dix-neuvième lettre

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Jeudi

Cher futur Léo,

Je me suis réveillé avec un noeud au ventre quand mon téléphone a sonné en pleine nuit. J'avais encore des séquelles de mes séances de pleurs intensifs.

Le message provenait d'un numéro inconnu : Bonjour Léo. C'est Valentin, un ami de Théo. Je viens de le récupérer complètement bourré devant chez moi. Je te le ramène ?

J'ai répondu que ce serait mieux que de le laisser dehors et j'ai donné mon adresse.

L'anxiété montait de plus en plus en attendant Théo et Valentin. Quand on a toqué, cette anxiété à explosé. J'ai failli tomber tellement je tremblais. J'avais peur que Théo ait l'alcool colérique et qu'il me jette à la tête tous mes défauts et, surtout, ma jalousie.

En fait, Théo n'avait pas l'alcool colérique du tout.

« Léo, je suis désolé. » a-t-il murmuré en essayant de m'embrasser.

Je me suis reculé. Il puait l'alcool.

« Il n'arrête pas de me parler de toi depuis que je l'ai trouvé, a dit Valentin avec un petit sourire. Je vous laisse. »

J'ai failli lui dire de ne pas me laisser seul avec un Théo bourré mais j'en suis vite venu à la conclusion qu'il était le même Théo que le Théo sobre, avec une odeur étrange en plus.

J'ai fermé la porte à clef et j'ai dit :

« Théo, viens, tu vas dormir. »

Il était quatre heures du matin. Je lui ai pris la main pour l'emmener jusqu'au canapé-lit mais il m'a empêché de le coucher.

« Léo, je crois que je t'aime. Vraiment. »

Ça m'a fait l'effet d'une décharge électrique. On ne se l'était jamais dit de nouveau depuis la première fois, le soir de l'interview d'Aro, jamais verbalement. Généralement, un baiser voulait dire que nous nous aimions, ou bien quand il caressait ma peau, ou bien quand je lui demandais s'il allait bien. Ce genre de choses.

« Non.

— Tu ne m'aimes pas ?

— Bien sûr que... »

Je me suis interrompu dans ma phrase.

« Je ne veux pas que tu sois bourré quand je te dirais ça. Et je veux que tu me le dises quand tu seras sobre. Hors de question qu'on se dise qu'on s'aime alors que tu ne t'en souviendras plus. »

Ça paraissait trop compliqué pour son cerveau envahi par l'alcool alors il a dit :

« Tu ne m'aimes pas.

— C'est pas la question. On verra ça demain. Enfin, dans quelques heures. »

J'ai essayé de le coucher mais il a attrapé ma main et m'a fait basculer sur le lit.

« Léo ?

— Quoi ? ai-je répondu aussi aimablement que possible.

la pelouse de la gareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant