IX - L'impuissant frustrant

55 9 8
                                    


« Lisa, non, attend ! »

Sans prendre la peine de l'écouter je fuis sa présence qui à présent est devenue trop douloureuse. J'esquive une tentative vaine de m'attraper en poussant sa main puis cour jusqu'à la chambre. Je referme la porte brutalement avant de me laisser tomber dessus en pleure. Je pensais qu'il tenait à moi, comme je peux tenir à lui... Tout cela n'était qu'une vulgaire illusion... J'ai été trop naïve de croire qu'il avait besoin de moi... C'est moi qui avais besoin de lui. Je lui ai fait perdre son temps, il n'aurait pas du me sauver. Je me retrouverai bientôt à nouveau seule... une vie insupportable. Je n'ai plus la force de me battre contre ce monstre invisible.

«  Lisa, je sais que tu ne veux pas m'ouvrir, mais écoutes moi. Je vais procédé différemment, on va juste expliqué notre problème à l'orphelinat de la ville la plus proche. Peut-être qu'ils pourront nous aider financièrement. Je ne vais pas t'y déposer, tu entends ? »

Sa voix paraît étouffée, comme si de la tristesse était venue l'étrangler. J'ai eu tellement peur qu'il me jette si facilement, j'ouvre la porte aussi vite que possible. Il est sur le point de repartir. Je lui laisse à peine le temps de se retourner que je me jette sur lui, l'enlaçant de toute mes forces. Peu importe si nous n'étions pas proche de cette manière avant.

«  Je ne veux pas vous quitter, je ne veux plus être seule ! » lâchais-je entre deux sanglots.

Il m'enlaça à son tour, avec le peu de force qui lui reste. On resta de longues minutes ainsi, refusant de lâcher l'autre de peur qu'il nous quitte. Puis il saisit mes épaules pour me faire face, plongeant son regard dans le mien.

« Je ne veux pas te perdre non plus. Tu es comme ma fille Lisa, je te le promets. Ce n'était pas des paroles en l'air. Je suis désolé de n'être qu'un pauvre vieillard... Cela fait bien longtemps que j'ai fuis la ville. Il est temps que je t'annonce ce qui m'est arrivé... Pourquoi j'ai à présent un visage si repoussant. Il y a maintenant 15 ans, ma femme et moi nous vivions dans une maison au coeur de Paris. Ma femme, Claire, était une talentueuse musicienne. Une violoniste pour être précis. Je l'ai rencontré lors d'une des représentations qu'elle donnait. Un coup de foudre. Nous avons eu une fille, Alice, elle avait hérité de sa mère, elle chantait divinement bien... Elle venait de fêter ses 14 ans, la période des fêtes arrivée. Noël, elles adoraient toutes les deux cette magie, et tout particulièrement les chants. La veille de ce qui aurait dû être un Noël heureux comme tous les autres... Je les ai perdu. Un court circuit a déclenché un incendie chez nous. Quand je suis rentré chez moi après avoir été cherché une énième surprise pour ma fille, la maison était en flammes. Je me suis précipité à l'intérieur malgré les passants et les pompiers me l'interdisant... Je ne voulais pas perdre les femmes de ma vie. Elles dormaient à l'étage, il m'était impossible d'y accéder. L'escalier s'effondrait sous la chaleur. Je voulais mourir avec elle, mais il a fallut qu'un pompier vienne me chercher. » acheva-t-il avec amertume.

« J'ai perdu mes parents et ma petite soeur de quelques mois dans un incendie causé par ma cheminée... J'y ai survécu miraculeusement, mais j'aurai préféré mourrir avec eux. Plutôt que de devoir supporter de longues journées de solitudes.»

En un regard on se comprit, pas besoin de rajouter quelque chose ou encore de plaindre l'autre. Le mal était fait et peu importe notre chagrin, la solitude était notre seule amie avant que l'on se rencontre dans ma malchance.

« Je vais contacter une connaissance, il a une calèche, il pourra nous emmener jusqu'à l'orphelinat. »

J'acquiesça, inutile de luter plus longtemps, nous avons besoin d'une aide extérieur. Il parti dehors. Plusieurs heures s'écoulèrent. Puis la nuit tomba pendant tout ce temps j'ai élu domicile dans le canapé attendant patiemment le retour de Charles. Je ne sais même pas où cette fameuse connaissance habite. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé sur le trajet.

Ballade NocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant