L'envoyée des Elfes - Tome 1- Tarisar [Edité]

La vérité...

Maura regarda les guerriers s'en aller, une lueur de curiosité dans les yeux. Lorsqu'elle se retourna face à ses monarques, elle s'aperçut qu'ils avaient des mines dépitées, préoccupées. Elle les vit s'approcher de ses parents et leur murmurer quelques phrases à l'oreille. Ces derniers firent la même tête contrariée. Bien qu'ils essayaient de le cacher, ils semblaient être en colère. La jeune elfe, ne pouvant plus tenir de ne pas savoir, se précipita vers eux.

"- Père, mère, fit-elle en s'inclinant. Que venait faire des Amazones ici ? Que se passe t-il ?

- Je...Pas maintenant, parvint à articuler sa mère, dont le regard se brouillait imperceptiblement de larmes.

- Mais ! insista la jeune elfe.

- Écoute ta mère, Maura ! coupa son père, la voix étrangement dure. Profite de la soirée. "

Résolue et vaincue, elle n'eut d'autres choix que d'obtempérer. Elle rejoignit Maëlle qui l'avait attendue patiemment, désireuse elle aussi de savoir ce qu'il se passait. Elle fut déçue de ne pas avoir de réponses, tout comme Maura. D'ailleurs, celle-ci avait juste eu le temps de percevoir sa mère fondre en larmes, puis son père la prendre dans ses bras pour la faire rentrer au château. Mais que se passait-il à la fin ?! Maura s'inquiétait de plus en plus, et elle n'arrivait même pas à profiter de la fête. Son esprit était bloqué par des centaines de questions. Elle y restait uniquement pour satisfaire l'ordre de son père. Seulement, elle n'avait qu'une envie, c'était de courir à la recherche de sa mère pour la consoler et connaitre l'objet de son mal. Elle ne l'avait jamais vue dans cet état. 

Alors que quelques elfes s'étaient réunis pour débuter un chant, Maura décida de s'éloigner un peu. Elle commençait à étouffer dans cette atmosphère de joie et de rires qu'elle appréciait tant avant. Cependant, elle n'arrivait plus à imiter un sourire, sachant que quelque chose de mal se tramait. Elle sortit de la ville, et s'enfonça dans la forêt. Elle atteignit rapidement une falaise, où il n'y avait pas d'arbres pour voiler le ciel. Maura s'assit à même le sol, et regarda les étoiles. Elle leur soumettait quelques unes de ses questions, sans vraiment attendre de réponses. Elle les pria pour que rien de très grave ne soit arrivé. Dans sa tête, se jouait déjà plusieurs scénarios horribles, qu'elle préférait ne jamais vivre. Elle observa un moment la lumière blanche, scintillante et pure des étoiles. Cette fameuse lumière qui pouvait donner l'espoir et guider dans les instants sombres. 

La brune était bouleversée, elle laissa même échapper une larme. Elle-même ne comprit pas vraiment cette soudaine tristesse. Elle savait que quelque chose n'allait pas, et elle détestait plus que tout au monde voir ses proches souffrir. Or, elle venait d'avoir une vision de sa mère frêle et fragile, prête à se briser sous une douleur sans nom qui l'assaillait. Et puis, elle avait l'impression d'être mise à l'écart. Elle voudrait l'aider, mais comment faire s'ils ne lui disaient rien. De plus, elle s'attendait au pire. Elle continua sa contemplation toute la nuit, n'osant plus retourner à la cité. Ce matin-là, pour une fois, elle vit l'aube, non pas de son balcon mais de dehors. C'était magnifique, peut-être encore plus que d'habitude, mais elle n'avait plus le cœur à s'en époustoufler.

Elle finit par se lever, et remonta vers le palais. Les villageois l'accaparaient sans cesse, soit pour lui faire la conversation, soit, pour ceux qui travaillaient au marché, lui faire goûter leurs nouveaux produits. Elle ne put refuser les invitations pour ne pas les froisser, et mit une éternité pour rentrer. Il devait être 11 heures du matin, quand elle rejoignit les appartements de ses parents. Elle toqua et ce fut Amah qui lui ouvrit la porte. Cette dernière débuta un long sermon en lui ordonnant de ne plus jamais partir du château à l'improviste, et que ses parents s'étaient faits beaucoup de soucis. Ceci n'améliora pas l'humeur de l'elfe qui se sentait, désormais, coupable. De mieux en mieux ! Elle s'excusa auprès d'Amah, qui la laissa enfin entrer dans la chambre. Les hurlements de la servante avaient indiqué à ses parents qu'elle était revenue, et ils l'attendaient donc. Ils étaient tous deux assis dans leurs fauteuils, mais n'avaient pas l'air en colère. Maura ne vit qu'une tristesse profonde dans les traits tendus de sa mère, et de la détermination dans ceux de son père. 

"- Étais-tu au lac ? questionna Blaise, calmement.

- Non, je me suis rendue à la falaise et j'y ai passé la nuit, expliqua l'intéressée. "

Il ne répondit pas, se contentant d'hocher la tête. Il tenta même un fin sourire pour la rassurer, mais la préoccupation se lisait bien trop sur son visage. Maura s'inquiétait d'autant plus que son père insista pour qu'elle s'asseye. Brusquement, Jasmine éclata en sanglot bruyants, ce qui effraya la jeune elfe. Les yeux écarquillés, elle se jeta aux côtés de sa mère et la prit dans ses bras. Blaise ne bougea pas d'un pouce, mais pinça les lèvres comme s'il regrettait quelque chose. Le stress lui montait, et ce n'était vraiment pas dans ses habitudes. 

"- Maura, il faut qu'on te dise certaines choses, déclara t-il, tandis que les soubresauts de Jasmine se calmaient et que la brune regagnait son siège. Avant cela, sache que nous t'aimons énormément et que quoi qu'il arrive nous resterons à tes côtés. Bien que tu puisses ne plus vouloir nous reparler...Cette fois, c'était la bonne : ils allaient tout lui dire. Maura eut soudainement les mains moites, et c'est à peine si elle respirait.  Nous ...Nous ne sommes pas tes parents. "

Il avait lâché ça d'un coup et guettait la réaction de celle qu'il appelait sa fille avec une très grande appréhension. Le cœur de cette dernière rata un battement. Elle s'imaginait des tas de nouvelles, mais certainement pas celle-ci. Elle ne comprenait même pas ce qu'il voulait dire par là. Comment ça ils n'étaient pas ses parents ? Elle était le fruit de leurs amours, ils l'avaient élevée, éduquée, aimée et chérie. Ils étaient tout pour elle. Comment pouvait-il dire une chose pareille ?