Un grésillement dans une pièce étroite. Un écran qui semble charger durant des heures, alors que cela ne fait que quelques minutes. Une impatience non feinte. Et puis ces visages, si familiers.
« Coucou tout le monde !
- Bonjour tout seul ! »
Harry a beau être à des millions de kilomètres de sa famille, il peut voir la larme rouler sur la joue de sa mère alors qu'elle est déjà en train de renifler dans son vieux mouchoir en tissu. Cette entrevue risque d'être aussi émouvante que joyeuse. Son père et sa sœur sont là aussi et le jeune astronaute est ravi de voir qu'ils ont tous fait en sorte de pouvoir être présent.
« Comment ça va là-haut ? Tu manges assez Chéri ?
- Maman ! Est-ce que c'est vraiment la seule chose que tu veux lui demander ?
- Je m'inquiète, c'est normal ! Je fais pareil avec toi. »
Les deux femmes se chamaillent gentiment, tandis que le père d'Harry roule des yeux à son attention. Ah, s'il savait comme on ne parle que de lui, en bas.
« Tout va bien maman. Je me nourris, je dors et je fais même du sport. Rassure-toi !
- D'accord ! Très bien ! Bon dis-nous alors ! C'est comment ?
- Tu le sais déjà, tu as regardé la vidéo maman. Sinon tu ne serais pas là. »
En réalité, Harry ne sait pas s'il a envie de partager avec sa famille tout ce qu'il vit dans l'immensité de l'espace. Pas par égoïsme, mais par crainte de ne pas être compris. Il sait pertinemment qu'ils vont lui dire qu'ils ont hâte qu'il rentre, alors que lui resterait bien ici pour encore des milliers de jours. Et est-ce que ça, ce ne serait pas égoïste ?
« C'est différent ! Dis-nous ! »
À cet instant, Harry se rend compte ; il ne sera pas incompris. Parce que ses parents sont les gens les plus merveilleux du monde et que sa grande sœur sait à quel point il donnerait sa vie, pour son métier.
Alors il leur conte ses journées, ses rires, ses moments de nostalgies, son entente avec le reste de son équipe. Harry leur parle aussi de ses travaux, même s'il ne peut pas en dire beaucoup et qu'il doute même qu'ils comprendraient s'il se lançait dans son jargon scientifique.
Ça leur fait du bien à tous d'être là, tous les quatre, comme ils l'ont si souvent été. Ça ne va durer que trop peu de temps, ils en ont conscience, mais c'est tellement mieux que rien du tout. Ils en profitent pendant des paires de minutes qu'ils ne voient pas passer. Gemma a eu une promotion, la mère machin a failli tuer son mari, la tante Germaine s'est cassée la jambe en voulant nourrir son chat. Tout y passe, comme si rien ne les séparait d'autre que la distance. Et dans le fond, n'est-ce pas seulement cela ?
Mais – parce qu'il y a toujours un mais lorsque l'on parle de bonheur – alors qu'il doit bientôt raccrocher, Harry sait qu'il doit prendre son courage à deux mains et leur annoncer la nouvelle. Ce n'est pas dramatique en soit, personne n'est blessé ou sur le point de mourir, mais il sait qu'une des personnes en face de lui va avoir du mal à encaisser le choc. Alors il profite de l'instant de silence pour le glisser, comme on enverrait une lettre à la poste.
« Au fait, on risque de rentrer un peu plus tard que prévu.
- Comment ça ... ?
- On a pris un peu de retard à cause d'une panne mécanique et on ne peut pas rentrer sans que la globalité du travail ne soit effectuée. On est venus expressément pour ça, c'est inenvisageable de rentrer avant l'aboutissement de notre projet.
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Sous La Voute Étoilée.
FanfictionLes anneaux tournent et pendant ce temps, chacun suit sa route. Alors que certains accomplissent leurs rêves de gamins, d'autre attendent encore qu'ils viennent à eux. Aucun ne sait qu'ils ont besoin de prendre le bon chemin, pour se sentir enfin ch...