XI - Un repos peu ordinaire

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Je sors de la chambre précipitamment et cherche des yeux le marquage bleu dont m'avait  parlé Elian. En effet, un trait bleu longe le mur en face de ma chambre. Je ne perds pas de temps et cours en le suivant des yeux, je dois faire vite, je ne sais pas ce qu'il pourrait m'arriver si madame Summa ne me voit pas à l'heure. Je secoue la tête afin de supprimer sa présence de mes pensées. Ma course m'a emmené jusqu'à une grande double porte en bois assez imposante. Je suis à bout de souffle, je ne sais pas du tout quelle heure il est. J'inspire et expire une fois puis ouvre la porte, ce qui attire le regard de toutes les personnes présentes dans la salle. Suis-je en retard ? Je balaye la salle des yeux et découvre ceux de la directrice, ces derniers sont froid. Soudain elle se lève.

« Voyons, est-ce des manières de rentrer de la sorte mademoiselle Lisa ? Sans denier frapper pour vous annoncer, à cela je peux rajouter votre retard de deux minutes ! »

Deux minutes ? C'est ridicule... Me faire gourmander de la sorte pour si peu, pourtant je sens au fond de moi que je vais le payer cher si je ne capitule pas maintenant.

« Je vous prie de bien vouloir m'excuser madame Summa, j'étais perdue dans mes pensées, il y a tant de nouveautés. Je ne m'y suis pas encore faite, je ne le referai plus. »

« Vous avez intérêt mademoiselle. Cet orphelinat n'est pas une cour de récréation, il y a des règles. Vous vous devez de les respecter et ce à partir de maintenant. Bien, allez vous asseoir à côté d'Elian. Je ne veux plus vous entendre. »

Je me retiens de souffler de soulagement et cherche Elian des yeux puis prend place à ses côtés. Il n'a pas relevé une seule fois la tête depuis que j'ai pris connaissance de sa présence. Je n'ose pas lui parler de peur que la colère de madame Summa s'abatte à nouveau sur moi. Je n'ai plus qu'à attendre mon plat, la salle est plutôt spacieuse, et dispose de quatre grandes fenêtres. Les murs sont gris quand aux rideaux ils sont bleus... Ces couleurs sont omniprésentes, je les trouvent mornes ce qui contraste avec de magnifiques lustres ornant le plafond. Il n'y a aucune décoration ici, les choses sont simples et se résument au nécessaire. Derrière moi se trouve la cuisine, j'entends d'ailleurs la porte s'ouvrir puis se refermer. Une vielle dame m'apporte mon plat puis repart aussitôt, je n'ai même pas le temps de la détailler. Je meurs de faim, pourtant mon appétit fût de courte durée. Mon assiette empeste le poisson, il s'agit d'une mixture douteuse essentiellement composée d'épinards. Répugnant, pourtant tout le monde à l'air de manger avec appétit.

« Dépêches-toi de manger ! C'est pas le moment de te faire à nouveau remarquer. » chuchota Elian.

Je n'ose pas lui répondre mais le fait d'entendre le son de sa voix me rassure un peu. Je me force à manger et réussi même à finir mon assiette. Nous avons tous finit nos assiettes pourtant personne ne bouge. Curieux, attendons-nous un dessert ? Pour seule réponse madame Summa se lève à nouveau.

« Bien tout le monde peut regagner la salle commune avant le couvre-feu. Bonne nuit à vous » dit-elle avant de quitter la salle.

Une fois la pièce vider de cette présence autoritaire des chuchotements et des regards à mon égard occupent le silence. La différence de comportements des pensionnaires est flagrante. Elian se lève et d'un regard me demande de le suivre. J'attends qu'il s'éloigne puis me lève et le suis hors de la pièce. Il n'attends pas longtemps avant de m'incendier.

« Sérieux Lisa, qu'est-ce qui t'as pris ? Je t'avais dis de ne surtout pas arriver en retard ! Je t'avais prévenu en plus, tu nous mets tous les deux en danger en faisant ça ! »

« Je suis désolée, mais je ne comprends pas. Que risquons-nous ? » le questionnais-je.

« Qu'est-ce que l'on risque ? Tu le sauras bien assez tôt si elle l'a décidé. Ici... Peu importe tu le sauras en temps et en heure. Tu n'auras qu'à lui dire que je ne t'avais pas assez aiguillé. Tu as compris ? »

Son regard est intense, il ne me dis pas tout, je ne sais pas ce qu'il me cache. Cependant je vais l'écouter, je ne dois pas lui apporter d'autre ennui.

« Je te le promets Elian, je le ferais ! » dis-je d'un ton résolu.

« C'est bien, je préfère ça ! Allez regagnons la salle commune, et Lisa ne t'attaches pas trop aux autres. Tu te rappelle de ce que je t'avais dit ? »

« Oui bien-sûr, je comprends... Je ne comptais pas me faire d'amis... »

Il parut confus, comme si de vouloir être seul était inhumain. Peut-être que Charles à déteint sur moi. Entre Elian et moi il y a un écart certain, comme si il était interdit d'être proche. Je n'avais pas remarqué mais il triture nerveusement la manche de sa veste. Je lui cause beaucoup de tords... Il tourne tant tôt à droite tant tôt à gauche, je ne me souviens pas être passer par là pour venir. Un dernier virage et nous sommes arrivés devant une nouvelle double porte.

« C'est ici, la salle commune. Tu peux y venir quand... après manger, pour le reste j'espère que tu n'auras pas à y songer. Il y a des livres, de quoi jouer aux échecs ou encore un piano. »

Un piano ? Je me retiens de me précipiter à sa rencontre, mon comportement risque d'être mal perçu, encore une fois. Il pousse la porte et me laisse passer devant lui. Je n'ose pas rentrer d'avantage dans cette nouvelle salle immense. Je me colle au mur en attendant qu'il referme la porte. Un groupe de trois filles se trouve à droite elles sont assises sur un tapis circulaire bleu. Elles chuchotent et ricanent. Le parquet de la salle est beige, il est magnifique, quand aux murs ils sont similaires à ceux du réfectoire. Tout se ressemble ici.

« Tu viens ? » me questionna Elian.

À cette question, le groupe de filles se tait. Il ne passe pas inaperçu apparement. Je porte mon regard vers lui et lui adresse un faible sourire et hoche de la tête. Il nous emmène alors jusqu'à des canapés où il s'assoit et m'indique une place à côté de lui. La salle est vide hormis nous cinq. Une question me brûle les lèvres.

« Elian, qui est la fille sur la tapis, celle avec le ruban bleu dans les cheveux ? » chuchotais-je.

Il ne regarda même pas en sa direction mais sut me répondre.

« La brune. Il s'agit de Margaux. La fille de la directrice. Ne t'approches pas d'elle c'est une vrai vipère... Elle est comme sa mère, un diable. Promets moi de ne pas lui parler surtout. »

Je peux percevoir de la haine dans le son de sa voix, je ne la connais pas mais Elian ne laisse paraître aucun doute. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'elle me fixe depuis notre entrée. Je me risque à affronter son regard. Soudain un affreux rictus malsain déforme son visage qui paraissait innocent sous ses airs de peste. Ses yeux verts me fixent avec détermination. Je peux alors lire sur ses lèvres les mots suivants :

« Tu es insignifiante, tu regretteras d'être venue ici et d'avoir osé parler à Elian. »


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Petit chapitre en avance !

Lisa semble avoir un problème avec l'autorité de Madame Summa. Pensez-vous que la réaction de cette dernière, suite au manque de ponctualité de Lisa, est appropriée ? Ou tout simplement démesurée ?

Qu'imaginez-vous sur la menace de Margaux ? Ainsi que cette dernière ?

Elian sera sur le point de vous dévoilé un terrible secret...


À demain ;)

Ballade NocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant