me rend malade. Les tremblements au fond de mon ventre reprennent de plus belle.
Ma créature...
Trois coups secs toquent à la porte.
— Room-service, Mme TheGrey.
— Je n'ai rien demandé.
— C'est exact, Mme TheGrey, quelqu'un s'en est chargé à votre place. J'ai une livraison pour vous.
J'ouvre la porte, prends la boîte et la referme sans même un regard pour l'employé.
— Fuck les formules de politesse et le pourboire.
Assise par terre, je place le paquet rectangulaire entre mes jambes, il y a une petite enveloppe dessus. Un de nos clients m'a demandé d'acheter des chaussures et de vous les livrer. Je me demande à quoi elles ressemblent, dans quel type d'escarpins il m'imagine pour ce soir. Des talons vertigineux ? Vernis ? Des sandales fines ouvertes sur mes orteils ? Une bride à la cheville ? Derrière le papier rouge vif qui emballe le tout je déchante en découvrant le logo félin de la marque de sport. Des petites tennis noires et blanches m'attendent dans leur papier de soie.
Je suis fâchée.— Faut reconnaître qu'il est original en matière de choix féminin.
Le message de la carte est, cette fois encore, très succinct :
Je veux que tu sois à l'aise et confortable. Une voiture t'attendra en bas de l'hôtel à 8h00.
D.Au dos de la carte il y a une adresse, il est précisé que mon nom est sur la liste. Aucune idée de ce qui m'attend.
— Et si on n'y allait pas ?
— Après la grande scène de cette après midi ? Tu arrives à y croire ? Attend, je te la refais avec ma grosse voix : "Dylan O'Brien c'est moooiiii". J'ai a-do-ré. Tu m'as fait plaisir.
— C'est toi, sale Monstre, qui te fais plaisir ! Moi je voulais juste signer mes livres. Tu fous toujours tout en l'air.
— Tu as raison : mets la faute sur quelqu'un d'autre, d'autant que "confortable" est le mot d'ordre ce soir. Va laver ton joli cul de menteuse et t'habiller avec tes chaussons de danse, il te reste peu de temps avant de sauter dans le carrosse.
À 7h55 je suis devant l'entrée du Hyatt avec une clope au bec et ma culotte "Agent Provocateur". Elle me gratte un peu mais à ce prix là je me dis que c'est une option intéressante.
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Le Reflet du Léopard
FanfictionSaah a eu beaucoup de chance : après le Wattys pour "La Queue du Léopard" elle a été publiée et même traduite. De voyages de dédicaces en rencontres improbables dans quel sens "Léopard" va-t-il changer sa vie ? Et sera-ce le fait de son roman ou d'u...