Chapitre 4

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Ce matin-là, je me réveillai, j'allai bien. Ou du moins, ce qui peut s'en rapprocher. En tout cas : je me sentais mieux que la veille où je m'étais endormie en pleurant comme de nombreux soirs. Je pris un bain, m'habillai d'une robe fleurie rose et jaune. Il faisait beau en ce jour d'automne : pas de nuage à l'horizon. J'enfilai mes chaussures blanches puis je descendis à la cuisine.

Isaac mangeait des tartines et je me suis assise à côté de lui et j'étalai la confiture fait maison sur le pain frais. Mes parents partirent travailler puis mon frère et moi sommes partis pour l'école. Je me sentais encore mal pour Ethan mais peu à peu, la douleur de sa mort s'atténuait. Je me rendais régulièrement sur sa tombe, je ne voulais pas l'oublier. Je veillais à ce que sa tombe soit toujours fleurie et que les fleurs fanées soient jetées et remplacées. Je faisais de même pour les tombes voisines : Marina, Katniss et Peeta.

J'eu donc eu cours la matinée et je mangeai le déjeuner avec Angèle et d'autres filles. Toute l'école m'apprécie depuis toujours mais depuis que les Hunger Games existent à nouveau, on se sent désolé pour moi. Les filles avec qui je mange m'apprécient et semblent contentes que j'accepte toujours leur présence. À tel point qu'elles supportent Angèle même si elles l'apprécient peu.

J'ai encore cherché le regard de Bastien dans la cafétéria alors que je sais qu'il ne va plus à l'école : il travaille dans les mines. À ce moment, j'aurais eu besoin de son sourire pour me réconforter et m'aider à supporter le reste de la journée. Je vis Isaac, qui était avec les garçons de son âge, il a essayé de me sourire, mais ce n'était pas très réussi et son regard me demandait de lui sourire pour le réconforter. Alors j'ai essayé, mais je crois que ça ressemblait plus à un horrible rictus. Sourire n'est plus une habitude pour moi. Alors qu'avant j'étais quelqu'un de lumineux, qui souriait tout le temps et illuminait la journée des gens. Je souriais, je riais : j'étais heureuse de vivre, j'avais la joie de vivre mais depuis quelques mois, je souris beaucoup moins, je ne ris plus. Les gens attendent que ça me revienne. Moi aussi. J'espère que ça reviendra un jour.

Puis j'ai eu cours l'après-midi, je n'arrêtais pas de penser à m'évader. Sortir d'ici, de l'école, du district. Avec ma famille et mes amis. Mais je ne peux pas, qu'est-ce que l'on ferait seuls dans la nature ? Ce ne sont que des rêves, on ne peut pas s'enfuir. Le Capitole nous rattraperait et nous exécuterait. Ce sera encore plus simple que nous envoyer dans une arène un à un pour qu'on se batte jusqu'à ce que mort s'en suive. Et l'hiver approche, on n'aurait nulle part où aller et le froid nous tuerait. Je sais que je ne fais que fantasmer mais je laisse mes pensées dériver et quitter ma ville maudite qu'un abruti privilégié m'a fait détester.

La journée s'est enfin terminée et je suis allée en ville. Je me suis baladée, je suis passé par la boutique de vêtements. J'ai regardé plusieurs tissus pour me coudre une robe puis je décidai de revenir plus tard pour les acheter. Quand je suis sortie du magasin, j'ai entendu un claquement, fort. Ça venait de la place publique et j'étais dans une rue adjacente. Je m'y suis rendue en courant. J'ai bousculé tout le monde pour voir ce qu'il se passait. Quelqu'un se faisait fouetter. Bastien se faisait fouetter. J'ai voulu me précipiter pour abréger ses souffrances mais je me suis retenue. Je dois passer inaperçue, ne pas me faire repérer, obéir. Angèle, qui était avec moi, remarqua mon hésitation et se précipita pour s'interposer entre le fouet et mon ami. Elle mit mon bras et le coup violent la fit saigner. Je suis resté paralysée et à observer la scène.

- Pousse-toi ! prévint le Pacificateur.

- Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda-t-elle en faisant preuve de beaucoup plus de courage, que quiconque présent dans la place.

- Il est sorti du district et a braconné. On l'a retrouvé avec du gibier, déclara le Pacificateur pour justifier les coups de fouet qu'il porte à mon ami.

Les 78èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant