Chapitre 20

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Elle me serre dans ses bras, et je sens des larmes tomber sur mon épaule. Il m'est arrivée de me l'imaginer, mais toujours avec Samuel à côté. Sans lui, je ne parvenais pas à me faire une image d'elle.
Et la voici! Me prennant dans ses bras, me consolant et se consolant elle en même temps.

Nous avons parlé pendant plus d'une heure. Au début, j'avais honte... Honte de m'être montrée aussi méchante. Et puis en la regardant dans les yeux, j'ai vu la même souffrance qui habite ceux de ma mère, mon père... Mais il y avait quelque chose en plus! Quelque chose qui m'a donné envie d'apprendre à la connaître, celle dont mon frère était amoureux.
Cette chose, c'est l'affection qu'elle a pour lui, et qu'elle démontre dans chaqun de ses gestes. Si doux, profondément mélancoliques...
Elle me fait penser à moi...

- Ahaha! C'est vrai!? Sam a fait ça? Demande Cécile hilare.

- Oui oui! Il a dû aller au coin pendant une heure après!

- J'en reviens pas!

Les rires et les larmes se mélangent. Les souvenirs s'entrecroisent. Et pour la première fois depuis bien longtemps, je parle de Sam comme s'il n'était jamais partit...

- Dis Cécile?

- Oui?

- Mon frère t'aimait?

- Je crois... Tu sais! J'aurais tellement voulu te conaître avant! Je sais que te l'ai déjà dis, mais il parlait si souvent de toi! C'était si beau! Tu étais sa soeur adorée.

- Je suis, sa soeur adorée...

- Oui... Biensûr, dit-elle tout bas,
Ça ne changera pas.

Elle me souris tendrement, mais les traits de son visage trahissent sa tristesse.
Notre tristesse...

- J'ai tout essayé, dis-je.

- Essayé quoi?

- De l'oublier.

- Personne ne t'a demandé de l'oublier Estelle. C'est impossible!

- Je sais...

- A part si tu perds la mémoire Biensûr!
Désolée... C'était pas drôle.

Je la regarde l'air de dire: "Oui, ce n'est pas drôle..."
Mais mon corps se met à trembler et un rire sortant du plus profond de mes cordes vocales s'échappe.
A son tour, Cécile explose de rire comme si sa vie en dépendait.

- Il y a un problème les filles!?

Demande  mon père affolé en rentrant dans ma chambre.
Son visage s'adoucit quand il nous voit, Cécile en moi, entrain de rire à la mort pour une blague qui plus tôt me donnait envie de pleurer.

Quelques instants plus tard, nous nous retrouvons tout les trois, écroulés de rire, moi effondrée sur le tapis, Cécile se roulant sur mon lit et mon père, qui n'avait beau ne rien comprendre, s'est laissé tomber devant la porte.

A cet instant, je suis profondément

Heureuse.





Le moteur démarre et après un dernier coup de klaxon, nous voyons la voiture blanche s'éloigner.
Mon père et ma mère rentre et je reste devant la porte. Une lègère brise s'est levée, effleurant mes joues et le bouts de mes doigts.
La même angoisse que j'avais petite prend sa place dans mon esprit.
Elle naît de mon regard...
Quand je vois le soleil qui doucement disparaît derrière les collines, que les oiseaux émettent leurs tout derniers chants!
C'est cette angoisse qui m'a hanté pendant plusieurs années.
Celle de voir un jour, qui quelques heures plus tôt réveillait le monde, se terminer et approcher dangereusement de sa fin.

Une fois rentrée à la maison, je me câle sur mon lit, un coussin dans le dos. Je sens cet imense trou dans mon coeur, qui laisse passer toute l'oxygène dont j'ai besoins. Et tant bien que mal, j'essaye de ne pas y faire attention.
J'enfonce un écouteur puis le deuxième dans mes oreilles. Je me suis prise d'une soudaine envie de musique. Une envie de laisser couler mes émotions. Une envie de vie!

J'écoute les paroles de ma chanson préférée et soudain une phrase m'interpelle: " Life will continue".
Comment... Comment ai-je pû passer à côté de ces mots, après les milliers de fois où je les ai entendu?
Je connaissais " Life goes on", mais cette phrase traduite dans toutes les langues du monde m'inspire d'avantage au futur.
La vie continuera quoi qu'il arrive... Que l'on soit heureux ou pas!
La phrase: La vie continue , m'est découragante . Mettre le verbe au futur est tellement plus inspirant! Cela sonne pour moi comme un message d'avenir.
Et les seuls moments où je me vois sourire, sont dans l'avenir même!

La fin de ce samedi passe à la vitesse de la lumière. Je n'ai pas de devoirs pour cette fin d'année et combien même j'en aurais, je ne suis pas sûr que je les ferais.
Le soleil s'est couché et l'obscurité de la nuit étant son voile ombragé.
Dans quelques heures, c'est dimanche. Et après dimanche, la semaine recommencera. J'ai peur! J'ai peur de revoir le visage froid de Célia passer devant moi en toute ignorance. J'ai peur de me reprendre un coup de poignard dans le coeur.
Lui aurais-je fais peur?
Me serais-je trompée...
Emportée, laissée envoler trop loin du possible? Là où je peux aimer et être aimée en retour...
Ce terme revient dans ma tête.
Intra personnel.
Je pense et ne parle jamais...
Mais voilà! Il faut que je lui parle bon sang! Que je lui explique ce que je ressens! Ce mélange entre la peur, l'incompréhension et le bonheur.
Que je mette notre histoire au futur, et non dans le présent impossible.





C'est dimanche... Des gens vont à l'église, d'autres dorment encore. Les gens mènent leur vie tout simplement!
Un rayon de soleil arrive tout droit sur moi. Tandis que tout autour, l'obscurité est reine.
Je me lève en baillant essayant de me souvenir des rêves qui ont animés ma nuit.
Je reste quelque temps assise dans le noir, puis sens l'angoisse renaître de ses cendres.
Je commence à trembler. J'ai envie de crier, hurler que j'en ai marre! Marre que mon seul bonheur soit entrain de m'échapper. Et j'en ai assez de cette peur qui m'empêche continuellement de m'exprimer!

Je suis entrain de craquer... Je voudrais sortir de cette chambre, sortir de cette maison, sortir de ce corps qui m'emprisonne!
Il faut que je respire...
Il faut que je vive... Parce que je n'ai pas le choix. Parce que quoi qu'il arrive, la vie continuera... Avec ou sans moi.

J'arrache mon oreiller au matelas, et enfouis violemment mon visage dedans. Je cris, je cris, je cris...




Un sanglotement accompagné d'une caresse me tirent de ma rage. Je vois le visage de ma mère en face du mien... En détresse.

- Je ne sais plus quoi faire ma puce... Je n'en plus de te voir ainsi! La psy ne t'aide pas, tu ne nous parle jamais. Reviens!

Elle me serre contre elle, et là... Dans les bras de ma maman, ma maman d'amour, je me décide à ouvrir la bouche pour prendre conscience de tout ce qui se passe.

- Maman? J'ai peur! J'ai peur de l'avenir, que je ne guérisse pas.
J'ai peur pour vous... Pour Annie, Seb ! J'ai peur de vous perdre en restant enfermée dans moi même. J'ai peur parce que! Parce que je suis entrain de me rendre compte que Sam n'est pas à la gâre... Qu'il ne reviendra pas.
Et maman! J'ai peur parce que j'aime une fille...

Silence. Silence pesant... Aucune réaction.

Elle prend une inspiration, et dans un souffle mumure:

- N'ai pas peur...

La vie continueraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant