selma de 12 à 28.

°Chapitre 16°

- Putain !
Julien et moi sommes dans la queue, juste devant la salle de concert. Nous avons beau être venu plus de 2h30 avant l'heure, nous sommes quand même vers le milieu.
- Relax, me dit Julien.
- Désolée mais ça me soule !
Ok ok, c'est bizarre que je réagisse comme ça je l'avoue, mais une bulle s'est formée dans mon estomac et je ne sais pas comment la faire partir.
- Envoi un message à chaman sinon.
- Et je lui dis quoi ? lui demandé-je.
- Je sais pas moi genre : "Hey, tu nous fais rentrer s'il te plaît, on a soif".
- Ben oui ça va marcher c'est sur ! le sarcasme dans ma voix se fait nettement entendre et Julien soupire.
Je sors tout de même mon téléphone et ecrit :
@sxlma.xv : salut Chaman, je voulais juste te prévenir que nous sommes devant la salle :)
J'envoie le message, regrette, le supprime puis le réécris pour l'envoyer de nouveau.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre sur Chaman. Forcément tout le monde cri et tente de le toucher mais il arrive plutôt bien à se dégager. Je lui adresse un signe de la main et il me dit de venir. Je me fraie un chemin dans les fans et Chaman m'attrape par la main pour me dégager de la foule. Julien me suis et rapidement, nous rentrons dans la salle.
- Salut ! dit Chaman.
- Salut. répondis-je en coeur avec Julien.
Un très léger malaise s'installe puis chaman se penche pour me faire la bise ainsi qu'à Julien. Il nous ouvre la porte qui mène à la salle de concert. La pièce est vaste, une grande scène la domine et des gens passent de temps dessus pour faire je ne sais quels réglages.
- Ok, les gars sont dans les coulisses, on vient de finir la répétition, vous voulez leurs dire bonjour ? nous demande chaman.
- Allez. répondis-je.
-Il y a Yro !? s'empresse de questionner Julien.
Chaman et moi nous adressons un regard pleins de sous entendu puis il répond :
- Nan, il fait la tournée avec lorenzo.
Julien soupire et ses épaules s'affaissent. Je n'ai jamais vu une aussi grosse groupie !
Nous montons les marches qui mènent à la scène puis entrons dans les coulisses.

Foda est entrain de parler à luji et sully, ils rigolent, d'un rire nerveux.
- Hey Selma ! cri Sully.
- Hey Sully ! l'imité-je.
Il me fait un tchek bizarre : il lève haut sa main, attrape la mienne la sert contre sa poitrine et la relâche.
Je perds momentanément l'usage de mes doigts puis Foda me fait la bise et un clin d'œil et luji viens me voir.
- Alors c'est toi Selma ? demande-t-il.
Il a une voix vraiment grave, c'est assez étrange.
- Ouais, en chair et en os.
Il me domine d'une bonne tête ce qui m'intimide. Il me sourit et me serre la main.
Chaman a commencé à discuter avec un ingénieur du son probablement ce qui fait que je me retrouve seule étant donné que Julien s'est déjà empressé de demander un autographe à Luji. Je m'assoie sur une chaise et reste immobile, je ne suis pas gênée ou quoi que ce soit, j'observe ces gens que j'ai tellement idolâtré. Le rideau à ma droite bouge et chaps en sort. Les muscles de mes cuisses se contractent et la chaise en plastique grince. Chaps me remarque, son visage traduit une certaine incompréhension puis il semble comprendre qui je suis.
- Hey, tu dois être Selma ?
Je me lève pour embrasser la joue qu'il me tend et réponds :
- Ouais c'est moi.
Je lui adresse un demi sourire auquel il répond, puis il enchaîne :
- Je suis désolé de pas être venu à l'hôpital le jour où... Enfin voilà... On avait un problème pour pierre feuille papier ciseaux.
- Oh non t'inquiète, vraiment pas de soucis.
Il se redresse et baisse les yeux sur mon avant bras. Il oscille légèrement le menton vers ce dernier et me demande :
- Et tu vas mieux ? Enfin ton bras ?
Je soulève la manche de mon sweat et lui montre la cicatrice blanche qui monopolise tout mon avant bras.
Je le vois avaler sa salive avec difficulté. Il se ravise puis me sourit. D'un vrai sourire, pas genre "wow mec mais elle me fait peur elle !". Un sourire qui est vraiment et réellement gentil.
Il met sa main sur mon épaule puis Sully l'appele pour je ne sais quoi et part après avoir murmuré un discret "à plus".

La salle se remplit de plus en plus. Nous sommes devant la scène Julien et moi. Cela fait maintenant plus de vingt minutes que nous attendons la première partie. Les gens s'impatientent, cri, essaient de lancer des chaînes, des h
olas et autres conneries de concert. Moi, je parle avec Julien, enfin je lui hurle surtout mes paroles vu le bruit ambiant. L'air est humide et chaud, mon tee-shirt colle à mon dos et je suis rapidement obligé de relever mes cheveux bouclés en une queue de cheval haute. Au bout d'un quart d'heure, la première partie arrive, un jeune rappeur au cheveux longs qui ressemble à s'y méprendre à lujipeka. Il dit qu'il s'appelle "welch" et que c'est un rappeur nîmois.
(nda : sérieux les gars, allez écouter welch, s'il vous plaît, il est tellement bien).
Il ambiance bien les gens, beaucoup de ses sons parlent de femmes.
Puis il part à son tour, nous laissant seuls, nous et notre ivresse de concert. On attend. Longtemps. Vraiment longtemps. Personne ne vient sur la scène pendant au moins 45 minutes. Je soupire, puis sors mon téléphone.
@sxlma.xv : tu te souviens que pour faire un concert c'est plus pratique de monter sur scène n'est ce pas mon cher Chaman ?
La réponse est instantanée.
@chaman.b : Tais toi et laisse la magie opérer !
Il m'envoie un deuxième message :
@chaman.b : Observe la foule en panique, qui attend
@chaman.b : En même temps calme, et effrénée. Patiente et impatiente
@sxlma.xv : t'es un poète toi hein !
Il me répond un "😉" et je lui lâche un vu. Il est marrant à faire Baudelaire alors que je l'attends impatiemment. A peine une minute plus tard, la musique de fireworks retenti et luji entame son couplet, caché dans les coulisses. Tout le monde cri, un grand sourire se colle sur mon visage, et j'observe la scène, à la recherche de luji ou foda. Ce dernier chante le refrain puis lujipeka commence son second couplet et ils se découvrent enfin. Les gens sautent à leur arrivée, les gars dont pareil, je suis le mouvement, donc je saute. Les chansons s'enchaînent sans vraiment que je m'en rende compte, et c'est très rapidement le moment des prelis. Puis c'est la fin. La magie a operé. Les gens partent de la salle, vous s'acheter des pulls et poster au stand de columbine. J'achète un sweat "enfants terribles" et un poster puis sors. Dehors il fait lourd, un temps d'été. Beaucoup fument ou parlent du concert, chose stupide puisque TOUT LE MONDE QUI EST LÀ A VU CE CONCERT ALORS ARRÊTE D'EN PARLER !! Bref. Je me pose sur un muret et Julien me rejoint.
- C'était tellement biiiiien !!
J'hoche la tête et souris. Les gars sortent, tous en même temps. Forcément la foule de jete dessus. Nous reste assis sur notre rebord, bien que je vois les muscles des cuisses de Julien esquisser un mouvement pour se lever. Je ris, -enfin souffle du nez plutôt-, et il fait de même. En attendant que les fans de dispersent un peu, je pose ma tête sur son épaule fine. Il caresse mes cheveux pendant 20 bonnes minutes, puis je m'endors, là, sur ce petit bout de mur beige qui me gèle le bat des reins.
    Lorsque je me réveille, la nuit est tombée, je ne suis plus sur l'épaule de Julien mais sur son torse, lui est à califourchon sur le muret. J'entends sa voix dans son cœur, il parle. J'ouvre les yeux et remarques que des gens sont assis par terre, d'autres sur le rebord, certains sont debout. Je distingue petit à petit les visages : KCIV, Sully, foda... Je me redresse et observe plus attentivement, les gars ont arrêté de parler.
- Salut ? dis-je.
Il répondent tous un "salut" jovial et je sens une main sur mes chaussures. Je remarque alors que le bout de me corps est sur le milieu de celui de chaman. Mon petit corps, divisé en trois, une part pour Julien, l'autre pour chaman, le reste pour un pauvre muret remplit d'urine. Je me frotte les yeux me redresse totalement. Mon petit corps, entièrement à moi. J'allume mon téléphone pour me ressituer temporairement parlant, il est 01:09 du matin.
- Ça va Selma ? me questionne Chaps.
Il tient une cigarette à la main.
- Ouais ouais. ma voix est rauque.
Je toussote.
Personne ne parle, les yeux sont fixés sur moi. Pourquoi ? Ils peuvent pas juste parler entre eux ? Je suis vraiment heureuse d'être avec eux mais... je ne sais pas, c'est sûrement trop bizarre pour l'instant. Je me rassoie sur le bloc de béton puis me lève de nouveau pour dire :
- Je vais un peu me balader, je reviens dans pas longtemps.
Je m'éloigne rapidement de cet endroit si étrange mais entends des pas. Ils sont trop lourds pour appartenir à Julien. Je me retourne et appercois Chaman. La personne que j'aurai eu envie de voir n'importe quand mais pas maintenant. Je m'arrête tout de même et attends qu'il me rejoigne.
- Qu'est ce qu'il y a Selma ? me questionne d'un air "On me la fait pas à moi !"
J'ai envie de dire qu'il n'y a rien mais pour être honnête, j'ai la flemme de mentir.
- Je sais pas. Je pense que c'est trop bizarre pour moi.
- Qu'est ce qui est bizarre ?
Il s'est rapproché de moi, quelques dizaines de centimètres nous séparent.
- Le fait que vous soyez là, tous à vous occuper de moi. À vous intéresser à ma vie franchement pas palpitante. Vous faîtes comme si c'était normal d'aider des ados nuls qui écoutent vos chansons alors que ça n'a rien de normal ! Personne fait ça ! Pourquoi tu m'a aidé ? Pourquoi tu m'a sauvé chaman ?
Ce dernier fronce les sourcils et s'approche de moi.
- Pourquoi je t'ai aidé ? chuchote-t-il, il est tellement proche de moi que je sens son haleine odeur clope.
Pourquoi je t'ai aidé ? reprend-t-il, Parce que t'allais te suicider. Parce que j'ai un peu trop d'humanité pour laisser mourir quelqu'un. T'as pas l'air de capter qu'on est des gens normaux Selma. On est humains putain ! Ouais je fais de la musique, ouais je suis en tournée mais je suis un gars lambda. Donc arrête ta séance de parano/conneries/ado parce que c'est chiant.

    Le silence, celui qui suis les paroles dures et vraies est là. Entre nous. Puis, sans prévenir, je m'efondre. J'encercle le coup de chaman et enfouis ma tête dans sa poitrine. Il me recouvre de ses bras chauds. Mon petit corps, entièrement à chaman. On s'etreinte longtemps puis il me relâche, dépose un baiser piquant sur mon front et met son bras sur mon épaule, m'entraînant rejoindre les autres.

(nda : aucun rapport avec les histoire mais j'aimerais juste exprimer ma tristesse permanente face à la mort de Lil peep. Je ne sais pas si vous le connaissiez mais il est décédé le 15 novembre 2017. Bref, je vais pas plus m'etaler sur le sujet. "Rest in peep" comme dirait ce bon vieux luj.)