°Chapitre 13°

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La première bouffée est magique, l'air chaud et rempli de pétrole pénètre dans mes poumons. Mes parents sont devant moi, portant mes sacs et les boîtes à chaussures pas encore ouvertes d'Isaac. Nous sommes le 16 juillet, les cours sont finit mais je devrais tout de même retourner au collège pour passer mon brevet. Mon père me sourit en ouvrant la portière de notre voiture coûteuse. Ma famille est riche, ma mère vient d'une famille italienne friquée et connue et mon père à pratiquement une famille entière de médecins, il l'est aussi d'ailleurs. J'entre dans la Ferrari vert foncée (-pourquoi diable l'on-t-il prise d'une couleur aussi laide ?) et attache ma ceinture. Le trajet se fait rapidement et en silence.

Je monte les escaliers de ma maison, l'odeur de fleur d'oranger familière me fait sourire. Je suis au premier étage, (celui de mes parents), je monte au second (les bureaux et tout le matériel nécessaire pour leurs travails), et arrive enfin au troisième, (le mien). La maison comporte quatres étages (-ce qui est trop d'après moi mais je ne dis rien), le quatrième est plus une sorte de debarra qu'un étage à proprement parler où l'on fourre tout ce qu'on ne veut plus.
Je pousse ma porte du pied et lâche les sac à l'entrée. J'avance doucement dans la pièce trop fraîche, faute qu'il n'y ai eu personne pour l'habiter pendant plus de deux mois. Mes draps ont été changés et mon sol nettoyé, plus aucune goutte de sang ne reste. J'ouvre la fenêtre et inspire à pleins poumons l'air lourd. Très vite, mes pensées d'ados reviennent et je cours presque (-j'ai bien dis presque) chercher mon téléphone et son chargeur. Je le charge et l'allume, une rafale de notifications envahissent l'écran. Je clique sur une au hasard qui me mène à Instagram. "Machin à liké votre publication" "truc à commenter "trop belle 😍😘". Cool. Puis je vois parmi les demandes d'abonnements, une qui se démarque "@chaman.b à demandé à vous suivre" je souris. Ça fait la même sensation quand votre copain (-copine) actualise "en couple" sur facebook. Je l'accepte et aime sa nouvelle publication : un article montrant que Lorenzo est certifié disque d'or pour fume à fond. Je tris mes autres demandes, réponds aux commentaires, like deux trois photos et lâche mon téléphone. J'attrape les boîtes d'Isaac et les ouvre une à une. Je souris à absolument tout, même quand je reçois un hand spiner, c'est pour dire. Je colle toutes les lettres et les pages dans un cahier à spirales violet et range un peu ma chambre. J'allume mon poste radio et mets enfants terribles. Les premières notes aux style contry de fireworks se font entendre et je souris de nouveau. Un petit vibrement trouble la mélodie de la voix de Luji, mon téléphone.
@chaman.b : Alors, t'es rentrée de l'hôpital ?
Nouveau sourire.
@sxlmaa.xv : il semblerait. tu vas bien toi ?
Il répond immédiatement.
@chaman.b : Ouais super, bon on est en tournée donc c'est un peu stressant et fatiguant mais ça va, et toi, comment tu vas ?
@sxlmaa.xv : je vais bien, un peu crevée mais ça va.
@chaman.b : Repose toi 😉
Je m'apprête à lui répondre quand Isaac m'appelle.
-Salut, dis-je.
-Salut, tu vas bien ? demande-t-il.
- Euh ouais ça va. Et toi ?
- Ouais ouais super. Et...
- Merci pour les boîtes au fait, le coupé-je, C'est vraiment hyper gentil de ta part.
Je l'entends sourire.
- Je t'en pris.
Un moment de silence s'installe, pas tellement malaisant.
- Je me disais qu'on pourrait se voir, reprend-t-il.
Ah bon ?
-  Euh oui si tu veux, quand ?
- Ce soir, manger une glace ?
C'est ce que j'aime chez Isaac, ses réactions de gamin. Beaucoup auraient attendu un jour ou deux le temps de me remettre de mon long séjour à l'hôpital mais lui non.
J'accepte et raccroche.
@sxlmaa.xv : je ne crois pas que je vais me reposer beaucoup.
@chaman.b : Pourquoi ça ?
Je lui raconte ma "relation" avec Isaac, mes tentatives de le repousser, lui qui s'acharne, ses boîtes et enfin la glace. J'obtiens pour seule réponse :
@chaman.b : 😏
@sxlmaa.xv : pff.
Il me répond un cœur et j'éteins de nouveau mon téléphone.
- Ma chérie, on mange !
Cri mon père depuis le rez de chaussée.
- J'arriiiiive.
Je descends les escaliers en bois et m'installe à la table vêtu d'une nappe blanche. Ma mère me sert mon plat préféré de toujours : des aubergines sauce tomate avec des petits rougets grillés.
Je saute presque dessus après tant de temps passé à manger des purées de betteraves et des haricots détrempés.
- Tu veux regarder un film ce soir ? me demande mon père.
- Je...
Je tente de parler mais je m'ettouffe à cause du rouget sec, je tousse, crache, tape la main contre la table, tousse encore, prie pour ne pas décéder étouffée par un rouget, envisage de mourir, mâche, tousse une nouvelle fois et bois une grande gorgée d'eau. Je parviens enfin à avaler le poisson en buvant l'eau fraîche.
- Tu fais preuve de tellement de grâce Selma. plaisante mon père.
Je souris et reprends :
- Je disais donc, non, je ne regarderai rien avec vous ce soir, je sors.
Ma mère hausse les sourcils, mon père soupire.
- Et avec qui ? demande ma mère.
- Isaac Zendro. répondis-je.
Nouveau haussement de sourcil.
- Le tout mince et bouclé ? reprend ma mère.
- Lui même.
Mes parents échangent un regard puis :
- Si tu veux, pas de problème, cool ouais ! Vous allez vous amuser à donf ! dis mon père en faisant le signe métal avec sa main.
Je ris malgré le fait que j'aurai aimer pousser un soupir exaspéré. Le dîner se déroule sans encombre et je remonte rapidement dans ma chambre. Je mets un jean foncé, un sweat-shirt violet et un ras de coup pour essayer de faire comme les filles "Tumblr" sur Instagram. Je me regarde dans le miroir, beurk, on dirait une fille qui aime les trucs sado-maso, genre Anastasia Steel. Après je ne critique pas hein, mais bon, c'est pas trop mon truc. Je m'apprête à l'enlever quand la sonnette retentie. Un court duel dans ma tête se produit alors : enlever le ras-de-coup ou allez ouvrir ? Je devalle finalement les escaliers et ouvre la porte. Isaac se tient devant moi, avec un tee shirt comme des garçons. Quelle connerie de dépenser autant pour un tee shirt sérieux !
- Salut.  dit-il.
- Salut. répondis-je.
Je ferme la porte derrière moi et suis Isaac vers le vieil Antibes, un petite bulle d'appréhension dans la gorge

(nda : je ferai un chapitre par semaine maintenant, tout les samedis).

selma de 12 à 28.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant