No Rules ║ Feel Real - T2

11 - Cocon

- Carrie -

Mes pieds ne semblent plus vraiment ancrés dans la réalité, j'ai la sensation d'être toujours perchée dans les airs, dans ce télésiège qui a fait battre mon cœur si fort.

Depuis que la barre d'acier s'est levée et qu'il a fallu remarcher, je me sens bizarre, comme si j'avais atterri dans la mauvaise dimension. Je suis vidée et légèrement perdue, cette journée était trop épuisante et chargées d'émotions en tous genres.

Autour de moi la vie s'active. Rentrer au chalet, retirer le matériel, patienter pour la douche en riant autour d'un chocolat puis commencer à préparer le repas. L'ambiance est redevenue agréable et simple, bien que notre trio ne cesse de s'observer discrètement, avec une pudeur que je n'avais jusque-là encore jamais ressentie.

Louis semble tenir parole, il se conduit comme si rien ne s'était passé et ça me parait tellement impossible... j'ai affreusement peur et je me demande souvent s'il n'attend pas d'être rentré de ces vacances pour régler les comptes. Harry lui, ne quitte pas sa fenêtre et ses clopes, depuis des heures je ne vois que son dos. Rarement je l'ai vu si pensif.

Quand notre tour pour la douche arrive, je suis encore pendue à la moindre des réactions de Louis. Il m'enlace sous le jet d'eau brulant et son désir le devient tout autant, je crois que je pourrais pleurer de culpabilité et de soulagement. Au milieu de mes gémissements discrets il me redemande encore si je suis toujours autant amoureuse de lui, je m'agrippe à son visage ruisselant d'eau et l'embrasse avec toute la puissance de mes sentiments, pour qu'il n'en doute plus.

Le repas est prêt quand nous sortons de notre chambre, tout le chalet embaume de la délicieuse odeur de fondue au fromage que Jennifer et Liam ont acheté à la boutique. Nous rions beaucoup et j'en oublie presque nos problèmes. Chaque bout de pain perdu est un véritable supplice. Liam se voit obligé de frapper à la porte de plusieurs chalets voisins avec un serre-tête lumineux de rennes, demandant aux gens surpris s'ils n'auraient pas vu passer son traineau. Niall est forcé de s'allonger au milieu de la route et pleurer aux personnes qui tentent de l'en enlever qu'il veut en finir avec la vie, parce qu'il a raté sa première étoile. Harry écope de devoir hurler sous les balcons que le snowboard c'est pour les petites bites, il se reçoit des bouteilles d'alcool vide et même si le gage est fini, il continue d'insulter un paquet de gens. Nous partons en courant dans nos rires retrouver le repas, pendant qu'il menace toujours d'enfoncer un télésiège dans le cul du mec du sixième. Jamais je n'ai autant pris garde au morceau de pain sur mon pic de toute ma vie.

La fondue est engloutie. Nous nous éternisons à table autour de discussions amusantes et de parties de cartes. Moi je m'isole pour téléphoner dans notre petite chambre - couverte de bois du sol au plafond - et m'installe en tailleur sur le large lit.

— Ma petite biche, répond Maddie après deux tentatives d'appel.

Mon estomac se noue et je baisse le nez sur la couette épaisse que je triture.

— Coucou. Tu es bien rentrée ?

— Non. Je ne suis pas retournée chez moi.

— Quoi ?! Dis-je avec panique.

Son rire de gorge me rassure.

— T'inquiètes. Finalement j'ai trouvé un plan de réveillon de dernière minute, dans une station friquée à deux heures de là où j'étais.

— T'es pas croyable, ris-je franchement, sans être étonnée le moins du monde.

— J'te jure. Là tout de suite je me bois du champagne les fesses dans un jacuzzi, sur une terrasse face aux pistes dans le sublime appart de ce délicieux Carl.