On dit qu'on n'aime pas les gens, qu'on préfère être seul. Mais c'est faux. La solitude est capable de rendre fou n'importe qui.
On prétend préférer ne pas voir l'espèce humaine, préférer rester dans sa grotte mais on se trompe. L'humain n'évolue que lorsqu'il est accompagné. L'espèce humaine est un grand système digestif, enlevez une pièce et tout par en vrille. Certes, le système digestif est destiné à faire des excréments. L'humain, pour chier droit doit être accompagné. La règle est là. La loi l'a voulu. Les hommes seuls sont destinés à mourir jeunes et tristes. C'est avec le bras de chaman autour de mes épaules que je m'en suis rendu compte.
Nous marchons vers ma maison sans parler, profitant juste du fait d'être ensemble. Son bras recouvre mes épaules, comme faisait mon père lorsque nous traversions la route quand j'étais plus jeune.
- Il y aura mes parents chez moi normalement.
Chaman hoche la tête, sort une cigarette de sa poche, la met entre ses lèvres, attrape un briquet jaune translucide dans sa même poche et allume son bout de dépendance. Il inspire longuement puis recrache la fumée, tout ça d'une main.
Nous arrivons au coin de ma rue, nous tournons puis ma maison apparaît. Je sors les clefs de ma poche et chaman retire son bras, voyant qu'il me gêne. Je déverrouille la grande porte et pénètre dans le salon blanc moderne.
-Oh... ok. fait chaman en parcourant mon salon des yeux.
Je lui souri et m'écris :
- PAPA, MAMAN JE SUIS RENTRÉE !
Pas de réponse. J'hausse les épaules, referme la porte d'entrée et grimpe les escaliers moquettés. Chaman me suit de près. Après avoir monté deux étages, chaman me demande :
- T'as combien d'étages dans ta maison toi ?
Je souris et lui réponds « quatre », il soupire et continu de monter. Arrivé au troisième étage, je prends le couloir et passe devant la porte de ma salle de bain, la bibliothèque de mes parents et « la salle télé » (comme si on avait besoin d'une salle faite exprès pour regarder la télé !) et je pousse la porte de ma chambre. Elle est moins bien rangée que le reste de la maison mais franchement qu'est ce que j'en ai faire ? Je regarde l'heure sur mon radio réveil : 16:26. Le train est à 17:34, il nous reste 1:08 avant l'arrivée du train.
Je vide le contenue du sac que j'ai sur les épaules et j'y fourre des vêtements.
- Tu peux prendre ma brosse à dents dans la salle de bain s'il te plaît ? je demande à chaman.
Il cherche la dite salle de bain des yeux et je lui indique la porte coulissante blanche. Il l'ouvre et entre dans la pièce en désordre. Je détourne les yeux et continu de remplir mon sac. Il reviens et me tend ma brosse à dent, mon dentifrice, une brosse à cheveux et un shampoing. Je lui souri et mets tout dans mon eastpak. Je referme ce dernier et attrape mon téléphone. J'appelle mon père, inquiète de ne pas l'avoir vu alors qu'il m'avait promis d'être là. Il décroche au bout de deux sonneries :
- Selma on est au 4ème.
Je raccroche et dis :
- Mes parents sont au quatrième étage, ils doivent faire du tri.
- Pourquoi ? Y a quoi au quatrième etage ? demande Chaman.
- Cest un étage débarras.
Il esquisse un sourire genre « c'est quoi cette famille ? »puis me suis au quatrième étage.
Ma mère est accroupi devant un gros carton poussiéreux et mon père est debout devant une étagère en bois.
- Ah Selma tu es là ! s'écrit ma mère en se levant, Et voici ton fameux ami !
Je soupire et lève les yeux au ciel mais
elle ne semble pas m'avoir entendu, elle s'approche, fait la bise à Chaman et se recule. Mon père fait pareil et nous restons un petit moment à nous observer.
- Bon il faudrait que tu nous accompagne à la gare, Papa.
Il hoche la tête et retire la poussière de ses manches.
Nous attendons dans le salon avec chaman, le temps que mon père cherche les clefs de la voiture. Nous entrons dans le véhicule et nous roulons vers la gare.
Les au revoir se font rapidement, mon père fait la bise à chaman et à moi, nous dit de faire attention et me fait promettre de bien faire mes devoirs. Puis il part.
J'aime être en compagnie de chaman, j'ai l'impression d'être vraiment en sécurité avec lui, il sait mettre de l'ordre dans mes pensées et m'empêche de me détruire. Ça me rassure. Il a toujours son bras autour de mes épaules et mon sac sur la sienne, il a tenu à le porter même s'il n'y a que des vêtements.
- Il y aura qui a l'appart ? je demande.
- Tout le monde normalement. réponds chaman.
- Tout le monde c'est à dire ?
Je stress un peu à l'idée de voir tout les gars. Je les adore évidemment mais ça me fait un peu peur.
- Ben y aura Sully, Foda, Luji, Chaps, Yro, Lolo, Rico, Sacha et peut être KCIV mais c'est pas sur.
- Attends il y aura Lorenzo et tout ? Il fait pas la tournée du sale ? mon cœur bat vite, je suis de plus en plus affolée.
Chaman rit doucement en voyant ma peur.
- Ils ont un week-end de libre dans la tournée.
Je respire bruyamment, me disait « Calme toi Selma, c'est juste Lorenzo... et rico... et Sacha. Tranquille. » Je tripote mon bracelet noir en cuir autour de mon poignet gauche pour me calmer. J'espère qu'il ne cassera pas, même si c'est bien parti pour : le simple fil s'effrite et laisse une sorte de poussière noire dès qu'on le touche.
Le train arrive et nous nous engouffrons dans le wagon bondé à l'odeur nauséabonde. Chaman m'aide à m'extirper de la foule de voyageurs. Nous nous asseyons à une place à quatre, en face d'un couple de personnes âgées. Ils parlent d'un sujet qui m'échappe, je ne cherche pas trop à savoir de quoi il s'agit, je suis trop occupée à penser au fait que dans quelques heures je serai aux côtés des gars.
- Tu savais que le petit fils d'Alphonse est à l'hôpital ? dit la vieille dame en face de moi à son mari.
- Non, pourquoi y est-il ? demande l'homme.
- Il a voulu se suicider. Non mais vraiment, si le bon dieu lui a fait don d'un corps ce n'est pas pour le détruire !
Mon cœur commence à battre fort et je croise les jambes pour me calmer. Chaman met instantanément sa main sur mon genoux.
- Tu sais que maintenant la nouvelle mode c'est de scarifier ? reprends la femme, Les jeunes en manque d'affection ne trouvent pas plus intéressant à faire que de se taillader le corps !
Je sens des larmes me monter aux yeux. Selma reprends toi ! Arrêtes tes bêtises, tu vas pas pleurer à cause d'une vieille conne.
- Les gens comme ça devraient être tuer directement, ça ferait moins de mal a eux et à leur famille. intervient le mari.
- Tu as bien raison !
Chaman me caresse doucement le poignet, celui abîmé. Il a le pouce juste à l'endroit où étaient les points de sutures. Il me serre un peu fort, l'air de dire « ne t'en fais pas, ils disent de la merde, je suis là moi. »
- Mais les jeunes comme ça ne méritent rien tu sais ! s'emporte la vieille.
Chaman soupire bruyamment et dit :
- Bon on va bouger nous hein !
Il m'entraîne dans le couloir du train et nous trouve une autre place. Je me recroqueville sur moi même, les genoux sur ma poitrine, Chaman lui enroule son bras autour de mon épaule et nous restons comme ça des heures durant, jusqu'à ce que le train arrive à destination.Je me trouve devant un grand immeuble de couleur brique, Chaman s'est déjà avancé et m'ouvre la porte. Je trottine pour le rattraper et m'engouffre dans le hall. Une odeur de moisi et produit nettoyant pénètre mes narines. Je me dirige vers l'ascenseur et ouvre la lourde porte à demie vitrée, Chaman entre et appui sur le bouton de l'étage. Mon cœur explose dans ma poitrine, mes vaisseaux sanguins semblent maintenant prendre beaucoup trop de place et mon ventre me fait mal comme si j'avais mangé deux cassoulets, une fondue et cinq pizzas.
L'ascenseur s'arrête et je dois me faire à l'idée que je serai parmis columbine dans moins d'une minutes. J'ouvre la porte, mets un pied dehors, puis l'autre, je semble me rappeler comment marcher, c'est rassurant. Je respire un bon coup et rejoins chaman qui m'a devancé. Il sonne à une porte marron d'où s'échappe pas mal de bruit de discutions et attends quelques secondes. Puis les clefs tournent dans le serrure, la poignée s'abaisse et Sully apparaît dans l'encadrement de la porte.
- Hey ! dit-il jovialement.
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selma de 12 à 28.
FanfictionMon petit corps, divisé en trois, une part pour Julien, l'autre pour chaman, le reste pour un pauvre muret remplit d'urine