26 septembre

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Des semaines ont passé, je ne sais pas par où commencer.
Les cours se succèdent, en français la prof est très exigeante mais je n'ai jamais été aussi épanouie que cette année. Les gens de ma classe ne sont pas si idiots que ça, ils travaillent et une bonne ambiance s'est installée entre nous tous. Je continue à être très proche de Lucie qui m'a même proposé de venir chez elle pour son anniversaire la semaine prochaine.

Même si globalement tout va bien, je comprends que jamais je ne retrouverai ma vie d'avant. Je dois me faire à l'idée que le passé est révolu et qu'il me faut construire de nouveaux projets, me confronter à cette ville inconnue, à toutes ces personnes pour me sentir un peu plus confiante.

Le plus important est à venir: j'ai encore croisé la prof du premier jour. Il y a des jours où je la croise sans cesse et d'autres où je ne la rencontre nulle part. J'ai demandé à Lucie si elle la connaissait, elle m'a dit 

"Je l'avais l'an dernier en français elle était horrible".

Je n'ai pas voulu en savoir plus, je ne comprends pas comment une personne apparemment si douce peut tyranniser ses élèves. Alors maintenant, en plus de connaitre la matière qu'elle enseigne,  je sais son nom. Diane Mour. 

Ce prénom lui va bien, elle a tout à fait l'étoffe d'une divinité grecque. L'autre jour dans la queue du self elle riait avec un groupe de profs. Je n'entendais que son rire à elle, cristallin, hors du temps, divin. Je me demandais comment une si petite femme, apparemment si fragile et frêle pouvait produire un son si pur et si puissant à la fois.

Sauf que depuis l'épisode des écouteurs elle ne m'a plus adressé la parole. En même temps, des élèves elle doit en croiser des centaines tous les jours alors c'est normal qu'elle ne se souvienne pas de moi. Moi qui me souviens d'elle, qui murmure son nom comme une douce complainte. Je voudrais que son rire résonne à l'infini, que son sourire découvre ses dents de nacre en même temps ses yeux se plissent délicieusement.

Je sais que c'est un fantasme, je n'ai jamais éprouvé cela pour une femme avant, pour personne d'ailleurs. Cela me passera. Sans doute Lucie a raison quand elle dit qu'elle était horrible en cours. Lucie n'est pas du genre à en rajouter, elle est sincère mais vraie. De toute façon je ne pourrai jamais lui dire à elle que je fantasme sur cette prof qu'elle déteste tant. Autant oublier cette femme...

Oh my DianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant