°Chapitre 9 °

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Je scrute mon bras en attendant la réponse de Chaman. Je n'aurai pas dû. Une longue entaille verticale parcours mon bras. Je sens celui ci se vider. Des taches noires dansent devant mes yeux.
@chaman.b : qu'est ce qui se passe ?
Mon coeur rate un battement. J'attrape mon téléphone posé sur mon lit. Je me sens faible et je peine à écrire.
@sxlmaa.xv : j'y suis allé trop fort.
Sa réponse est immédiate.
@chaman.b : Comment ça ? Tu as fais quoi ?
Mes doigts sont lourds et mes paupières se ferment. J'ai envie de laisser aller. De lâcher prise.
@sxlmaa.xv : chama' j'arrive pkus à evrire, je vois plus roen.
@chaman.b : donne moi ton numéro de téléphone
Il me reste suffisamment de force pour être étonnée et le lui donner. Instantanément, je le vois appeler. J'appuie sur le téléphone vert.
-Allo ?
Une voix grave surgit du téléphone, paniquée. Celle de chaman sans aucuns doutes.
- Chaman ? dis-je d'une voix pâteuse.
- Selma, qu'est ce qui s'est passé ?
Il parle rapidement.
- Je fais une hémorragie. je n'ose pas lui raconter ce que j'ai fais.
J'entends sa respiration à travers le combiné, et je me dis que c'est un bon moment pour mourir. Ma tête me tourne et les tâches sont de plus en plus grandes. J'entends des vagues "Selma" mais je n'arrive plus à répondre. Mon corps ne m'appartient plus. Les "Selma" sont de plus en plus forts. Chaman cri dans le téléphone.
- Chaman... 
Je n'arrive pas à dire autre chose. Je répète ce mot pendant longtemps jusqu'a ce que je me rende compte qu'il me pose une question.
- Selma quelle est ton adresse ?
Pourquoi la voudrait-il ? Je la lui donne quand même puis j'entends des bruits derrière et la voix de Sully.
- Selma, écoute moi, c'est Sully. Chaman est entrain d'appeler les secours pour qu'ils aillent chez toi. Où sont tes parents ?
Mon cerveau est embrouillé, je n'ai pas l'impression d'être là. Je me sens comme dans un rêve.
- Ils sont au cinéma.
Le moindre mot me coûte tellement.
- Selma, il faut que tu panse la plaie. Mets un bandage ou n'importe quoi mais stop l'hémorragie.
Je ne comprends pas de quoi il parle. Quelle hémorragie ? Mon cerveau réfléchis doucement et ma respiration ralentit.
- Selma ?
- Oui ?
- Stop l'hémorragie.
Mais de quoi il parle ? Puis je regarde mon bras, et me souviens. Mon cœur s'emballe, je vais mourir, je-vais-mou-rir. Je m'active, je roule pour descendre de mon lit, j'entends Sully me demander ce que je fais, je ne réponds pas, je ne peux pas me permettre d'user des forces pour ça. J'attrape un mouchoir en tissu que je plaque sur mon bras. Ma plaie est profonde et je sens ses reliefs à travers le mouchoir. J'appuie quand même, de mes lèvres s'échappe un long cri et je tombe accroupi, les yeux en pleur. J'entends Sully crier à travers le téléphone alors je rampe jusqu'à ce dernier.
- Sully ?
- Selma ! Tu as réussi ? Tu as stoppé l'hémorragie ?
- J'ai mal, je vois presque rien et j'ai la tête qui tourne.
- Je sais Selma, tiens bon, l'ambulance va arriver.
- Pourquoi tu m'aide ? demandai-je d'une voix lente mais curieuse.
- Parce que je suis impliqué maintenant.
C'est vrai, il n'a pas tort. J'entends une sirène puis des gens tambouriner à la porte.
- Sully ? Sully ?!
Je suis affolée, je ne comprends plus, qui est ce ?
- Selma du calme ça doit être l'ambulance, ne t'en fais pas.
J'avais oublié l'ambulance. J'entends les hommes rentrer et chercher où je suis, j'essaie de crier mais je me sens comme rose à la fin de Titanic. Ils arrivent tout de même à me trouver et il commencent à me relever doucement. J'attrape mon téléphone et essaie d'entendre ce qu'il se passe du côté de Sully.
- Mademoiselle, comment vous appellez vous ? me demande un jeune infirmier imberbe.
- Selma.
Il m'explique qu'il vont me faire monter dans le camion, qu'il me feront une perfusion mais je n'écoute pas, j'essaie de comprendre ce que dit Sully à Chaman. J'en perçois des brèves.
- Putain Chaman t'es con [...] y en aura pleins [...] tu casse vraiment les couilles à faire le héros.
C'est de ma faute. Sully n'est pas content parce que Chaman m'a aidé et il ne veut pas que tout les dépressif viennent. Je comprends. Sully m'en veux. Putain que je suis conne, bien sûr qu'il m'en veux. Ça lui rajoute un problème. Il ne me connaissait et maintenant il doit s'occuper de la vie d'une petite ado de 14 ans. Je ne suis même pas capable de mourir sans faire chier les gens. Je soupire.
Puis je raccroche.
Et me laisse aller à la fatigue insoutenable.

selma de 12 à 28.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant