Home sweet home

206 8 2
                                    

-Voilà ta chambre. Me dit mon père en ouvrant une porte. La pièce est simple, blanche. Elle est  sous le toit, c'est une mansarde. Mon père loue un appartement en haut d'une maison. Je m'avance à l'intérieur de la pièce et la contemple.
-Euhm... Je dois retourner au poste du shérif pour le boulot, j'avais demandé ma matinée et elle est se termine à midi. Ça te déranges pas?
-Non, non.
-Tu es sûre? Tu sais à la limite je peux appeler et dire...
Je me retourne et lui souris.
-Pas de soucis, je vais décorer ma chambre.
Il hoche la tête pensif puis sors son porte-monnaie et me tend 2 billets de 100$.
-Tiens. Pour ta déco, tu vas pas juste garder un lit, une armoire et un bureau... Et il te faut des habits.

Tic-Tac. Un magasin de deuxième main. Je pousse la porte ce qui fait sonner une cloche, pourtant personne ne semble occuper la boutique. Je me promène dans les rayons et prends tout les habits qui me semblent portables: chemises à carreaux, tuniques, robes, casquettes, shorts, jeans, pantalon cargo etc... je m'engouffre dans une cabine d'essayage et en ressort 20 minutes plus tard, finalement je repose quelques vêtements et me dirige vers la caisse où est pour finir venu une vieille femme. Elle tapote sur sa vieille caisse et me demande 70$ je les lui donne et au moment ma main effleure la sienne, je me sens projeter dans ses souvenirs: je la vois plus jeune embrasser un garçon puis elle est dans une salle d'hôpital un enfant dans les bras avec un homme à ses côtés ensuite un enterrement et pour terminer elle est assise sur un fauteuil à bascule en train de lire un livre à ses, je présume, petits-enfants. Quand je suis de retour dans la vie réelle, la vendeuse me regarde avec inquiétude et me demande:
-Vous allez bien mademoiselle?
-Euh... Oui,oui... Juste... Juste une petite absence. Bafouillai-je en prenant mes achats enveloppés dans un sac en plastique. Au revoir et à bientôt!
-Au revoir.
En sortant du magasin je m'appuie contre un mur et souffle un coup. Ça, ça... c'est pas normal... Bon, en même temps rien n'est normal chez moi. Peut-être que ça évolue. C'est possible, non? Je réfléchis puis hausse les épaules, tant que j'arrive à le contrôler... J'entre dans un magasin et remarque un hamac et un divan style ancien. J'essaie de résister et j'y arrive genre 30 secondes. Le vendeur me l'amène devant ma maison, le descend et se prépare à repartir quand je l'interpelle:
-Hé! Faut le monter à mon étage!
Il se retourne:
-Tu as payer pour une livraison à domicile et on est à ton domicile. Si tu veux que je le monte, va falloir être plus convaincante. Dit-il en se frottant le majeur, l'index et le pouce.
En signe de réponse je lui fait un doigt d'honneur, il hausse les épaules et monte dans son véhicule.
Je donne un coup de pied rageur dans une poubelle, soudain je ressens cette envie irrépressible de crier. Je m'empresse de sortir mon bout de verre et le serre dans mon poing, je grimace de douleur et dès que je sens le sang couler je m'arrête et remets mes gants.
-Tu ouvres un salon en plein air?
Je me retourne vers cette voix inconnue et vois un garçon à la carrure plutôt carré, des cheveux beige-blond et des yeux bleu-vert.
-Mon livreur vient de me lâcher.
-Ah! T'es tombée sur Josh! Il demande toujours un supplément.
-Le seul supplément qu'il a eu de ma part c'est un fuck.
Le garçon rie et se présente:
-Moi c'est Liam.
Il me tend sa main, je me force de la serrer, curieusement je ne plonge pas dans sa mémoire.
-Rebecca.
-Eh bien Rebecca et si je t'aidais à transporter ta livraison?
Liam et moi montons mon divan avec une facilité déconcertante, il me semblait bien plus lourd pourtant. Après avoir installé mon divan et mon hamac, nous nous asseyons sur mon petit canapé.
-Tu veux à boire? Questionnai-je
-Volontiers.
Je me dirige vers la cuisine et sors deux cocas et reviens dans ma chambre.
-T'habites là avec tes parents?
-Mon père. Mes parents ont divorcé.
-Et tu viens d'emménager avec lui?
-Non, y'a que moi qui emménage.
À peine ai-je finis ma phrase que je la regrette. Je le connais à peine et je vais devoir lui mentir! Je ne vais quand même pas lui dire que j'ai passé 5 ans dans un hôpital psychiatrique dans la section schizophrénie et troubles de la personnalités et que j'en suis sortie il y a à peine quelques heures!
-Ah oui? Pourquoi?
-Euh... eh bien... j'étais en pension en... Alaska.
Il me regarde en fronçant les sourcils.
-En Alaska? Vraiment?
-Oui... Ma grand-mère venait de là-bas. Mentis-je encore.
Je vois bien qu'il ne me croit pas, il s'apprête à répliquer mais se ravise. Liam regarde sa montre et s'écrie:
-Mince! J'ai rendez-vous avec Mason!
Bon, alors on se voit au lycée!
Il me fait la bise et s'en va pendant que moi, je reste pétrifiée: quand il m'a fait la bise, j'ai vu ses souvenirs. Il était d'abord suspendu en l'air, hurlant, et un garçon lui mordait Le bras. Mais surtout ensuite, son visage était déformé, des crocs lui avait poussé et ses oreilles étaient pointues tandis qu'en arrière-fond une voix lui disait:
-Tu n'es pas un monstre, tu es un loup-garou... Comme moi.
Loup-garou.

I'm not crazy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant