No Rules ║ Feel Real - T2

5 - Concert

- Harry -

Le jour du concert est arrivé, nous avons pris la route depuis deux heures et la gigantesque ville se dessine enfin à l'horizon.

Comme toujours je suis au volant.

Louis pianote sur son téléphone, il vérifie que Carrie soit bien arrivée à la gare. Inquiet et maniaque de l'organisation, il finit même par lui téléphoner.

— T'es sûre ma poupée ? Tu vas te payer les métros et compagnie, on pourrait faire un détour ça ne pose pas de problèmes. Bon, très bien. Excusez-moi Madame d'avoir insisté. Vous êtes grande je sais...

Il sourit et raccroche. Sa gueule est tellement ravie, il lui pousse des fossettes de partout... mais bien vite, son éternel regard en biais me scrute et ça me hérisse le poil.

— Bordel Louis arrête ça.

— Tu veux qu'on en discute encore ?

— Ferme-la, je te jure que j'en ai plus la force. Si on en parle une minute de plus je me jette de la bagnole.

Il acquiesce et repose les yeux sur la route, moi j'inspire profondément. Je ne compte même plus les heures durant lesquelles nous avons débattu de cette histoire. Oui je suis terriblement attirée par elle, oui sa présence me chamboule, mais je peux parfaitement la côtoyer de temps en temps sans que ça ne me pose de problèmes. Ça n'est pas comme lorsqu'elle vivait avec nous et que je l'avais sous le nez sans répit. D'autant plus que nous sommes tous les deux au courant de la vérité maintenant, alors les choses sont différentes, je ne me sens plus infâme, je n'ai plus la sensation de lui mentir ni de le trahir.

Ouais. Je saurais gérer. Pour lui, et également pour moi... parce qu'à moi aussi elle me manque affreusement.

Nous nous garons dans le parking immense du stade, guidés par des types aux gilets fluos qui nous parquent les uns contre les autres. Nous sortons et nous dirigeons vers l'entrée.

Dehors c'est la folie, nous nous massons dans la foule de gens excités et je suffoque déjà. Louis est penché sur la barrière de sécurité, il cherche dans la rue en s'égosillant au téléphone pour couvrir le bruit.

Quelques minutes plus tard elle arrive, délicieuse petite blonde en short à peine caché par son long t-shirt de Janis Joplin. Il était à moi autrefois ce t-shirt, puis à Louis avant qu'il ne le lui donne. Elle pousse un cri en nous voyant et se précipite contre la barrière d'acier, elle pose un pied dessus et nous la soulevons tous les deux pour la faire passer par-dessus. Elle nous saute dans les bras et fatalement, je souris en inspirant son parfum.

Elle a encore changé la sale gosse, elle ne s'arrête plus de se féminiser. Ses deux couettes se sont allongées, son visage s'est affiné et cette bouche... bordel cette bouche.

— Ma poupée, s'exclame Louis en l'embrassant comme si l'air lui manquait.

Elle s'accroche à son cou en relevant des sourcils presque douloureux. Leur baiser pourrait immoler les milliers de personnes qui patientent, c'est beau comme c'est terriblement triste. C'est la fatalité de leur histoire.

Amis. Plus amis. Amoureux. Plus amoureux. Fous amoureux... Leur manège est difficile à piger d'un œil extérieur je suppose. Mais moi je sais, et ils savent aussi, alors c'est le principal. C'est Carrie et Louis, ça sera toujours Carrie et Louis.

Ils ne se lâchent plus pendant presque toute la file, à se demander même comment ils peuvent respirer. Dès qu'il faut avancer, je tire le débardeur de Louis et les replace contre moi derrière les gens. Des mains sous les t-shirts se perdent et des sourires heureux s'étirent contre les bouches, ça se glousse dans l'oreille et se dévore des yeux.