7 juin

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Diane n'a pas répondu à mon sms, quand je la croisais au lycée elle trouvait toujours le moyen d'engager la conversation avec quelqu'un pour ne pas que nous nous retrouvions seules. J'ai compris qu'elle faisait ça pour me rendre le bac de français plus supportable.

Alors j'ai repris le fil de mes cours, ma priorité allait tout droit au bac et aux épreuves anticipées qui s'approchaient malgré tout. Avec cette histoire j'avais perdu tout goût au travail, aux révisions et l'idée d'échouer voire de devoir redoubler m'était insupportable.

Alors au lieu de passer mes nuits à rêver à un amour impossible, à des aveux, des baisers, j'ai fiché des livres, j'ai appris tout ce que j'avais survolé depuis des mois. Le travail m'a aidée à me sortir cette femme  de la tête. Je n'éprouvais plus le besoin de passer devant les salles où elle donnait cours, de la croiser au self ou dans la rue. Au début je l'ai évitée et puis l'indifférence a pris le pas et elle est devenue une silhouette parmi les autres. D'ailleurs elle non plus n'a pas cherché à reprendre contact avec moi.

Jusqu'à hier.

Avec Lucie et d'autres personnes de la classe nous sommes allés à une scène ouverte. On riait, on buvait, je me laissais prendre par la taille par un des garçons du groupe. Je n'étais pas sobre, je n'étais pas saoule non plus, quelque part entre les deux mais mon état était très agréable. Avec le début d'été qui pointe son nez à L. l'ambiance était chaleureuse, les groupes défilaient sur scène les uns après les autres.

Je ne sais pas quelle heure il était mais j'ai proposé d'offrir un verre à chacun, je suis allée commander au bar. J'attendais que le barman s'occupe de moi quand elle est apparue. Elle s'est accoudée à côté de moi, sans me voir, elle pianotait distraitement sur le comptoir en regardant la scène. Quand j'ai parlé pour dire quelles boissons je voulais, elle a tourné les yeux vers moi et elle a souri.

Je n'ai pas pu faire autre chose que sourire aussi, j'ai certainement rougi par la même occasion. Elle portait une robe courte blanche, des sandales et ses cheveux détachés mais plus courts qu'avant, juste au-dessus des épaules. Elle était encore plus belle ainsi qu'auparavant. 

"Vous allez boire tout ça?? En plus vous n'êtes pas majeure, je devrais vous dénoncer au serveur... Mais bon, c'est bien parce que c'est vous...

-Oh... Qui m'a fait boire du champagne sur une terrasse au nouvel an? Vous êtes mal placée pour me faire la morale je crois. Non je suis avec des amis, je leur apporte tout ça et je reviens."

Elle a ri, a acquiescé. J'ai pris tous mes verres tant bien que mal et les ai apportés à notre table avant de revenir vers elle. Elle m'attendait avec un verre de vin à la main, un sourire vague et son autre main dans ses cheveux raccourcis. 

"Qu'est-ce que vous faites ici?

-Mon fils joue dans l'un des groupes qui jouent ce soir, il n'est pas encore passé mais j'ai promis de venir le voir alors...

-Et votre mari n'est pas avec vous?

-Vous savez à son âge et dans son état il ne pourrait pas se permettre ce genre de soirée. Il est hospitalisé depuis quelques semaines qui plus est.

-Oh je suis désolée...

-Ne le soyez pas, vous ne pouviez pas savoir puisque nous n'avons pas eu l'occasion de nous voir beaucoup depuis presque cinq mois...

-Vous comptez les mois que nous avons passé sans nous parler?

-Ca vous étonne? Ah le voilà, c'est celui qui joue de la batterie, Samuel."

Elle a pris son verre et s'est assise à une table en me faisant signe de la suivre. J'ai oublié que j'étais venue avec mes amis pour m'asseoir à côté d'elle. Son fils est quelconque, il ne ressemble pas du tout à sa mère. Il n'a pas sa grande beauté, ce magnétisme qui rend Diane mystérieuse et si irrésistible. Il a tous les traits de son père.

Pendant tout le passage de son groupe elle n'a pas regardé ailleurs que vers le batteur, les yeux pleins de fierté et un grand sourire sur les lèvres. Ensuite j'ai dû retourner voir mes amis, leur expliquer sans trop de détails. J'ai vu son fils la rejoindre à sa table, puis partir une demi-heure plus tard. Elle restait seule avec son verre vide. Mes amis sont partis en soirée chez l'un d'entre eux et nous sommes restées elle et moi.

Je l'ai rejointe.

"Vous feriez un bout de chemin avec moi? Je suis venue à pied et je ne vais pas tarder à aller me coucher.."

Un orage a éclaté quand nous quittions le bar.  On s'est pris les pires averses, on était serré sous son parapluie et elle se taisait pendant que je n'osais pas rompre le silence. Je sentais ma hanche buter à chaque pas contre son corps, proche, chaud, attirant. Nous avons marché sous le bruit de la pluie jusqu'à sa maison. Elle a pris ses clefs avant de me dire

" Je vous dirais bien de rester dormir ici comme il est tard mais on sait toutes les deux ce qui se passerait... " 

Elle m'a embrassée avant que j'ai pu lui répondre. Je ne sais pas ce qui s'est passé, je me souviens d'être trempée par la pluie, de sentir la bouche de Diane, sa langue, ses lèvres contre les miennes. Puis ses mains ont monté le long de mon dos, tandis qu'une des miennes caressait sa cuisse, lentement...

Elle a stoppé ma main qui remontait peut-être un peu trop le long de sa jambe.

"Vous avez encore une année à faire au lycée Anna... Je vous aime beaucoup mais je ne ferai rien qui mettrait vos études et ma carrière en danger. Partez vite..."

Elle m'a embrassé du bout des lèvres une dernière fois avant de refermer la porte sur moi.

Oh my DianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant