Je me réveille car j'ai mal à l'arrête de mon nez. Mes pupilles rétrécissent à cause de la lumière au dessus de moi. Je prends alors conscience que c'est une lampe torche qu'un pompier agite devant mes yeux. Je sens mes pieds et mes mains ballotter, je suis dans un camion de pompier avec une sirène stridente. Je comprends que j'ai un masque à oxygène, je tente de l'enlever mais un autre pompier me stoppe dans mon élan et colle de nouveau mon masque. Mes yeux se referment.
Je me réveille de nouveau dans un lit cette fois aux draps rêches et blancs. Je suis à l'hôpital. Un infirmier d'une petite vingtaine d'années aux cheveux bruns et courts vérifie mon masque à oxygène tout en sifflotant un air qui m'est familier. Talkie walkie. Il connaît donc columbine, on va être copains tout les deux.
- Salut ? dis-je d'un air plus interrogatif qu'autre chose.
- Hey ! me dit-il. Il a l'air enjoué et bien trop heureux pour travailler dans un hôpital.
Il se remet à siffloter en trafiquant ma bombonne d'oxygène.
- Talkie walkie ? demandé-je.
Il se redresse brusquement.
- Tu connais columbine ? me demande-t-il, les yeux grands ouverts.
- Ça se peut. dis-je avec un sourire malicieux.
Il sourit de toute ses dents blanches et s'assoit sur un fauteuil tout aussi immaculé, en faux cuir.
- Alors dis moi, comment tu as connu Columbine ? me demande-t-il.
Je souris, on se croirait à un entretien d'embauche.
- Je suis tombée dessus par hasard. répondis-je.
L'infirmier pose sa tête sur sa main droite, le regard rêveur.
- Il est tellement beau Yro. lâche-t-il dans la contemplation du plafond lisse.
Je ris de bon cœur en l'entendant dire ça.
- Si tu le dis.
- Au fait, je m'appelle Julien. se présente l'infirmier qui a maintenant un prénom.
Je serre la main qu'il me tend tout en restant allongée dans mon lit inconfortable.
Julien ouvre la bouche pour parler mais la porte s'ouvre au même moment et une doctoresse rousse aux cheveux ondulés entre bruyamment. Elle fout gentillement Julien dehors et se tient devant mon lit, droite et l'air sévère. Elle doit avoir la trentaine passée vu les fines rides aux coins de ses yeux.
- Bonjour Selma. me dit-elle d'un air qui t'annonce que tu ne vas pas passer une bonne journée au contraire.
- Bonjour.
Je lui réponds de la manière la plus froide possible pour bien lui faire comprendre que je ne serais pas coopérative avec elle. Les gens comme ça m'insupporte.
- Je suis le docteur Durant. Je t'accompagnerai pendant ton le long trajet qui sera, je n'en doute pas, héroïque.
- Oh oui, ça ne fait aucuns doutes. elle doit percevoir mon ironie puisque le sourire qu'elle se battait pour afficher fane sur son visage dur.
- Bien, je vais commencer par les questions, réponds simplement et précisément, merci.
Je n'aime pas les gens qui disent merci apres avoir donné un ordre. Elle entame ses questions plus stupides les une que les autres.
- Comment vas tu ?
- Bien.
Je ne tiens pas à développer, je vais bien à par le vide immense dans ma poitrine.
- As tu mal à ton poignet ?
- Oui.
Ce qui est vrai.
- Comment évoluent tes points de suture ?
Hein ? J'ai des points de suture moi maintenant ? Je tourne les yeux vers mon avant bras et vois des petits fils noirs tout autour de ma plaie.
- Ça va. répondis-je.
Elle continue pendant une bonne demie heure, puis m'explique qu'il me garderons sûrement plus de deux mois à l'hôpital, que je serai en permanence surveillée par des infirmiers (prions que Julien en fasse parti), que les seules choses dont je pourrais disposer seront un carnet et un crayon et que mes parents attende dans le hall.
Ah oui c'est vrai, mes parents. Je hôche la tête pour montrer que j'ai compris. Je vois ma mère débouler dans la chambre avec sa délicatesse légendaire. Ses cheveux blonds contrastent avec la peau sombre de mon père derrière elle. Elle fond sur moi, les bras autour de mon cou. Ma mère adore en faire des tonnes, elle vient d'une famille riche et connues en Italie ce qui fait qu'elle a toujours été habituée à faire sa diva. Mais elle m'amuse, au fond, elle encore des rêves de gamine. Je vois mon père me sourire, je le lui rends. Mon père et ma mère sont des tellement différents, c'est à se demander comment ils se sont connus. Ma mère à la peau blanche, les cheveux blonds et les yeux gris. Mon père au contraire à la peau noire tout comme ses cheveux et ses yeux. C'est la personne la plus douce que je connaisse. Il attrape ma main en faisant attention de ne pas toucher mon poignet et attend que ma mère ai fini de sangloter dans mes cheveux. Quand elle s'est calmée, elle s'assoit sur le fauteuil et m'a parlé comme si de rien n'était. Elle me raconte le film qu'ils ont vu, comment vont ses amis et bien d'autres choses que je n'écoute pas. Ma mère me fait souvent penser à la belle mère de Juno dans le film du même nom. Elle veut tout organiser, tout maîtriser. Mon père est un peu pareil mais plus relax. Ils parlent encore un peu puis une vieille femme leurs dit qu'il faut partir. Je comprends que c'est celle qui va rester avec moi pendant deux mois. Elle est petite et toute ronde, tellement ronde qu'on ne peut pas distinguer ses seins de son ventre. Elle me sourit et je crispe mes lèvres espérant former un semblant de sourire. Elle me donne une pile de feuilles blanches, un crayon et une gomme.
- Je pourrai avoir mon téléphone ? demandé-je avec espoir.
- Non, c'est strictement interdit, tu l'auras quand tu ira mieux psychologiquement.
Comment ça "aller mieux psychologiquement" ? Oui forcément, je suis une adolescente ayant fait une tentative de suicide donc je suis "instable psychologiquement". Je n'aime pas ce genre de terme, ils prennent tout avec des pincettes, ça serait beaucoup plus simple de dire "écoute, on a un peu peur que tu te foute en l'air donc on va t'interdire toutes sources de distraction, à commencer par ton téléphone. En te souhaitant un très bon séjour, évidemment". Ça serai tellement plus simple. Mais bon, les hôpitaux doivent garder leur statut d'établissement sérieux. Je me retourne dans mon lit, ma perfusion me bloque dans mes mouvements et je ne peux dormir que sur le dos. Je soupire mais décide quand même d'essayer de somnoler pour faire passer le temps.Je me réveille à huit heures à cause d'un infirmier qui fait je ne sais quels réglages.
- Bonjour. me dit-il en voyant que je suis réveillée.
- Bonjour.
Il voit bien que je ne veux pas faire la discussion alors il part. Avant de sortir totalement de la pièce, il m'annonce.
- Une floppée de jeunes hommes sont dans le hall. Il disent vouloir vous voir.
Une flopée de jeunes hommes ?
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selma de 12 à 28.
FanfictionMon petit corps, divisé en trois, une part pour Julien, l'autre pour chaman, le reste pour un pauvre muret remplit d'urine