entre terre et mer

chapitre 5

Il était là, devant moi. Surpris. Choqué. Dégoûté. Je n'avais pas vraiment de mots. Si. Déçus. Voilà, il était juste déçu de moi. Je le vis remonter à la surface, et s'extirper de l'eau.
Il était sous le choc.
Et moi je savais ce que j'allais advenir.. Je chassai ces sombres pensées de mon esprit. J'avais un  devoir. Une vie entre mes mains. Il était temps de commencer le combat.
Mes crocs de sirène s'allongèrent, mes griffes grandirent. Mes pensées etaient sereines. J'étais prête. Et il était temps, la sorcière fonça sur moi, griffes dehors.
Je l'évitais d'un mouvement de nageoire, le coeur battant. J'étais puissante, je pouvais largement gagner.
Elle fonça une seconde fois, me manquant de nouveau. Je me retournai vivement et d'un mouvement de mains, je fis appel à mon pouvoir. Le courant s'intensifia autours d'elle, la piégeant dans une barrière invisible. Maintenant il ne me restait plus qu'a la priver de sa magie noire. Mais lorsque je m'approchai. La barrière se brisa. Je fus progeté en arrière et me cogna brutalement contre un rochet. L'eau devint rouge autours de moi.

Jeff.

Je ne pouvais pas y croire. Je n'avais pourtant pas rêvé. La vérité était là, sous mes yeux. Devant moi, je l'avais vu achever sa transformation en un de ses monstres marins. J'étais resté tétanisé. Puis j'avais fui, comme un lâche.
Je repensais à la sirène qui avait sauvé l'homme et l'enfant.
À la Luce que nous avions pris sous notre elle.
À Luce qui avait couru au secours de cette femme lorsqu'elle avait entendu les cris.
Et là, c'était l'un de ses monstres avides de chair !?

Si Luce est celle qui a sauvé la famille l'autre jour... pourquoi serait-elle un monstre ?

Sauf que je n'en savais rien. Mais mon coeur voulait y croire.
Puis je repensais à la sirène morte sur la plage. Ce n'était pas normal.

Alors que j'allais partir inspecter le coeur de la sirène, je vis la surface de l'eau rougir. Du sang. Mon coeur se mit à battre la chamde.

Luce !

Avant de m'en rendre compte, je nageais déjà dans les profondeurs.
Là, je la vis adossée à un rochet, aussi pâle que du lait, elle avait une blessure au front, qui saignait abondemment. Elle luttait pour rester consciente. Sa nageoire était la plus belle que je n'avais jamais vu. Mais ce n'était pas le moment d'y penser.
Je la vis lever faiblement sa main, et faire un geste en rotation. Soudain, l'eau changea autour de moi, un courant fort traversait la baie. La sirène adverse se retrouva entouré par un syphon se resserant peu à peu. Et là, le tout gela. Je restai totalement spectateur. Tout se passait en quelques secondes. Je la vis se relever lentement, nager vers le bloc de glace et y poser sa main dessus. Une onde de choc m'éloigna de plusieurs mètres, et je la vis, aspirant une lueur noire et puissante au creux de sa main. La glace se brisa. La sirène auparavant noire retrouvait sa couleur verte, un joli vert d'eau. Elle disparut aussitôt.
Quant à Luce, elle s'écroula au fond de l'eau. D'un coup, une lumière éblouissante, blanche et pure, émana d'elle avant de s'éteindre.
L'eau sintillait autours de moi, des coraux morts reprenait des couleurs, des algues poussaient. Le récif tué par la pollution des siècles plus tôt, reprenait vie.
J'était sûr de moi. Luce n'était pas l'un de ces monstres.
Je m'approchai d'elle.
Mes battements de coeur accélérèrent. Elle ne respirait plus.
Étrangement légère et frêle comparé aux femmes et aux autres sirènes, je la remontai à la surface...bien que sur une sirène ça n'eût pas forcèment d'effet. Paniqué, je l'étendis rapidement sur le sable, et entama un massage cardiaque. Durant de longues  minutes. En vain. Elle avait perdue trop de sang.
J'entendis une voix. Inconnue et venant de nul part.

