Oh my Diane

Les feuilles mortes

L'été, le premier, s'est déroulé magnifiquement.

Je rejoignais Diane à la moindre occasion, je lisais chez elle des tonnes d'ouvrages pour préparer ma rentrée en histoire des arts et elle de son côté préparait ses cours.

Pendant trois semaines je suis retournée Bordeaux, sans elle, nous nous écrivions tous les soirs des messages d'amour et de citations niaises. Un matin elle m'a écrit "J'ai pris le premier train, retrouve-moi à l'hôtel C. dès que tu peux. Chambre 22."

Après nos retrouvailles bordelaises elle a rejoint son fils à l'étranger, elle m'envoyait des mails chargés de photos que je peinais à ouvrir. 

Puis la rentrée, la sienne puis la mienne, nous a décollé l'une de l'autre. Nos emplois du temps ne permettaient pas de nous voir autant que j'aurais voulu. Elle venait le plus souvent possible me chercher dans une rue près de la fac. Pas trop près car je n'aurais pas voulu que les amis que je m'y faisais sachent pour Diane. Je la gardais comme un secret, une pierre précieuse qui aurait été gâchée par les avis homophobes et critiques de personnes incultes. 

Nous sortions les weekend pour aller aux musées, voir des expositions et même parfois, ma majorité aidant, elle m'invitait à Paris pour la fin de semaine. Là-bas la vie était plus calme, on ne craignait le regard de personne.

Puis la cérémonie de remise du bac est arrivée, il nous fallait retourner au lycée en innocentes. Je trouvais cela un peu excitant, Diane moins. La soirée se passa convenablement, je l'observais au loin avec ses collègues, moi groupée avec Lucie et d'autres amis, nous bavardions librement. Les diplômes nous furent remis et nous avions convenu de passer la nuit chez Diane. Je l'attendais, après avoir salué mes amis, dans une ruelle à l'écart. 

Elle arriva en larmes pour me dire "Je ne peux pas. Je ne peux pas mentir à tout le monde, vivre ainsi. Les collègues pourquoi pas. Mais ma famille, mes amis... Et toi... Tu le regretteras un jour. Tu auras gâché ta jeunesse pour moi. Je préfère que tu rentres chez toi ce soir, le temps que je me calme, que je trouve une solution pour nous. Je te contacte."

Elle ne m'a pas laissé le temps de lui répondre, de la rassurer. 

Elle est partie.