28 juin

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"Rejoignez-moi dans les jardins du musée B. demain à 10h. Diane"

Voilà ce que j'ai reçu hier soir alors que j'allais me coucher. Je n'avais plus croisé Diane depuis le baiser devant chez elle. J'ai à peine dormi, je pensais à elle, à ce que je pouvais bien enfiler comme habits surtout avec la chaleur de ces derniers jours.

J'ai fini par m'endormir, mon sommeil était peuplé d'elle, de ses mains qui prenaient les miennes, de son sourire, de sa voix, parfois même elle se penchait sur moi pour m'embrasser. Au réveil j'étais plus remplie d'amour que jamais, je ne pensais qu'à la rejoindre. Il était 7h, j'avais encore trois heures à tuer.

J'ai sorti toutes les robes de mon armoire, les ai étalées sur mon lit pour avoir une meilleure vue d'ensemble. J'ai rangé toutes celles d'hiver. Je ne voulais pas non plus porter quelque chose de trop échancrée, une tenue trop séduisante ne m'aurait aidé en rien. Au contraire je n'aurais pas été naturelle face à la beauté incontestable de Diane. Est restée une robe blanche, simple, qui ne laissait voir que la longueur de mes jambes.

Pour le maquillage je ne voulais pas trop en faire non plus, je voulais qu'elle remarque mes cernes, ma fatigue, tout ce que mon amour pour elle pouvait avoir imprimé sur mes traits.

A 9h je suis partie à pied, malgré la chaleur déjà torride. J'ai traversé la ville, chaque rue me rapprochait du musée et d'elle. Je ne pouvais m'empêcher de consulter l'écran de mon portable au cas où elle m'enverrait un message. Rien.

A 10h pile je suis entrée dans le jardin du musée. Elle était assise sur un banc, près d'une fontaine. Placée de biais elle ne pouvait me voir. Elle portait des talons compensés rose pâle, une robe en lin pastel et dans ses cheveux un ruban doré.

Elle s'est retournée à mon approche, s'est levée et m'a fait la bise.

"Bonjour Anna... J'espère que je ne vous ai pas fait courir? On monte au café du musée ou on reste ici?"

Je ne savais pas quoi dire, j'ai choisi le café. Je me retrouvais dans les couloirs du musée avec Diane à mes côtés et le silence entre nous. Jusqu'à la terrasse du café elle n'a rien dit. Elle a posé son sac sur une chaise, m'a souri avant de plonger le regard dans la carte des boissons. J'en ai profité pour regarder ses mains, les bagues à ses doigts, la couleur discrète de son vernis à ongle.

Nous avons pris toutes les deux un café. Ses mains tremblaient l'une dans l'autre, moi je jouais nerveusement avec ma montre.

"Je voulais vous voir car je n'ai pas une bonne nouvelle pour vous Anna... pour nous si vous préférez. Vous allez passer en terminale et j'aurai votre classe en littérature, je ne peux rien faire pour ça. Alors il va falloir choisir. Soit cette situation vous convient et nous passerons l'année ainsi: vous élève et moi professeur. Soit je prends sur moi et quitte l'établissement. Je voulais décider avec vous..."

J'étais tellement sous le choc que j'en oubliais de jouer avec ma montre. Une tonne de plomb aurait pu me tomber dessus que mon ressenti n'aurait pas été plus douloureux qu'à cet instant. Je ne sais pas combien de temps a duré le silence qui a suivi ses paroles. Elle ne touchait pas à son verre, je ne touchais plus à ma tasse. Le temps semblait suspendu.

"Je ne peux pas me séparer de vous... Je ne peux pas vous obliger à faire un sacrifice pareil. J'aime autant que vous restiez et on fera semblant en cours...

-En cours et le reste du temps aussi Anna... Vous n'êtes pas majeure et je serai votre professeur. Il faudra tenir bon si c'est ce que vous décidez et ne plus me parler, ou que pour des motifs liés à votre scolarité. Nous verrons une fois votre bac passé et réussi, pour ça je ne me fais pas de soucis."

J'ai acquiescé, abrutie par la perspective de voir l'ignorer.

"Mais si je n'arrive pas à rester à ma place, si j'ai envie de vous embrasser, de vous parler? Et quand je serai majeure?

-Vous pourrez toujours venir me voir si vous en ressentez le besoin mais les mêmes règles s'appliqueront que pour le temps scolaire. Vous êtes née en mars c'est bien cela? Nous verrons... Mars c'est très loin Anna... Nous verrons...C'est bon? Je dois me dépêcher on m'attend."

Elle a sorti un billet de son porte-feuilles, l'a posé sous une soucoupe, s'est levée, a posé une main sur mon épaule avant de se pencher pour embrasser ma joue.

"Passez un bel été Anna... le prochain sera meilleur je vous le promets."

Oh my DianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant