— Rends-nous l'oeil et la dent, sale môme! crie l'une d'entre elles. Bon sang, ce que les petits sont mal élevés de nos jours!
— Pas avant que vous ne m'ayez dit ce que je dois faire!
Elles se taisent, puis forment un petit cercle pour chuchoter entre elles. Entretemps, j'essaie de tenir l'oeil du mieux que je peux sans me salir la main — pas facile, ce truc visqueux n'arrête pas de glisser. Les trois vieilles se tournent vers moi sans vraiment me voir, visiblement de mauvaise humeur.
— Qu'est-ce qui nous garantie que tu vas vraiment nous rendre ce qui nous appartient? demande la vieille femme au milieu.
— C'est simple: croyez-vous vraiment que je vais garder cet oeil visqueux qui me fixe d'un air coupable et cette dent dégoûtante? dis-je en adoptant un ton assuré. Il y a une carie sur le côté, en passant, je rajoute.
— Qui es-tu pour juger notre dent? couine la troisième femme. Penses-tu qu'il y a des dentistes dans cette forêt?
— Je vous promets de vous rendre vos trucs, je rétorque.
L'une des vieilles dames se met à sourire d'un air narquois.
— Jure-le sur le Styx.
Déconcerté, je fais ce qu'elle me dit.
— Je le jure sur le Sticks.
— Bien.
Toutes les trois s'approchent de moi en regardant tout autour. Je préfère ne pas dévoiler mon emplacement. Quoique, un oeil et une dent qui flottent trahiraient déjà ma présence en temps normal, mais ces trois-là sont aveugles alors qu'est-ce que ça change? D'autant plus que je détiens leur oeil en otage.
— Alors, que veux-tu savoir, jeune effronté?
— Tout d'abord, qui êtes-vous? je demande.
— Nous sommes les Soeurs Grises. Quoi d'autre?
Je presse légèrement le globe oculaire entre mes doigts en essayant de ne pas le faire tomber.
— Attention, mesdames! Pas d'insolence!
— Et c'est toi qui nous dis ça?! s'indigne la première.
— Qu'est-ce que je suis supposé faire?
— Sois plus précis...
Je réfléchis. C'est vrai, comment pourraient-elles m'aider si je n'ai aucune idée de quoi chercher à part les armes mentionnées par Hermès? Alors, à la place, je pense tout leur dire, quand soudain, quelque chose germe dans mon esprit.
— Avez-vous déjà entendu parler de ces mystérieuses disparitions? commencé-je.
Les trois vieilles hésitent un instant avant de répondre.
— Ouais... et alors?
— Je recherche le coupable. Et je suis sûr qu'il ne s'agit pas d'un humain. Dites-moi où se trouve le repère de ce soi-disant méchant ainsi que l'endroit où je me procurer ces armes secrètes dont... quelqu'un m'a parlé.
— Ah... je vois, fait la deuxième dame grise. Dans ce cas, tu dois nous promettre de ne pas dire à elle que ce sont nous qui t'avons indiqué son repaire.
Elle?
Donc, c'est une femme qui est à l'origine de toutes ces disparitions? Quoiqu'il en soit, je promets à ces dames que je ne dirais rien.
— Bien, reprend la deuxième. Pour tes armes, va au sud de cette forêt. Et marche.
— Quoi?! C'est tout?
— Bah, oui! C'est tout! Suis ton instinct, je ne sais pas, moi! s'énerve-t-elle.
— Ok, ok. Et le repaire? je reprends.
— Marche vers l'ouest. Tu finiras par voir une grotte.
— Dernière question, ajouté-je. Qui habite dans ce repaire?
Les vieilles se font silencieuses durant un moment et semblent s'échanger des regards effrayés alors que leurs orbites sont vides.
— Il s'agit de... Méduse... hésite la troisième.
Je ne réponds rien, préférant penser au fait que Méduse n'existe pas, pas plus que ces trois vieilles folles et Hermès. Pourtant, le casque sur ma tête prouve le contraire. Je me pince le bras pour me réveiller, ce qui, à mon grand désarroi, ne se produit pas.
— C'est donc réel... murmuré-je pour moi-même.
— Évidemment! Maintenant, file-nous notre dent et notre oeil! piaille la première vieille.
— Je vous remercie d'avoir été si coopératives, dis-je en esquissant une révérence qu'elles ne peuvent pas voir de toute manière.
Puis, je balance l'oeil et la dent derrière elles avant de m'enfuir en courant. Elles se précipitent vers leurs trucs en criant d'une voix aiguë. Je cours pendant une minute avant de réaliser que je ne sais pas du tout par où est le sud...
Sérieusement? Je suis perdu on dirait...
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Greek Heroes
ParanormalNous voici dans une époque lointaine... Non, je rigole. On est toujours au XXIe siècle. Je m'appelle Persée. Oui, Persée. Comme le héros grec. Avec ce nom, on peut facilement croire que la vie est de tout repos. C'est faux. Archi-faux. Que les dieux...