L'envoyée des Elfes - Tome 1- Tarisar [Edité]

Les Amazones.

Maura, après une heure de marche, atteignit les portes en pierres, et entra dans le village. Dans les rues, le peuple s'affolait. La plupart allait au marché à la hâte, et retournait s'enfermer chez eux. Au début, Maura ne comprit pas trop cette agitation, puis, elle finit par avoir un déclic. Ce soir, il devait y avoir une fête au château et de coutume, chacun apportait quelque chose - une boisson, un plat, des fleurs -. Voilà, ce qui expliquait le comportement des villageois. La jeune elfe remonta l'allée, en saluant les gens qui lui rendaient ses sourires, ou en prenant des nouvelles. 

Maura était de ce genre de personne à discuter avec tout le monde, elle se sentait concernée et aimait se tenir au courant de ce qu'il se passait à la cité. En arrivant au palais, elle alla trouver ses parents, ainsi que Maëlle, pour leur offrir ses bouquets. Comme à leurs habitudes, son père ricana devant la gentillesse de sa fille, qui pensait toujours aux autres, et sa mère la remercia d'un baiser sur le front. 

Ensuite, elle rejoignit sa chambre, suivie de son amie, et elle déposa ses fleurs dans un pot d'eau. Les deux elfes cherchèrent des tenues à mettre pour le soir, tout en s'amusant et en parlant. Maëlle était différente de la brune, autant physiquement que mentalement. Déjà, elle avait 18 ans, soit deux ans de plus que Maura, et était blonde aux yeux caramel, alors que la benjamine était brune aux yeux bleus. Maëlle n'était pas mature, elle aimait se jouer des autres et faire des bêtises, elle trouvait souvent les problèmes et faisait son possible pour énerver ses parents. Aussi, l'aînée était beaucoup moins timide que Maura, elle adorait être entourée, et faire de nouvelles rencontres, ainsi que participer à des fêtes, tandis que la brune préférait le calme de la solitude. Maëlle connaissait le désir de voyager et d'aventures de son amie, mais ne le partageait pas. Malgré leurs grandes différences, elles étaient amies depuis toujours, et passaient la grande majorité de leurs temps ensemble. 

Maura alla prendre une douche, puis elle enfila la robe qu'avait choisi la blonde pour elle. C'était une robe simple, en bustier et de couleur bleu nuit, allant parfaitement bien avec ses yeux, avec une légère traîne. Maëlle avait opté pour plus de couleur avec une robe rouge en velours et de longues manches ouvertes. Toutes deux rejoignirent la place centrale, où avait été rajoutées des tables autour de la fontaine pour poser toute sorte de nourriture. Le village entier s'était déplacé et s'était joint à elles. Pourquoi y avait-il une fête, me diriez-vous ? Il y en avait pratiquement deux à trois fois par semaine en l'honneur des étoiles. 

Pour les créatures d'Odros, les étoiles étaient sacrées. Elles étaient leurs dieux, et ils chantaient et dansaient pour elles. Ils étaient convaincus que dans chaque étoile se cachait une divinité qui veillait sur eux, qui décidait de leurs vies, ou même de leurs trépas. Toutes les nuits, des chants résonnaient des maisons et des jardins pour les étoiles, pour les vénérer. Ce soir ne dérogeait pas à la règle.

Alors que le roi venait d'annoncer le début de la soirée, des hennissements parvinrent à la brune, qui se retourna instinctivement. Ce n'était pas habituel qu'il y ait des invités d'autres villages. Une dizaine d'hommes et de femmes avançait dans sa direction, le pas lourd et brusque, sans même la regarder, fixant quelque chose devant eux. Elle dut se décaler pour ne pas qu'ils entrent en collision. Maura ne connaissait pas ces personnes, et ne les avait jamais vus. Seulement, elle comprit bien assez vite qui ils étaient : des Amazones. Les Amazones ne sont que des humains, sans pouvoir. Ils concentrent leurs forces dans l'art de la guerre. Ce sont les meilleurs guerriers qu'Odros puisse avoir. 

D'après ce que Maura avait lu sur eux, dès la naissance, ils étaient élevés et entraînés pour combattre. Cependant, on disait aussi qu'ils ne sortaient quasiment jamais de leur royaume, hormis pour faire la guerre. Lorsque Maura prit conscience de ce détail et qu'elle aperçut les guerriers s'avançaient rapidement vers les monarques, elle eut un soudain coup de chaud, du à la peur qui la gagnait. Elle se détendit aussitôt qu'elle les vit s'étreindre d'une accolade amicale. Que pouvaient-ils bien faire ici ?

Le roi Ambrose et Anya rentrèrent dans le château avec une des guerrières, la femme la plus grande qu'elle n'avait jamais vu, rousse avec une tiare de diamant, et une robe qui faisait plus office d'armure. Maura nota qu'elle portait une longue épée sur elle. Les autres Amazones restèrent à la fête, groupés et à l'écart. Il y avait autant de femmes que d'hommes. Cela se voyait qu'ils étaient mal à l'aise dans ce genre d'endroit. Ils n'arrêtaient pas de regarder en direction du palais, guettant l'arrivée de la femme rousse. D'ailleurs, cette dernière devait être leur reine, ou du moins, une personne importante. Maura, qui jusque là était restée silencieuse en les fixant, retomba sur terre sous les appels incessants de son amie.

"- Qu'y a t-il, Maëlle ? demanda la jeune elfe, l'irritation perçant dans sa voix.

- Cela doit faire dix minutes que tu les fixes, ce n'est pas très poli, expliqua la blonde... Si tu veux aller les voir, c'est maintenant ou jamais. 

- Pourquoi le voudrais-je ? 

- Pas à moi, Maura ! gronda l'aînée. Tu en meurs d'envie et tu possèdes une multitude de livres à leur sujet. Vas-y ! "

C'est vrai qu'elle n'avait pas tort. La brune aurait bien voulu leur parler, mais pour leur dire quoi ? En plus, elle n'était vraiment pas douée pour les rencontres. Elle finissait toujours par bégayer ou rougir. Une fois, elle avait même perdu la parole, trop intimidée. Non ! Il était hors de question qu'elle y aille. 

"- Tu sais, ma chère, commença Maëlle, si tu ne vas pas la chercher, l'aventure ne viendra jamais à toi. "

Elle saisit la plus petite par le poignet et l'obligea à la suivre. Avant qu'elles ne purent atteindre le groupe d'Amazones, celle qui semblait être leur chef ressortit du grand édifice, et ils regagnèrent tous leurs chevaux pour partir aussi vite qu'ils étaient venus.