La grotte... amène la là-bas..
Et là, ce fut le vide. Je ne savais pas de qu'elle grotte il pouvait s'agir. Je n'en savais vraiment rien. Mais mon corp était comme possédé. Mes jambes me relevèrent, mes bras saisirent le faible corp de Luce, de ma sirène, et je me mis a marcher. Rapidement. Toujours plus vite. Je franchis la digue, patogeai dans l'eau et finalement, je pris ma respiration et plongea. Sans avoir le moindre contrôle sur mon corp. Là, je passais dans un tunelle de pierre formé dans une paroie. Et lorsque je remontai à la surface, je me trouvais dans une grotte. Je lâchai Luce, qui flotta sur l'eau les yeux fermés. L'endroit était magnifique. L'eau claire et bleue se reflètait sur les paroies. Je sentis dans l'air, comme un picotemment, des effluves d'une substance étrangère, qui m'enivrait.
Et je regardai Luce. A ma plus grande des surprises, je vis l'eau remuer autours d'elle, et légé fluidre bleu pénétrait dans sa bouche.
Un miracle se produisit.
Elle avait ouvert les yeux.
Je me précipitai pour la raméner à l'extérieur du bassin d'eau, sur le sable.
Elle était totalement abasourdit et elle essayait de reprendre ses esprits. Alors la chose la plus folle que je n'avais jamais vu se produisit devant mes yeux.
Ses écailles commencèrent peu à peu à s'assécher, une fente se forma au milieu de sa nageoire. Au fur et à mesure de sa transformation, un craquement se fit sentir et elle gémit de douleur. Elle souffrait de devenir humaine.
C'est là que je compris. Pourquoi une sirène faisait le choix de quitter la mer, de subir une douleur qui paraissait terrible, et de sauver des humains ? De toute évidence, quelque chose avait dû se produire.
Sa nageoire se sépara enfin, et quelques minutes plus tard, les écailles laisserèrent place à la peau toute lisse et légèrement caramel de ses jambes. Elle me regarda, la mine triste, la peur dans ses yeux. Mais elle ne prit pas la fuite. Elle s'allongea au sol, les bras le long du corp, en signe d'abandon. Je m'aprochai.
- Luce, c'est toi qui as sauvé l'enfant et son père ?
- Non.
J'avalai ma salive.
- ce n'etait pas Luce, l'humaine. Mais Luà, la princesse des océans que vous cherchez à tuer. Exécute vite les ordres. Je ne veux pas souffrir. J'ai pu sauver quelques vies, cela me suffit... finit'elle dans un souffle.
Je me penchais à son oreille, et lui murmurai..
- Luà et Luce ne sont que des prénoms. Ton coeur reste le même. Je garderais ton secret et je veillerais sur toi. C'est une promesse.
Mon coeur fondit lorsque j'entendis ses sanglots. Le souvenir du premier jour où je l'avais rencontré me revint en mémoire. Quelques jours plutôt, lorsqu'elle avait frappé à la porte et que je lui avait ouvert. Qu'elle avait préféré me donner le plateau de viennoiseries pour que je ne casse aucune tasse. Son courage et sa répartie envers mes deux collègues. Et là, elle laissait tomber son masque de pierre et devant moi, elle devenait faible et vulnérables. Je ne pus résister plus longtemps. Je la pris et la serrai dans mes bras. Je voulais protéger cette créature aussi pure qu'un ange. La lumière qui avait émanait d'elle me prouvait que j'avais raison.

Luce/ Luà

Je ne pouvais pas contenir mon soulagement. J'étais là, blottis dans ses bras, pleurant à chaudes larmes contre son torce musclé.

Ma véritable nature avait été accepté par un chasseur...
Jeff m'avait accepté telle que j'étais, un monstre contre mon gré..

( un chapitre un peu intense, je l'avoue. J'espère qu'il vous aura plût ! )