2 - Portrait

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- Carrie -

Ma chambre est silencieuse, mon téléphone aussi... désespérément silencieux.

Louis n'est plus là, alors qu'il était partout, tout le temps.

Même si je m'acharne à montrer le contraire, je souffre beaucoup.

Certains diront que je savais déjà que ça finirait ainsi... et c'est la vérité, je le savais. Au fond de moi, je sentais bien que ça n'allait pas, que ça ne pouvait pas durer, que c'était ridicule. Lorsque l'équilibre est bon, vraiment bon, vous le sentez dans vos tripes, alors que là, tout ce que je sentais, c'est que tout était toujours trop compliqué.

On dit que l'amour est plus fort que tout, mais c'est faux, la vie et la société sont plus forts que l'amour.

Mon quotidien a changé, radicalement. Au fil des semaines, nos coups de téléphones se sont espacés et quelque chose s'est brisé. Je ne peux pas lui pardonner, et j'ai un minimum d'estime de moi-même pour ne plus vivre dans l'attente addictive du moindre reste d'amour qu'il n'aurait pas offert à Harry en premier.

Malgré ça nous restons en bon termes, comment faire autrement, Louis est le meilleur ami que les filles rêveraient d'avoir, toujours à l'écoute et prévenant.

Il passe me voir en Mars, tourmenté et fatigué. Nous baladons dans ma ville et je l'écoute me parler de sa vie un peu éreintante. Au détour d'une rue sa main se glisse dans la mienne, ça n'est pas bien mais je désespérais qu'il le fasse. Fatalement, nous passons la nuit ensemble pressé l'un contre l'autre. C'est plus fort que nous, peu importe la rancœur ou la douleur.

Nous ne reparlons pas de ses décisions ni de cette terrible soirée avec Harry. Nous ne parlons plus.

Avril passe sans que l'on ne se revoie. Son manque fini par se tarir, tout comme mes larmes. Je réalise qu'en effet, son emprise sur ma vie et mes pensées était devenue si forte que plus rien d'autre ne comptait. Maintenant que mon esprit se libère, de nouvelles choses prennent de la place. Mon amitié avec Maddie se consolide et nous nous déplaçons souvent pour nous voir, mes notes se sont améliorées, et surtout, je me suis mise à peindre de manière effrénée.

J'ai tant de choses à sortir, et pas assez de toiles pour le faire.

Ma mère a voulu m'inscrire à des cours du soir, mais je les ai quittés, car je ne voulais pas peindre des paysages et des fruits, non... j'avais besoin de faire exploser les couleurs, éclabousser le sol, frapper la surface rugueuse de la toile et y planter des objets brisés. Chacun de mes tableaux doit se terminer en éclats de rire ou en sanglots déchirants, sinon ça ne marche pas.

Ma professeur d'arts du lycée se montre impressionnée, je reste souvent avec elle à la fin des cours et nous parlons beaucoup. Elle me donne les ficelles pour percer dans ce difficile métier et grâce à elle, je décroche même un stage dans la galerie d'art de la ville. Durant toutes les vacances de Mai, j'y ferai le ménage, le café, répondrai au téléphone, assisterai aux vernissages et pourrai même observer de loin le monde des artistes.

Je me pensais vide, dépendante et sans but... pourtant je suis tout l'inverse, et je suis si fière de moi.

Pâques arrive et mes premiers jours de stage aussi.

Tout se passe merveilleusement bien, la galerie est charmante et remplie de touristes. Les tableaux ne me touchent pas vraiment émotionnellement parlant, ce sont surtout des paysages, des représentations de grandes villas typiques de la région, des champs de fleurs sauvages, notre rivière sous toutes ses coutures puis des dessins un poil plus modernes des buildings de notre ville.

No Rules ║ Feel Real - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant