Epilogue

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Il y avait une différence évidente entre ne pas voir l'être aimé par choix et ne plus le voir par fatalité.

Longtemps, Harry avait détesté voir Louis passer la porte de sa chambre d'hôpital parce qu'il lui rappelait la vie qu'il ne pouvait plus avoir. Dans tout ce qu'il était, son ancien compagnon portait en lui leurs rêves passés et Harry n'avait pas été capable de le supporter. Au fil des jours, au fur et à mesure que sa colère avait prit le dessus, c'était à Louis que le jeune homme en avait voulu.

Toute sa vie, depuis qu'il avait été en âge de penser par lui-même, Harry n'avait toujours souhaité que toucher les étoiles. Et puis cet homme avait débarqué dans sa routine et avait pris la place de l'une d'elle dans le ciel de sa vie. Tout lui avait semblé possible avec Louis auprès de lui. Un métier parfait, un couple parfait, une famille parfaite. Mais son accident avait tout fait voler en éclats et malgré toute la volonté qu'il y avait mise, il n'avait pas su faire la part des choses. L'aura de Louis était emprunte de son échec personnel et il n'avait pas su contrer sa haine et ses mots. Louis marchait, et plus lui. Louis avait la possibilité de réaliser son rêve, et plus lui. Louis avait la joie de vivre, et plus lui. Un jour il n'avait plus su sur quoi se défouler, sauf Louis.

Depuis ce jour là, Louis ne franchissait plus le seuil de sa chambre et Harry n'avait jamais autant détesté cela que dernièrement.

Les jours qui avaient suivi leur rupture – il fallait bien se dire aujourd'hui que c'était ce que ça avait été – n'avaient pas été particulièrement difficiles. Au contraire. Le jeune homme s'était senti libéré d'un poids énorme et ne plus devoir faire semblant d'aller bien devant quelqu'un avait été une véritable délivrance. Lorsque Gemma était venue lui apprendre son déménagement, peut-être qu'un brasier avait commencé à prendre place dans son estomac, mais sa conscience libérée avait tout fait pour l'éloigner des flammes. Elle lui avait rappelé non seulement comme il ne devait rien à personne en étant seul et, par-dessous tout, combien la vie de Louis serait plus facile loin de son handicap. Il s'y était fié assez longtemps pour s'en persuader quelques temps, mais il avait bien vite déchanté.

Louis lui manquait, plus encore que ne le faisait ses jambes. Et pour un homme dans sa condition, c'était avouer bien des choses.

Après son épisode colérique et sa prise de conscience, Harry avait demandé au psychologue qui le suivait au centre s'il était possible de travailler là-dessus. Sans retenue, il s'était confié sur des peurs dont il n'avait même pas connaissance et la plus profonde n'avait pas mi longtemps à ressortir du lot. Terrifié de perdre Louis un jour ou l'autre, le subconscient d'Harry l'avait repoussé de la pire des manières possibles.

« Harry ! »

La voix de son kiné le sortit de ses songes et le jeune homme revint au présent d'une façon qui lui sembla bien trop brutale.

« Pardon, j'étais dans mes pensées.

- Si vous pouviez évitez durant nos séances. On commence à vraiment bien avancer, alors ne relâchez rien !

- Ca fait des jours que ça n'avance pas !

- Vous avez mis quatre mois avant de faire votre premier pas ! s'exclama son kiné. Vous n'alliez pas courir le cent mètres trois jours après.

- C'est long, soupira Harry malgré lui.

- C'est long, mais utile ! Ca veut dire que vous êtes sur la bonne voie et qu'il ne faut rien lâcher. »

La sueur coulant le long de ses tempes, Harry essaya de puiser le reste de sa force dans ses bras, mais la fatigue prit bien vite le dessus. Désormais sans aide, il arriva à se glisser dans son fauteuil et soupira en jetant un regard à ces foutues barres qu'il tenait en main presque chaque jour de la semaine.

Sous La Voute Étoilée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant