Chapitre 12

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3ème Jour

- Les Villageois sortent sur la place.

Je me détachai de l'étreinte de Raphaël et fixait ses yeux noisettes.

- Bon... Il faut qu'on y aille.

Il soupira.

- On dirait bien.

Une fois dehors, j'observais le cercle de chaises. Trop d'entre elles étaient vide. Cela me donna la nausée. Les propriétaires de ces chaises étaient morts par notre faute.

- Non ! cria soudain une voix de jeune fille.

Je me retournai et vit celle qui avait crié.

- Qui-est ce ? demandai-je discrètement à Raphaël, toujours à côté de moi.

- Je crois qu'elle s'appelle Julie.

- Ce n'est pas un Loup-Garou, si ?

Il secoua la tête. Julie avait l'air complètement affolée et passait de joueur en joueur pour poser une seule et tu même question.

- Personne n'a vu Aude ? Que quelqu'un me dise qu'il a vu Aude !

Malheureusement, personne ne pouvait répondre. Ici, on était en enfer. Et des joueurs mourraient.
Une question s'imposa à mon esprit :
Si j'ai tué Lena cette nuit, comment Aude est-elle morte ?
Je me tournai vers mon voisin. Son visage s'était fermé, et ses dents grincaient.
Oh non ! Ne me dites pas que...
Raphaël s'aperçut que je le fixais et me jeta un regard... implorant.

- Ne dit rien, s'il te plaît... Je n'ai rien pu faire... mon instinct de Loup...

Sa détresse me toucha.  Moi non plus je n'avais jamais voulu tué Lena. J'y avais été obligée. Raphaël ferma les yeux et sa mâchoire se crispa. Il devait appuyer tellement fort sur ses dents que je crus qu'elles allaient exploser sous la pression. Le voir comme ça ne me plaisait pas, je voulais le réconforter. Malheureusement, je ne pouvais pas dire tu n'y est pour rien, ou bien ce n'est pas grave, ni ça va s'arranger, ne t'inquiète pas. Car tout cela n'aurait été que des mensonges.

Alors je lui pris la main. C'était la seule chose que je pouvais lui offrir : une présence réconfortante. J'entrelaçais mes doigts aux siens. Je ne voulait pas que cela fasse trop...intime,  mais c'était la meilleure manière de lui montrer ma présence. Un câlin au milieu de tous ces gens n'aurait pas fait un meilleur effet. Raphaël tressaillis de surprise. Ses yeux se rouvrirent, puis firent des allez-retour entre nos mains et mes yeux. Puis il me fit un sourir triste et referma davantage ses doigts sur les miens.

- Elle est morte.

La voix du meneur fit sursauter tout le monde. Encore une fois, je ne l'avais pas vu arriver. Et je failli lui sauter à la figure. Quelle manière délicate d'annoncer les choses !

- Non ! cria Julie. Vous mentez !

La jeune fille avait fondu en larmes. Et à juste titre. Son amie était morte, assassinée.

- Je vais vous demander de vous rasseoir, jeune fille, fit l'homme à la capuche. À tous même. Le conseil du village a commencé.

Julie grinça des dents, lui jetta un regard assassin à travers ses larmes, mais se rassis sur sa chaise. Elle avais une grande maîtrise de soi. À sa place, j'aurais étranglé l'homme à la capuche. Je lâchait la main de Raphaël, lui lançait un regard que je voulais emplis d'encouragements, puis rejoind ma maudite chaise. Une fois que nous fûmes tous installés, le meneur repris son discours.

- Bien, grâce à cette incident, vous savez déjà tous qu'Aude, votre capitaine, est morte cette nuit. Elle m'a donc confié qui sera le prochain capitaine. Emma ?

Je vis Emma, membre de la meute Loup-Garou se dresser fièrement sur sa chaise.
Oh oh... Un Loup-Garou capitaine. Ce n'est pas bon pour moi, ça.
Le meneur tira une médaille de sa poche et la lui la remit.  En avait-il en réserve ou l'avait-il pris sur le corps de Aude ? Je ne pourrait jamais le savoir.

- Mais cette nuit n'a pas vu seulement une personne mourir, mais deux.

Et c'est de ma faute.
Tandis que j'essayais d'étouffer les sanglots qui menaçaient de secouer ma gorge, j'entendis d'autres joueurs pousser des cris. Le meneur se tenait droit sur son estrade, et nous observait. Il semblait fier de lui. Fier de nos réactions. Mais qui était donc cet homme qui se plaisait à faire souffrir autrui ???

Quelques instants plus tard, il pénétrai dans la maison de Aude et resortai avec la jeune fille. Julie hurla, quand elle remarqua les morsures sur elle. Aude était dans le même état que Hugo, hier.
Hier.
Ce mot me fit me raidir sur ma chaise.
C'était hier que Hugo était mort.
C'était hier qu'Angelique était morte.
Ici, le temps passait plus vite que dans la réalité, mais ce jour me semblait à une éternité.

Le meneur déposa le corps de la jeune fille sur le sol de l'estrade, puis reparti en direction de la maison de la seconde victime.
Celle que j'ai tué.
Les morsures de Aude étaient moins impressionnantes que celles de Hugo, mais elles suffirent à Julie pour qu'elle se rue sur son amie dès que le meneur eut le dos tourné. Elle la pris dans ses bras, à même le sol, et voulu vérifier si elle respirait. Mais elle ne respirait pas. Alors elle pleura.

Quand le meneur revint avec Lena dans ses bras, d'autre cris s'élevèrent. Elle était verte. Littéralement. Lena avait la peau verte. Je sentis la bile remonter dans ma gorge jusqu'à me donner la nausée. Le poison avait coloré la fille en vert. Et pas un vert bêtement pâle. Un vert gazon, flachis.
Avant que je n'eu le temps de vomir, une silhouette passa en trombe devant nous et sauta sur le meneur. Julie et l'homme à la capuche tombèrent ensemble, laissant le corps sans vie traîner sur le sol. Ils roulèrent sur le sol. Et je vis les yeux de la fille : ils étaient encore mouillés, mais une autre émotion que la tristesse en avait pris possession. La colère. La soif de vengeance.  Dès qu'ils se furent stabilisés, Julie lui assena un gros coup de point en pleine face, rejetant la tête de l'homme en arrière.
Alors ce que je découvrit me laissa sans voix. La capuche du meneur n'était plus sur sa tête,  nous dévoilant pour la premier fois la véritable identité de l'homme encapuchonné.
Il était celui qui nous avait rassuré, Angélique et moi, il y a trois jours de cela. Celui qui nous avait assuré qu'on n'avait pas à avoir peur du jeu, nous incitant à nous inscrire.

Maintenant, tout le monde était tétanisé et fixait le meneur qui saignait abondamment du nez. L'homme nous regarda tout à tour avec de grands yeux. Il semblait effrayé.
Chacun son tour.
C'est alors qu'une lumière aveuglante surgit, nous éblouissant tous. Je dù fermer les yeux et me les protéger du bras, de peur de devenir aveugle. Lorsque tout fut redevenu normal, le meneur avait disparu, emportant avec lui les corps de Lena et de Aude.
Julie poussa un cris de rage.

- Rassemblement ! nous hurla-t-elle. On ne doit pas se laisser faire.

Venez Jouer Au Loup-Garou Grandeur NatureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant