No Rules ║ Feel Real - T2

18 - Sentiments compliqués

- Louis -

Quelle ambiance horrible... dire que la soirée avait si bien commencée.

Durant le voyage retour, personne n'ouvre la bouche et ils ne se regardent même plus. Harry conduit avec les jointures serrées et Carrie est tournée vers la vitre avec les bras croisés. Moi je suis impuissant, comme à chaque fois que ça éclate entre eux. Leur relation est toujours dans les extrêmes. Ils sont capables de s'aimer et de se détruire en l'espace de seulement quelques minutes, c'est hallucinant.

Je n'ai pas encore lu le rapport exact, mais je devine facilement ce qu'il s'est passé sur ce parking : Carrie a fait un pas en avant, il a pris peur et l'a forcée à en reculer de dix. C'est évident puisqu'il fait exactement pareil avec moi, sauf que je suis moins sensible qu'elle, et beaucoup plus habitué surtout.

Carrie reste dormir dans notre motel cette nuit. Je la garde dans mes bras, moulé contre son dos, et je somnole dans le creux de son cou. Du mouvement me fait ouvrir un œil, Harry dans le lit face à nous a le bras tendu dans le vide pour lui toucher le nez, mais elle lui repousse inlassablement la main.

— Arrête de bouder, lui chuchote-t-il.

— Laisse-moi.

— T'es pas sérieuse...

— Tu n'imagines même pas à quel point je le suis.

Mes lèvres se pincent. Cette fois c'était un très léger pas du brun dans sa direction, mais malheureusement pour lui j'imagine qu'il a fait trop de dégâts ce soir et que ça ne suffit pas. Son bras retombe mollement sur le matelas et il nous tourne le dos bruyamment dans les draps.

Au matin, il n'est déjà plus là quand elle repart, ça me désole.

Au soir quand il rentre, je tente de lui parler mais il m'envoie chier si fort que je ne peux rien faire. Ce n'est que le lendemain que j'arrive à l'approcher. Je le rejoins accoudé au rebord de ciment de notre étage et j'observe la nuit avec lui, épaule contre épaule. Il s'allume sa cigarette et je le laisse tirer sa première latte puis la recracher dans le ciel.

— Tu devrais peut-être lui téléphoner, je commence doucement.

— Non.

— Pourquoi ?

— Je cautionne pas ce genre de chantage.

— Elle a paniqué...

— J'men balance.

— Tous les deux vous êtes pareils Styles. Toi aussi tu crèves de jalousie, encore pire qu'elle, sauf qu'au lieu de manigancer des plans machiavéliques de chalet au ski, Carrie se plante devant toi et t'avoue ses sentiments. C'était maladroit je suis d'accord, mais c'est pareil...

Sa tête se secoue comme s'il ne voulait pas entendre.

— Elle te faisait pas un cirque pareil quand tu t'envoyais d'autres filles !

— Parce que je lui accordais de l'attention.

— Je m'en tape. Elle a pas le droit, je suis pas son mec alors qu'elle ne m'emmerde pas !

Mes yeux se ferment. Il se borne à ne pas vouloir lire entre les lignes et se focalise sur la pointe de l'iceberg. Son puissant souffle de fumée clôt la discussion et je n'ajoute plus rien, la tête rentrée dans les omoplates.

La semaine suivante, nous nous déplaçons chez Carrie pour lui offrir sa Newbeattle noire et elle hurle de joie devant cette vieille voiture qui en a déjà trop vu. Tout semble parfait, sauf que ma blonde se montre affreusement distante avec Harry, comme s'ils n'étaient que de simples amis, pire, de banales connaissances. Lui-même semble surpris que leur bras de fer se projette si loin dans le temps. A vrai dire moi aussi.