This Freakin' Girl (Jerome Valeska X Harley Quinn)

Chapitre 8

ALERTE GIF CLICHÉ EN MEDIA mais ça correspond plutôt bien au chapitre

Harleen laissa quelques secondes s'écouler, forçant sa respiration à rester calme et posée.

Elle avait l'impression d'avoir assisté à l'improbable collision entre deux forces infatigables, deux puissances déchainées qui s'entrechoquaient pour la première fois. Une force démente en face d'elle, et la sienne, désormais ébranlée. Ce sont des pas qui se rapprochaient qui réveillèrent tout à fait Harleen. Elle s'empara de son carnet et son stylo, replaça le gobelet sur le bureau de la psychiatre et rejoignit son coin, sous le regard moqueur de Jerome qui avait la bouche ouverte dans une expression hilare silencieuse.

Carrie entra ensuite, essoufflée, l'air surpris, et regarda Harleen pour s'assurer que tout allait bien.

- Je suis vraiment désolée, expliqua-t-elle, l'infirmier n'est pas resté, je lui avais pourtant dit...

- C'est rien, rassura Harleen sans arriver à sourire.

- Il n'est rien arrivé de...

- Non, répondit-elle un peu trop vite. Il est attaché, de toute façon, ajouta-t-elle en désignant Jerome.

- Même si j'aurais préféré que ce soit dans d'autres conditions, ricana ce dernier avec un sourire carnassier.

Carrie eut un petit sourire en coin, se rassit en face de lui, et ne sembla pas remarquer que le café avait été un peu plus vidé. Mais Harleen ne réagit pas, soudainement préoccupée. Elle inspira sans bruit, et s'assit à son bureau pour prendre son petit carnet personnel et écrire à toute vitesse ce dont elle se souvenait, les picotements dans son cœur, les étranges mouvements dans son ventre, et l'impression d'avoir raté quelque chose. Le tout accompagné de l'immense vague dévastatrice de sa raison et de sa réflexion.

Ce n'étaient peut-être pas les bons mots qu'elle inscrivait avec force sur une nouvelle page blanche, mais elle relirait ça plus tard, lorsqu'elle aurait organisé sa pensée, que tout redeviendra à la normal dans cet immense système nerveux trop souvent sous-estimé. Son pouls accéléré, elle n'écoutait plus ce qui se passait en face d'elle, Jerome certainement arrogant et cruel.

Jusqu'au moment où elle ne sut plus écrire, essayant tant bien que mal de rester silencieuse, de ne pas attirer l'attention. Son cœur s'emballa en se rendant compte qu'elle était dans l'impossibilité d'extérioriser ses impressions, de les écrire pour les retrouver plus tard. Ses doigts se crispèrent sur son stylo, réduisant l'afflux de sang, et son visage se tordit dans une grimace de douleur muette. Sa poitrine se levait plus vite, alors qu'elle essayait désespérément de calmer sa respiration qui devenait de plus en plus bruyante.

Tout cela causé par le simple fait qu'elle n'y arrivait pas. Comme si elle avait été dépouillée de son essence même, qu'elle ne contrôlait plus ce qu'elle ressentait.

Sans écouter ce qui se disait en face, elle releva la tête et observa de longues minutes Jerome alors que différentes expressions défilaient sur son visage. C'était lui qui lui avait volé ses capacités. Et elle regretta soudainement avoir désiré connaître plus.

Penser, elle savait le faire. Elle avait, tout ce temps, établis une idée fixe de ce qu'elle devait faire, de ce qui était bien, de ce qui était mauvais, de ce qui était vrai ou faux.

Troublée. Elle était troublée. Et, de manière assez paradoxale, ça lui faisait du bien. Même si c'était peut-être une « mauvaise chose ». Elle serra les mâchoires, se retenant de crier, d'exploser, son corps fébrile, presque tremblant. Elle laissa tomber son stylo par inadvertance et ne bougea même pas pour le ramasser. Elle n'arrivait plus à écrire, de toute façon, à quoi bon se forcer ? Ce n'était plus le moment de tout faire sortir, d'essayer de comprendre. Il fallait juste encaisser, et recevoir le coup pour l'apprécier.