Dimanche
Cher futur Léo,
AU SECOURS. JOUR MOINS QUATRE AVANT LE BAC.
Voilà, j'avais besoin d'écrire ça quelque part. Car même si j'essaye de paraître zen, histoire de rassurer ma mère... Je. Ne. Le. Suis. Pas. J'ai beau avoir dit qu'on pouvait faire sans le Bac, c'est quand même « un petit pas pour l'homme mais un grand pas pour l'élève que je suis ».
Je passe donc mes journées à réviser. Je crois que Théo en a un peu marre de faire face à un mur quand il me parle, car dans ma tête je révise ma spé maths même quand je mange. Les statistiques, je connais. Il reste juste tout le reste du programme. Faisable.
Aujourd'hui, Maman a décrété que c'était mon jour de pause. Elle stresse à chaque fois qu'elle me voit travailler, même si c'est complètement l'inverse qui devrait se passer : ça devrait la rassurer. Un minimum, quoi.
Alors Théo m'a emmené avec lui voir ses amis, qui n'ont pas tardé à devenir les miens au fil de la journée. Enfin, pour ce qui est de Sam et Alice.
Voilà comment s'est présentée la journée : j'étais dans le canapé-lit, avec Théo, et Maman a réveillée Théo en partant en lui précisant que c'était mon « jour off ». Oui, comme les rock star. Elle devait sûrement s'imaginer que ça parlerait plus à Théo. Bref, tout guilleret d'aller voir les amis de Théo, j'ai pensé que j'allais passer une bonne journée. Et tout confirmait mon espoir quand Sam et Alice sont arrivées vers moi et m'ont saluées.
« Merci d'avoir sauvé Théo, a dit Alice. Hugo m'a raconté, tu ne peux pas t'imaginer à quel point nous sommes heureux que tu l'ai fait. »
Sam a approuvé, Théo ne disait rien. Je sentais qu'il n'aimait pas parler de ça, et que ce moment serait l'un des rares où ses amis le feraient. C'est ce que font les amis, non ? Ils sont là, mais ne vous embarrassent pas.
« Oui, merci beaucoup, Léo, a ajouté Sam. »
Je n'avais pas l'impression d'avoir faire grand-chose, mais je savais que ça avait fait la différence. Si je n'avais pas appelé, qui aurait fait quelque chose ? Sûrement pas la mère de Théo, qui était tout aussi folle que son père.
Quoiqu'il en soit, j'ai répliqué que c'était normal. Parce que n'importe qui aimant Théo aurait fait la même chose. Regarde un peu Hugo et Matthias qui ont rappliqué dans les cinq minutes.
Puis nous sommes entrés dans la maison où Hugo, Bob et Matthias se trouvaient déjà. C'était la même que lors de la fête ; je crois me souvenir que Bob et Sam faisaient une colocation dans cette habitation, qu'il n'y avait donc pas de parents présents. Heureusement, car, étant donné le cendrier que je voyais, il ne valait mieux pas que des adultes responsables tombent dessus.
On m'a proposé de fumer, j'ai refusé, et j'ai discuté avec Alice et Sam. Alice m'a expliqué sa situation avec Hugo : ils se connaissaient depuis le collège, qu'ils avaient passé en internat, et étaient toujours soit amis, soit en couple. Je lui ai fait remarqué qu'ils allaient plutôt bien ensemble, de ce que j'en voyais, et j'ai cru remarquer Sam lever les yeux au ciel mais je n'en étais pas sûr.
Ensuite, Sam a parlé du fait qu'elle n'avait pas encore été acceptée en Master dans sa fac, qu'elle se faisait du soucis pour ses études, et au bout d'un très long moment (Bob avait fumé pas moins de dix cigarettes depuis que l'on parlait), Alice m'a demandé :
« Et toi ?
— Et moi, quoi ?
— Qu'est-ce qui se passe dans ta vie, Léo, a-t-elle poursuivi avec une bienveillance qui m'était inconnue avec les personnes que je ne connaissais pas vraiment. Théo nous a dit que tu passais ton bac cette année ; ça se passe bien ?
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la pelouse de la gare
Teen FictionLéo va, chaque jour, à la pelouse de la gare. Il s'agit d'un espace vert à moitié caché parmi les arbres, tandis qu'un café fait face au seul côté visible depuis la rue. Léo connaît tous les habitués des lieux et même leurs habitudes. Mais un jour...