No Rules ║ Feel Real - T2

35 - Sur le départ

- Carrie -

Nous roulons depuis vingt minutes sans qu'ils ne me disent quoi que ce soit. Je ne sais pas du tout où nous allons, alors j'envisage des tas d'amusantes possibilités.

Soudain, un panneau indique la gare ferroviaire, j'en déduis que c'est une sacrée surprise, du coup ma curiosité est à son paroxysme.

Ce n'est qu'en voyant une crinière rousse surgir du wagon ainsi qu'une longue chevelure noire que je comprends enfin. Deux battements de cœur plus tard et j'hurle en traversant le quai. Nos trois corps se percutent en un bruit sec.

— Maddie ! Bree !

— Ma bichette !

— Carrie !

Nos bras s'enlacent et nous crions et sanglotons en de bruyantes retrouvailles.

C'est si bon de les revoir après tout ce temps, moi qui pensais que leur prenante vie de danseuses les avait éloignées de moi. Même Maddie - avec qui j'étais si proche - peinait ces derniers mois à trouver le temps de me téléphoner...

Mais elles sont là, toutes les deux. Elles sont venues juste pour moi, parce qu'elles ont appris que je n'allais pas très bien. Comment ont-elles dev...

Mon visage pressé contre les leurs pivote un instant pour que je puisse observer Louis au travers de mes larmes de joies. Il me sourit tendrement ; de ce sourire ému, bienveillant, amoureux, qui m'explose le cœur.

Merci.

Sa fossette s'agrandit, puis il tire sur le bras d'Harry en approchant.

-

Dans la décapotable c'est un joyeux bordel. À l'arrière toutes les trois levons les bras et rions dans le vent chaud. Louis est à-demi tourné sur nous, pour participer, et même Harry ne peut s'empêcher d'étirer un rictus sous RayBan.

Maddie n'arrête pas de me câliner ou de sentir mes cheveux, comme si j'étais sa petite sœur ou sa fille longtemps disparue. Avec Bree c'est un peu plus réservé, puisque nous ne nous étions jamais revues depuis l'internat et que ça n'est pas dans son caractère doux et calme de me sauter dessus. Malgré tout elle a vraiment l'air ravie d'être ici et de me revoir, je le lis dans ses grands yeux bleus.

Après un rapide passage dans un Sushi-Shop parce que « bordel j'ai la dalle et que c'est vraiment de la merde ce qu'ils donnent à manger dans les trains » nous arrivons à la petite location. Louis dépose les plateaux de sushis sur la table du jardin pendant que les filles rangent leurs valises. Harry y fume sa clope, élancé et superbe dans son débardeur très échancré. Il fronce doucement les sourcils quand il nous voit tous débarquer et l'encercler.

— Alors Harry, claironne Maddie avec sa gueule sournoise, comment ça va depuis le ski ? Toujours aussi adorable et heureux de vivre ?

Il souffle la fumée en la détaillant verticalement. Rien qu'à son regard je sais que mon amie va recevoir.

— J'vais super bien ouais. Depuis que j'me fais plus aucune rousse, les emmerdes ont miraculeusement disparues de ma vie. Je te remercierai jamais assez de t'être barrée rejoindre ton banquier dans son jacuzzi.

Bree mordille sa lèvre puis jette un œil gêné sur Maddie, qui ne se démonte pas du tout. Au contraire, elle ricane et secoue fort son épaule.

— Ravie de t'avoir été utile beau brun.

Il soupire et repousse sa main, la scrutant de travers. Elle aussi le regarde, avec cet éclat dans l'œil qu'elle n'a que pour lui.

J'avais oublié à quel point leur étrange complicité était forte. Leur attirance aussi. Ça me tord le ventre.