❄ Chapitre 7 (partie 2)

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Média : Lily Davis (meilleure amie d'Eloane). 

Musique : Somewhere over the rainbow de Israel Kamakawiwo'ole. 


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- Alors, pourquoi mam'zelle Soizik a-t-elle été en retard en cours de maths ? me demanda Lily, espiègle, en imitant Mr Breton, lorsque nous fûmes assises à l'extérieur.

- Cas de force majeur ! lui répondis-je en lui chipant un dragibus noir.

- Eh !

- Je fais ça pour toi, Lil's. Je t'aide à garder ta ligne de mannequin ! me défendis-je avec une mine angélique.

- M'est d'avis que c'était plutôt par gourmandise, ma p'tite Elo ! On ne me la fait pas à moi. Tu lorgnais sur mon paquet depuis tout à l'heure ! me contra-t-elle en me tendant néanmoins le paquet.

Devant une offre aussi généreuse, je n'allais pas me priver : j'en pris un autre, un bleu, qui rejoignit le noir dans ma bouche. Ça ne remplaçait pas un petit déjeuner, mais il me fallait bien ça pour tenir jusqu'à midi.

- Ouais, œil-de-lynx va ! dis-je en lui tirant la langue de façon tout-à-fait puérile.

- C'est surtout que je te connais trop bien, tu ne résistes jamais aux dragibus, fit-elle avec un petit sourire en coin.

- Et toi au chocolat.

- Toi non plus.

- Certes, admis-je.

Ses yeux bleus pétillèrent tandis qu'elle riait. Elle passa une main dans ses cheveux pour les dégager de sa figure.

Tout avait toujours été calculé chez Lily, le moindre geste, la moindre action. Au début, je trouvais cela étrange, voir même gênant, mais j'avais fini par m'habituer au fait qu'elle voulait tout contrôler. Je la connaissais depuis tellement longtemps que cela me paraissait à présent normal. Elle était la seule personne en laquelle j'avais entièrement confiance, et le contraire était aussi vrai.
Je lui avais toujours tout dit, je m'étais confiée sans réserve. Elle savait absolument tout de moi, dans les moindres détails. Même mes parents n'en savaient pas autant qu'elle. Et pourtant Dieu savait comme il m'était difficile de me confier ! De son côté, elle me racontait tout ce qu'il se passait dans sa vie, ses peines, des anecdotes croustillantes,... J'avais vraiment de la chance d'avoir une amie comme elle, aussi fidèle. Elle avait toujours fait attention à son image, à ce que les gens pensaient d'elle, mais sans que cela soit dans l'excès. D'abord, j'avais cru que c'était parce qu'elle avait quelque chose à cacher, comme le fait que ses parents soient agents secrets - ce qui n'était pas le cas - ou que sa sœur était une androïde - ce qui n'était pas le cas non plus -, mais c'était sans doute juste dans sa nature d'être comme cela.

Je souris, pas vexée pour si peu, et pris un air faussement boudeur.

- Bon, tu veux savoir oui ou non ?

Elle hocha la tête, mangea le dernier dragibus et attendit la suite.

- Déjà, dis-je en fixant le goudron sous mes converses, il faut que tu saches que ce que je vais te raconter est plutôt incroyable, mais c'est vrai !

- Sur quoi me le jures-tu ? lança-t-elle immédiatement, un sourire toujours accroché aux lèvres.

Je souris à mon tour. Quand nous étions petites, en milieu de primaire, Lily et moi avions établi un code pour juger de l'importance d'une déclaration et de sa véracité. Il comportait trois échelons. Le plus bas, pour un simple potin ou quelque chose de moindre importance, variait en fonction de nos humeurs. Celui du milieu, pour un élément plutôt important, était composé d'une chose qui nous tenait à cœur à toutes les deux en ce moment. Là, ça aurait été «Orgueil et préjugés» de Jane Austen, un livre que nous avions lu au collège et dont nous venions de découvrir l'adaptation cinématographique, avec la belle Keira Knightley.
Et enfin, le dernier degré, le plus important, celui pour les choses vraiment exceptionnelles, était celui que j'allais énoncer.

- Je te le jure sur le chocolat ! dis-je sans une once d'hésitation.

Le chocolat, merveilleuse invention humaine, fruit amélioré du cacaoyer, délice addictif,... bref, le summum quoi !

Elle écarquilla les yeux et haussa un sourcil mais ne dit rien. C'était bien un cas de force majeur, comme je le lui avais déclaré plus tôt, et il n'y avait rien à y redire. Je commençai donc mon récit, lui narrant que j'avais cru voir le roi Arthur dans la forêt et qu'une voix était apparue dans ma tête suite à cela. «Mais je ne suis pas Jeanne D'Arc !» lui avais-je dit pour plaisanter. Elle eut l'air paniquée lorsque je lui racontai pour la TéléPorte, le loup, le manoir, la glace et enfin pour Zéphyr. Cependant, je ne lui dis pas que celui-ci était bien au chaud autour de mon poignet, laissant échapper de temps à autres quelques ronflements zozotants dans mes pensées.

- Finalement mes parents ont rapidement su pour tout ça et ils m'ont expliquée des choses encore plus délirantes ! conclus-je. Ça va jusque là ?

Elle opina du chef et je me fis la réflexion que je ne l'avais jamais vue aussi pâle. Je savais que tout ce que je venais de lui révéler était difficile à avaler mais là elle était carrément blanche. Pour peu, je l'aurais prise pour un cadavre... et pourtant, ses tâches de rousseurs ne pouvaient que difficilement être oubliées ! Ses yeux étaient écarquillés non plus de rire - comme précédemment - mais de surprise et... de panique ? J'avais l'impression qu'elle ne me croyais pas et j'en fus blessée. Peut-être qu'avec le temps, elle finirait par me croire, non ?
La sonnerie retentit au moment où je m'apprêtais à prendre la parole et ça me coupa dans mon élan. Finalement, je ne savais même plus ce que j'avais voulu lui dire. Lily ne disait mot et je respectais cela, mon histoire était difficile à croire.

Nous nous dirigeâmes vers la salle de classe en silence. Il ne fallait pas traîner, sinon Mr Breton me ferait encore une remarque et je serai bonne pour le premier rang. Je ralentis cependant le pas.

- Tu ne me crois pas, c'est ça ? demandai-je finalement, bien que cela soit plus une affirmation qu'une question.

Elle se racla la gorge, fuyant mon regard incisif. Mais pourquoi me semblait-elle soudain gênée ? Elle inspira un grand coup, comme pour se donner du courage.

- Je te crois, et sais-tu pourquoi ?

Je haussai les épaules.

- Parce qu'on est amies ? proposai-je.

- Parce ce que j'étais déjà au courant de tout cela... me contredit-elle.

Je m'arrêtai pour la regarder. J'avais bien entendu, je voulais juste vérifier que mes oreilles ne m'aient pas jouer un vilain tour. Non, parce que... quand même... pourquoi aurait-elle été au courant ? Et, dans ce cas, comment ? Et puis, aussi, pourquoi ne m'en aurait-elle pas parlé avant ? C'était à n'y rien comprendre...

Une hypothèse se présenta à mon esprit mais je la renflouai tout aussi rapidement qu'elle m'était apparue. Lily ne pourrait tout-de-même pas être une... non, impossible, je l'aurais vu quand même !

- J'en suis une, Eloane, chuchota ma meilleure amie dans un souffle. Je suis une Enchanteresse, une fille de l'Automne.


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La Revanche de l'HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant