Tout nouveau tout beau

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1/02/18 suite de la journée

Je croise de nouveau son regard et je me redresse péniblement sur le lit. J'esquisse un sourire tandis qu'il entre dans la chambre.
-"Alors princesse, te voilà devenue belle au bois dormant ?"
J'ai envie de dire que j'ai besoin d'un baiser pour être complètement réveillée mais je me retiens à temps et me mord fort les lèvres. À la place je lache : -"Tu me fais visiter ?"
Je sors du lit, pose mes pieds sur le parquet froid. Charlie passe un bras sous mon épaule pour me soutenir et son contact me procure un bien fou. Il me fait visiter la planque. Nous possédons trois chambres (une chacun), une salle de bain, une cuisine et une pièce à vivre avec ordinateur et télé. Je soupire d'aise, je ne pense qu'à une seule chose : contacter ma famille. Contacter mes amis restés là bas. Contacter ma meilleure amie Sally.
Charlie suit mon regard et coupe court à mes espoirs.
-"Sur ces ordinateurs il n'y a que nos programmes universitaires et c'est tout. Aucun accès à internet ou moyen de communication. Les programmes sont là au cas où nous devrions rester plus longtemps que prévu. Afin que nous ne prenions pas trop de retard et ne redoublions pas notre première année d'étude."
-"Attends... on va rester combien de temps ici ?"
-"Je n'en sais rien Maé. Gaia dit qu'ils n'en ont plus pour longtemps à trouver les preuves suffisantes pour incriminer le gouvernement français. En attendant ça fait deux mois qu'elle est ici. Il faut se préparer à toute éventualité et le but n'est pas de nous mettre en danger en sortant d'ici trop tôt."
-"Deux mois ! Je serai devenue complètement folle toute seule ici ! Cette fille a trop de force en elle, elle me fait peur !"
-"Ne sois pas trop dure avec elle, c'est elle qui t'a veillée aussi pendant que tu comatais à moitié"
Tiens donc, Gaia aide soignante... si j'avais su ! N'empêche que cela n'explique pas son étrange comportement. Elle doit être dans sa chambre à l'heure qu'il est, sûrement en train de méditer les nouveaux sarcasmes qu'elle va pouvoir me jeter à la tête.
-"Je meurs de faim ! Ça te tente des spaghettis princesse ?"
Je sursaute à la remarque de Charlie. Je hoche la tête en signe d'acquiescement et nous allons dans la cuisine. Je suis perdue et songeuse. Mes spaghettis ont un goût sec dans ma bouche.
-"Charlie... tu crois que les français croiront à notre témoignage ? À l'examen psychologique ? Au camp des anti systèmes ?"
Ma voix tremble un peu. Je tente de la maîtriser mais elle dérape. Je vois Charlie froncer les sourcils.
-"Il le faudra bien. C'est pour cela que nous sommes ici Maé. Pour ça que nous avons été sauvé. Nous avons tout vu et nous avons encore les capacités mentales et physiques pour témoigner. Au procès il faudra être forts. Tu comprends ?"
-"Oui... mais j'ai tellement peur d'avoir déjà été brisée...tous ces cauchemars qui me hantent.... je ne suis pas sure d'être capable de les surmonter."
Je baisse la tête, tellement honteuse. Au fond de moi j'ai peur. Charlie ne bouge pas mais agrippe ma main. Il me force à relever le visage et ses yeux se plantent dans les miens.
-"Tu te rappelles la fois où l'instructrice a frappé Nicolas ? La manière dont tu as tout vu et tout compris ? Tu n'es pas une anti-système Maé. Ni une entre deux. Tu es la plus intelligente et tu possèdes en toi une force infinie. En fait tu es la force, je l'ai su dès que je t'ai vue"
Là c'est trop pour moi. Je me jette dans ses bras et l'embrasse. Enfin.

Le service militaire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant