Absences

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La rentrée vint, je n'avais plus eu de nouvelles de Diane depuis notre rendez-vous au musée. Je me fichais de savoir avec qui je serais cette année-là, je voulais la revoir elle. Mais à la fois je frémissais à l'idée de devoir passer toute une année scolaire sans pouvoir lui parler. J'avais la ferme intention de tenir bon, plus pour elle que pour moi-même. 

J'ai oublié beaucoup de choses relatives à cette lointaine année de terminale sauf celles-ci. On nous distribua nos emplois du temps. Elle ne figurait pas dessus. Une joie immense emplit mon âme, elle avait dû se débrouiller et nous éviter ainsi bien des ennuis et des souffrances. J'attendais impatiemment la récréation pour lui envoyer un message et lui demander le plus rapidement possible un rendez-vous afin que nous reprenions notre histoire là où elle en était restée.

J'ai écrit. Attendu longtemps. Plusieurs jours ont passé avant que je m'inquiète car même dans les couloirs du lycée je ne la croisais pas. J'ai fini par appeler mais une voix métallique m'annonça que le numéro n'était plus attribué.

J'ai demandé mine de rien à ses collègues, à toute personne susceptible de la connaître. Personne ne savait où elle était passée. 

Je ne sais plus ensuite ce que j'ai fait. Un grand voile noir couvre cette période de ma vie. Je sais que j'ai beaucoup pleuré, que j'ai beaucoup souffert, que j'attendais pendant des heures que mon portable s'allume, quand il le faisait mais pour me prévenir d'un message qui ne venait pas d'elle, je l'aurais jeté de colère. Mais il m'était trop précieux pour que je l'endommage. Elle pouvait me joindre d'un moment à l'autre. Je savais qu'elle le ferait.

Elle ne l'a jamais fait. J'ai fini par ne plus l'attendre, il m'a fallu longtemps avant que je renonce. Je pensais toujours à elle mais avec une colère sourde. Pour autant j'étais incapable d'aimer quelqu'un d'autre. Je repensais à son corps près du mien, à la douceur de sa peau et de son sourire. Parfois dans la rue, une silhouette, un rire me la rappelait. Quand quelqu'un appelait "Diane!" je me retournais comme possédée. J'étais toujours déçue.

J'ai passé ainsi une année scolaire. Je ne sais pas comment j'ai réussi à passer le bac, encore moins à le réussir. C'était ma vengeance sur elle. Je l'avais perdue, j'avais perdu mon temps à l'aimer mais au moins je n'avais pas perdu une année scolaire. J'étais fière de moi mais quelque chose au fond de mon âme me dérangeait. Diane et mon désir inassouvi pour me brûlait au plus profond de mon être.

Le soir des résultats du bac, alors que je buvais beaucoup trop avec mes amis pour fêter notre diplôme, j'ai reçu:

"Félicitations Anna! Rejoignez-moi au même endroit que la dernière fois, demain, vers 16h."

Oh my DianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant