Soins d'urgence.

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Cela faisait déjà une semaine que Maura essayait tant bien que mal de reprendre une vie normale. Petit à petit, elle reprenait goût à la joie, et arrivait même à prétendre un sourire. Les villageois lui avaient posée des questions sur son comportement étrange, mais par manque de réponses, ils avaient fini par oublier. Tout avait à peu près repris son cours. Seulement, Blaise et Jasmine n'étaient pas dupes, ils voyaient bien que la jeune elfe ne parvenait pas à faire le deuil de sa mère. Elle ne souriait plus comme avant, ne parlons même pas de son rire qui sonnait totalement faux et brisé. Ils auraient voulu faire quelque chose pour elle, mais ils étaient impuissants. Maura passait son temps dehors, elle ne rentrait que le soir pour dormir. Aux premières lueurs, elle passait par les cuisines récupérer des repas pour toute la journée, puis elle disparaissait au lac. Elle se sentait bien mieux dans la nature, là où elle appréciait être, plutôt qu'entre quatre murs. Elle voyait parfaitement que ses parents adoptifs s'inquiétaient pour elle. Cependant, ils devaient la laisser seule, elle n'avait pas besoin qu'on tente de lui remonter le moral. De toute manière, ça aurait été vain.

De jour, ses pensées étaient dirigées vers sa mère. Elle s'imaginait comment elle aurait pu être, les habitudes qu'elle aurait pu avoir. Maura voudrait tout savoir d'elle, jusqu'à savoir quel genre de souliers Noora aimait porter. La nuit, elle était hantée par le même cauchemar. Celui où sa mère se faisait pourchasser par un individu et où elle se retrouvait sur une falaise sans aucune échappatoire. Jamais, elle ne pouvait voir la fin, elle se réveillait toujours au même instant, quand Noora commençait à se retourner. Maura n'avait aucun répit. Elle pensait tout le temps à Noora, et elle ne pouvait se l'enlever de l'esprit. La brune était tellement déçue de ne jamais la rencontrer. Sa douleur était indescriptible, elle avait mal pour une personne qu'elle ne connaîtrait pas.

Comme tous les soirs, elle rentra à la cité, mais eut l'étrange surprise de voir des chevaux juste devant le château. Ses chevaux, elle ne les avait jamais vus auparavant, mais elle les reconnaîtrait entre mille. C'était des montures d'Amazones, de par leurs très grandes tailles et leurs armures de fer. Les Amazones étaient donc revenus. Le sang de Maura ne fit qu'un tour, elle lâcha son panier, et se mit à courir vers la grande salle, là où elle était sûre de les trouver. En effet, ils y étaient bien. En revanche, ils semblaient être dans de piteuses états. Tous se retournèrent vers elle, la jaugeant du regard. La gigantesque femme rousse, qu'elle avait déjà vu la dernière fois, était encore là, en train de discuter avec les monarques, ainsi que Blaise et Jasmine. Elle se tut quand elle aperçut la jeune elfe. Elle murmura quelque chose au roi tout en la fixant, celui-ci acquiesça et elle recommença à parler, pendant que les regards se détournaient de la brune. Surement, la rousse avait-elle demandé si elle pouvait parler librement avec Maura dans les parages. En plus de cette guerrière aux cheveux de feu, quatre autres femmes et huit hommes étaient présents. Ils étaient allongés au sol, se faisant soigner par des domestiques.

Maura ne comprit pas vraiment la situation, quand elle se souvint d'une chose. Les Amazones étaient partis vers le Nord pour détruire les Enchanteurs avant qu'ils ne deviennent une menace. L'assaut avait dû très mal se passer. Ils étaient tous poussiéreux, sales et ensanglantés. D'ailleurs, ce n'était entièrement pas leur sang. Ils n'étaient pour la plupart que superficiellement blessés. Seul deux avaient l'air de souffrir. Une première était coupée à la jambe, et on lui faisait déjà un garrot pour arrêter l'hémorragie. L'autre, un jeune homme, avait un morceau de bois cassé dans les côtés et il perdait beaucoup de sang. Il poussait quelques gémissements rauques, et n'était pas loin de s'évanouir. Même si une guérisseuse s'affairait à le soulager, il n'allait pas tenir longtemps à cette allure. Alors, Maura décida d'intervenir. Elle alla jusqu'à la bassine d'eau pour nettoyer un peu ses mains, puis alla s'agenouiller près de lui.

Blaise et Jasmine la regardait étrangement, ils ne comprenaient pas quelle mouche l'avait piquée. Mais ils ne savaient pas que, lorsqu'elle était plus jeune et qu'elle avait un précepteur, celui-ci lui avait appris l'art de la médecine. Cela ne lui avait encore jamais servi. Aujourd'hui, elle allait tester cet enseignement. Elle ordonna à la guérisseuse d'aller chercher de l'alcool, et elle obéit. La jeune elfe parlait souvent au blessé, il ne fallait pas qu'il ferme les yeux. Elle commença à lui déblatérer des paroles sans queue ni tête, mais qui, au moins, le gardait éveiller. Lorsque la guérisseuse revint avec une bouteille de leur alcool le plus fort, Maura se mit à stresser un peu. Bien que le jeune homme n'avait plus rien à perdre, elle voudrait réellement le sauver.

Alors, elle souffla pour se donner de l'aplomb, saisit le morceau de bois, provenant surement d'une lance, entre ses deux mains, et d'un coup sec, elle le retira. L'homme hurla de douleur, et n'arrêtait pas de se tortiller dans tous les sens. Deux autres Amazones vinrent pour aider à le stabiliser. D'un chiffon, Maura appuya fermement sur la plaie béante pour empêcher le sang de couler. Heureusement, la lance n'avait pas touché de point vital, ni de muscle ou d'os. Elle n'était pas enfoncée profondément. Une fois que le sang s'écoulait plus lentement, elle prévint qu'il allait avoir mal, elle dé-bouchonna la bouteille, et versa un peu d'alcool sur la blessure. Il hurla bien plus fort, se tordant et serrant les dents. Maura eut des remords mais se rappela que sans cela, il pourrait mourir. Dans cette optique, elle remit une couche d'alcool et continua de compresser la blessure.

"- Annabelle ? demanda la jeune elfe.

- Oui, Madame Maura ? répondit-elle.

- Il me faudrait du thym, de l'ail et du plantago. Aurais-tu cela ?

- Bien sur, suivez moi ! "

Maura promit de faire vite, et dit aux Amazones d'appuyer sur la plaie jusqu'à ce qu'elle revienne. La guérisseuse l'emmena dans ses quartiers, où elle trouva les trois plantes demandées. Elle mélangea de l'ail et du thym écrasés dans de l'eau, pour en faire une mixture buvable, et elle se saisit du plantago. Quand elle revint auprès du blessé, il semblait très fatigué, mais ne s'était toujours pas endormi. Elle broya le plantago dans un ramequin, y versa quelques gouttes d'eau pour que ça ressemble à de la pâte, puis elle en déposa sur la plaie. Devant les regards curieux de ceux qui l'entouraient, elle expliqua que le plantago était une plante connue pour ses vertus médicinales et qui aidait à cicatriser. Ensuite, elle lui fit avaler son remède, qui servirait à faire tomber la fièvre et à lui faire aller mieux.

Une fois qu'elle eut administré ses soins, Maura demanda à ce que cet homme bénéficie d'une chambre au plus vite, et ordonna à ce qu'il n'en sorte pas. Il devait se reposer à tous prix, ou sa blessure ne guérirait pas. Elle précisa que ça valait aussi pour la guerrière, dont la jambe allait légèrement mieux. Elle avait arrêté de saigner.

L'envoyée des Elfes - Tome 1- Tarisar [Edité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant