No Rules ║ Feel Real - T2

36 - En festival

- Harry -

La scène gigantesque est illuminée de mille feux. Tout autour, c'est comme si le monde explosait. Les hurlements de la foule se mêlent aux miens, les guitares font vibrer l'armature, la batterie la fait trembler. C'est une folie sans nom, jamais je n'avais encore ressenti ça.

Nous cinq réunis ici, pour quelques morceaux, c'est fabuleux. Pas en premiers pour ouvrir le spectacle, mais en plein milieu, attendus par les gens. Pas écoutés avec curiosité, mais chantés par cœur.

Les choses ont définitivement pris un sacré tournant.

Le show que nous offrons est démentiel, je le ressens de mes tripes jusqu'aux gouttes de sueurs qui brulent mes yeux. Nous prenons tous un pied d'enfer; eux, notre groupe, la nuit tout autour. Ça ne peut même pas se décrire.

Le public et moi, nous partageons un véritable truc. Je joue avec eux comme si je les connaissais, non, comme si nous étions en train de nous envoyer en l'air. Je souffle ma voix rauque dans le micro pour leur demander s'ils aiment ça, puis pour annoncer la prochaine chanson. Leurs cris je les savoure, avant de crier à mon tour. Mon corps trempé s'agite dans un rythme effréné, presque en transe, oubliant totalement la brulure du moindre muscle. La jouissance me transporte.

Viens alors notre dernière musique, celle sortie à la radio. Les premiers accords de Louis font exploser la foule devant nous. Il éclate de rire sans que ça ne puisse s'entendre, je vois ses dents blanches et ses yeux plissés dans le jeu de lumières. Son bonheur est si puissant qu'il m'aveugle, manquant presque de me faire rater les premières paroles. Je m'accroche alors au micro et commence à chanter mon texte.

La fille dont il parle, j'espère qu'elle s'éclate elle aussi, là où elle se trouve.

C'est la première fois que je n'arrive pas à la trouver du regard. Il y a trop de monde, il fait trop nuit. C'est perturbant, mais je suppose que c'est ce qui nous attend désormais. Plus les scènes seront grandes, plus Carrie sera petite.

Peu importe que je ne la voie pas. Je sais qu'elle est là.

-

Nous quittons la scène sous des tonnerres d'applaudissements. Je suis encore survolté, incapable de réaliser. Calvin nous hurle sa joie dessus sans même cacher les mains qu'il se frotte avidement, comme s'il frottait un gros tas de fric. Il cherche à nous féliciter un à un, mais moi c'est Louis que je cherche, poussant Liam et Zayn du passage pour réussir à l'atteindre. Nous nous attrapons dans les bras et il me crie dans l'oreille à quel point il a kiffé, à quel point il est heureux, et à quel point il m'aime. Je n'essaye même plus de faire croire que ça m'emmerde.

Après ça, je le traine à travers les armatures de fer jusqu'aux marches en bois qui rejoignent la terre ferme.

C'est étrange de retourner sur le sol, l'espace d'une demi-heure j'ai eu la sensation de voler.

Des cris stridents nous font tourner la tête. Des paires de mains s'agitent contre la barrière de sécurité autour des deux vigiles qui empêchent l'accès à la scène. Aucun doute quant à l'appartenance de ces six bras.

Nous avançons vers nos trois filles, qui nous attrapent contre les barrières comme si elles étaient des fans en furies. Maddie saisit mon cou en hurlant, mais c'est vers Carrie que je regarde viscéralement. Elle serre très fort Louis contre elle et l'embrasse à pleine bouche. Mon ventre me brule parce qu'il anticipe mon tour, sauf que non, il n'y aura pas mon tour.

Son visage magnifique se tourne enfin sur moi, terriblement ému. Putain que je crève d'envie de me jeter sur elle. J'ai besoin de sauter par-dessus cette barrière, de percuter ce petit corps puis le soulever contre moi, l'avoir juste à la bonne hauteur pour m'emparer voracement de sa bouche. Besoin d'agripper sa peau entre mes doigts, besoin de l'écouter me dire qu'elle m'aime elle aussi.