Contrairement aux autres saisons, être un enfant de l'Hiver est devenu rare.
Depuis toujours, l'Hiver a été la lignée royale. Mais avec la fin du règne du roi Ivan, les enfants de l'Hiver ont été massacrés et les survivants vivent désormais com...
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❅ Chapitre 1 La belle au bois dormant ❅
Cachots secrets du gouvernement, Royaume des Quatre Saisons, 20 juin 2017
— Eh oh.
Une voix. Lointaine.
— Réveille-toi !
Elle avait l'air inquiète.
— Bon sang Eloane, c'est pas drôle là !
Qu'est-ce qui n'était pas drôle ? Je ne me souvenais pas d'avoir fait une blague récemment. D'ailleurs, je ne me souvenais de rien. Tout ce que je savais, c'est que j'étais bien ici et que je n'avais aucune envie de bouger. Je me sentais flotter dans le vide, comme si j'étais dans l'espace, et rien ne semblait m'atteindre ; rien si ce n'était cette voix.
— Allez Elo, ça fait trois jours que tu dors, il faut que tu te réveilles maintenant !
Trois jours ? C'est long trois jours. Peut-être que je devrais écouter la voix et ouvrir les yeux... non, j'étais fatiguée. J'avais l'impression qu'une chape de plomb pesait sur ma tête et que même avec la meilleure volonté du monde je ne pourrais pas soulever mes paupières. Il me fallait dormir, encore. Je me laissai aller dans cet endroit confortable, loin de tout ce qui aurait pu s'apparenter à la réalité.
Je flottais dans un état comateux et rien d'autre ne m'importait, pas même cette petite voix qui pourtant ne me semblait pas si inconnue que cela.
— T'es agaçante quand tu t'y mets. Vraiment agaçante. Tu le sais ça ?
Il y eut un bruit métallique, comme si la personne à qui appartenait la voix avait frappé dans quelque chose. Une grille, peut-être. Une autre voix intervint :
— Laisse tomber, ils ont dû lui injecter une dose d'humain alors que son animal est beaucoup plus petit. C'est normal qu'elle dorme.
Injecter. Animal. Mais qu'est-ce qu'ils racontaient ?
Quelque chose se débloqua dans mon cerveau – comme s'il était une casserole à laquelle on avait enlevé le couvercle pour en révéler le contenu – et tout me revint : ma métamorphose, l'attaque, ma capture...
Le sentiment que j'avais de flotter disparut aussitôt et je sentis que mon corps reposait sur un matelas. Je savais à présent où j'étais, sur un lit, et plus important encore : j'avais retrouvé ma mémoire et mes capacités sensorielles. À présent, il fallait que je me lève, que je sache ce qu'il m'était arrivé et que j'ouvre les yeux.
Non, pas dans cet ordre. D'abord, ouvrir les yeux ! Oui, c'était ça : je devais d'abord ouvrir les yeux.
Tout était encore un peu embrumé dans mon esprit, je devais me concentrer sur une tâche à la fois.
