*Chapitre 9*

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A la minute même où maman monte se coucher, je me tourne vers les autres. Les mains croisées sur le ventre, je fais les cent pas à proximité des fenêtres. Quelques journalistes ont fait leur retour dans l'allée. Je n'arrive pas à croire qu'ils sont revenus, malgré l'intervention des flics il y a à peine 45 minutes ! Ils ne comprennent donc pas que s'ils racontent quelque chose de faux, ou qu'il ne faut pas, ils pourraient entraver l'enquête ?

Je me retourne et demande au groupe :

- Eh, quelqu'un a accès à un ordi ? Ma mère en a un, mais bien sûr il est en réparation.

- Quand est-ce que tu dois récupérer le tien ?

Les humeurs de Riley n'arrêtent pas de changer.

En ce moment même, elle en veut terriblement à Clara d'avoir organisé sa disparition, pour connaître sont quart d'heure de gloire, et elle est énervée après la police parce qu'ils lui ont tout confisqué.

Dégoûtée, je remue la tête.

- T'en as besoin pour quoi faire ? me demande Nathan.

- J'en sais rien, trouver des infos, chercher des trucs en ligne, tu vois, chercher des indices, peut-être que Clara a laissé des messages, chercher cet enfoiré de Bryan Cooper... Je sais pas quoi. Quelque chose. Ça me rend malade d'attendre en se demandant où est passée Clara. J'en peux plus, je dois faire quelque chose.

J'allume la télé pour trouver des infos, mais il n'y a rien. Je pianote sur le bord du meuble où est posée la télé, avant d'apercevoir le regard meurtrier d'Alex. Je lui fais un sourire désolé, et me remet à pianoter, sur mon bras cette fois. Je m'assieds, puis me relève, je tourne, je me rassieds, mais je n'arrive pas à rester en place, je me relève et tourne en rond dans la pièce, en évitant le regard meurtrier d'Alex. Je me stoppe devant la fenêtre.

C'est limite si je ne la voyais pas revenir en sautillant dans l'allée, ses longs cheveux volant d'un côté à l'autre, en train de chanter comme si de rien n'était. Je n'arrive pas à me dire qu'elle a disparu. Ça fait trois longs jours qu'on a plus aucune nouvelle... Est-ce que c'est trop long trois jours ? Ou alors, est-ce qu'elle peut réapparaître d'un moment à l'autre, comme ça, avec une explication en béton sur ce qu'elle a fait, et puis reprendre sa vie le plus normalement du  monde ?

J'ai besoin de me dire que c'est vrai, j'ai besoin d'y croire.

- On pourrait réfléchir tous ensemble aux raisons qui l'ont empêchée de rentrer, dis-je en réfléchissant à voix haute. Je commence. Bon, alors elle est allé rencontrer Bryan vendredi soir, et là, c'est le coup de foudre, elle a décidé qu'elle ne pouvait pas passer une minute de sa vie sans lui. Une nuit, puis deux, puis trois, et là, elle est dans un bus direction sa maison, trop inquiète parce qu'elle a merdé et qu'elle va se faire démonter par tout le monde, mais en même temps rien ne compte plus que l'homme de sa vie.

- Et je vais l'égorger quand elle passera la porte, répond Riley avec un sourire bienveillant. 

- Vendredi soir, suggère Alex, elle a appelé pour nous annoncer qu'elle restait, mais en fait elle s'est rendu compte que son Bryan c'était un gros naze. Là, elle se rend compte qu'en fait, l'élu de son cœur n'est personne d'autre que Rodin Gautier. Elle l'appelle, et ils partent au bout du monde tous les deux.

Je rigole intérieurement à l'idée que Clara soit amoureuse de Rodin Gautier.

- Rodin ne serait pas contre cette théorie, si tu veux mon avis, approuve Nathan. 

- A toi Riley, lui dis-je.

Elle regarde le plafond, et un sourire se dessine sur ses lèvres.

- Elle rencontre Bryan, c'est le coup de foudre, tout ça tout ça. Bref. Sur le chemin pour aller chez lui, Clara repère les promos de l'année. Genre, le black-Friday puissance 10. Elle largue Bryan pour partir faire du shopping. C'est un truc de malade tellement les prix sont bas, c'est limite si ils donnent pas les paires de louboutins. Elle en voit une super paire, elle n'en a pas des comme celles-ci. Elle met la main dessus au même moment qu'une autre personne, Stella Baker. Elles tirent toutes les deux dessus, ça se finit en grosse bagarre, et Stella tape sur la tête de Clara avec une paire de sandales compensées. Bim, Clara est K.O, et Stella s'en va victorieuse. Quand Clara se réveille, elle est à l'hôpital, et elle ne se souviens plus de rien. Elle ne sait même plus comment elle s'appelle, ni où elle habite. Du coup, en ce moment-même, elle sirote une camomille en se posant des questions existentielles.

Prise au piègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant