Chapitre 12

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Harleen courait dans les couloirs cette fois-ci. Une minute. C'est le temps approximatif qui lui fallut pour arriver, et ouvrir la fente de la cellule de Jerome.

- Enfin, grogna celui-ci, sa voix toute proche.

Harleen fronça les sourcils, et le chercha des yeux dans la cellule, bien que sa vision soit incroyablement diminuée par la minuscule ouverture. Elle le devina appuyé contre la porte.

- T'as apprécié mon petit cadeau ? sourit-il.

Elle ne répondit pas immédiatement. Première faute.

- Oooh oui, tu as aimé... affirma Jerome d'une voix grinçante et victorieuse.

- Non ! Tu...

Elle l'entendit se glisser brusquement sur le sol, dans des mouvements lourds mais rapides à cause de sa camisole, et il apparut devant ses yeux, par la petite ouverture.

- MENTEUSE !

Elle sursauta sans s'éloigner de l'entrée.

- Moins fort ! reprocha-t-elle en dirigeant son regard vers le couloir.

Il pouvait arriver que des infirmiers fassent le tour des couloirs, mais les cellules d'isolement étaient sensées être surveillées, et puis... que pouvaient faire des prisonniers en camisole ?

- Sinon pourquoi tu serais là, hein ? continua Jerome en l'ignorant. Il me suffirait de hurler pour qu'on rapplique. Ça prendrait certainement quelques minutes, parce qu'on est des prisonniers et qu'on se fiche bien de ce qui peut nous arriver, mais même si je suis un taré qui délire, je pourrais balancer tes petites allées et venues de midi, menaça-t-il.

- Pourquoi tu as fait ça, alors ?

Jerome tomba son sourire.

- Est-ce que tu es atteinte d'amnésie grave, voire d'Alzheimer ? Ou est-ce que tu es tout à fait idiote ?

Harleen ne répondit pas, et laissa son regard s'engouffrer dans celui de Jerome.

- Tu as perdu ta langue, Harley ?

- Harleen...

- Je te l'ai dit : ça n'a pas d'importance.

- Tu m'as promis des réponses, enchaîna-t-elle.

- Sors-moi de là, et je te montrerai tout. Et ne joue pas les naïves, tu peux le faire, j'en suis certain. Je pourrai même te donner plus. J'ai juste besoin de... mes mains, annonça-t-il en se remuant. Ne reviens pas, si tu n'as pas ce que je te demande, conclut Jerome en levant un sourcil.

Elle ne répondit que par une expression surprise, presque inquiète, alors que Jerome se levait pour disparaitre de son champ de vision.

- Q-quoi ? hésita-t-elle.

- Désolé, petite, j'ai pas de temps à perdre. Enfin, si, se reprit-il, mais pas avec toi. Je préfère largement le perdre seul, dans ces conditions.

Le son d'un bâtiment qui s'effondre dans un fracas assourdissant. Elle posa une main sur son ventre en se rendant compte que ce bâtiment se trouvait à l'intérieur d'elle-même. Il s'assit au fond de sa cellule, en face de l'ouverture qu'elle n'avait pas quitté. C'est en voyant son rictus qu'elle clôt d'un coup sec la fente, et se dirigea jusqu'à la cantine pour rejoindre le personnel.

Elle s'assit lourdement devant son assiette, sans y toucher et sans prêter attention à ce qui pouvait bien l'entourer. Sa jambe remuait nerveusement, faisant légèrement trembler le banc. Le regard bloqué en face d'elle, au dessus de l'épaule de son voisin, la mâchoire contractée, elle faisait l'inventaire de ce dont elle aurait besoin. Juste au cas où elle devrait agir. Seulement dans le cas ou elle ne tiendrait plus, et qu'elle se décidait à sortir Jerome d'Arkham.

Les serrures des portes des cellules d'isolement étaient identiques et s'ouvraient avec la même clef. Carrie en avait une, soit sur elle, soit rangée dans son bureau. L'arrivée d'électricité. Il fallait qu'elle empêche les alarmes de sonner, et qu'elle coupe au moins la ligne. Il y avait toujours leurs téléphones portables. Tant pis.

Elle baissa son regard sur son assiette, dégoûtée par la nourriture.

***

Le soir même, après avoir gravit les marches de son immeuble, Harleen ouvrit avec précipitation la porte de son appartement, et fut, comme à chaque fois, heurtée par la misère du lieu.

Elle soupira, et posa ses affaires pour mettre sa main dans la poche de son jean et en sortir les pilules laissées par Jerome. Elle grogna contre elle-même, se trouvant bien ridicule, et se dirigea directement aux toilettes pour jeter les médicaments douteux à l'intérieur, et refermer la cuvette, sans tirer la chasse.

Commencer son rapport de stage semblait être une bonne idée. Soixante-dix pages pour dans quelques semaines. Ils leur laissaient du temps pour développer leurs idées. Elle ouvrit son vieil ordinateur et le traitement de texte.

Bien.

Isolement ou regroupement des sujets : les différentes réactions des patients face aux conditions d'internement.

Stage à Arkham Asylum

Harleen Quinzel


Les pilules sont au fond des chiottes.

- Putain, cracha Harleen en se levant brusquement de sa chaise.

Elle se rendit à nouveau jusqu'aux toilettes, ouvrit le couvercle, et plongea sa main dans la cuvette avec une grimace. Bien que l'eau soit propre, l'endroit ne rappelle pas toujours de bons souvenirs. Elle en sortit les trois pilules, et les rinça en en profitant pour savonner ses mains. Elle revint s'assoir sur sa chaise lourdement, laissant tomber le rapport de stage pour jouer avec le traitement du rouquin sur son bureau.

Même traitement qui avait eu un étrange parcours dans cette journée mouvementée : d'abord la bouche de Jerome, puis la sienne, pour finir dans ses toilettes, avant de passer à nouveau sous l'eau. Elle sourit en y pensant, et s'empara de son téléphone pour taper « Arkham Asylum map ».

Elle abandonna bien vite l'étude des plans, ennuyée par la complexité de l'établissement, pour trouver une recherche associée qui concernait Jerome, et s'enfoncer de plus en plus loin dans les inconnus d'internet.

« We Are Jerome »

Harleen tiqua.

Est-ce qu'il y avait vraiment un site, sur cette planète, dédié au plus grand psychopathe de l'univers ? Bon, elle exagérait peut-être un peu. Le site avait bien entendu été fermé par la ville de Gotham.

Mais les rapports de police sur l'enquête et les arrestations, devaient être disponibles, en partie du moins. Les habitants avaient un droit de regard qu'on ne pouvait leur refuser. Et grâce à cela, relever les points de repères des maniaques avait été le plus simple du monde.

Bien sûr que ça ne restait « qu'au cas où ».


Je sais pas si le sujet d'étude d'Harleen est crédible x) si quelqu'un qui s'y connait le trouve bizarre ou quoi, j'veux bien des idées 😂 Bien qu'il ne soit pas nécessaire pour la suite, cela dit, mais quand même :')  

This Freakin' Girl (Jerome Valeska X Harley Quinn) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant