Chapitre 10

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2ème Nuit

- La Sorcière se réveille et sort, annonça le meneur.

Je commençai à avoir l'habitude d'être réveillée par la voix grave. Je me levai, enfilai des chaussures et brossai rapidement mes cheveux avec mes doigts. J'hésitai, puis tirais un des tiroirs de ma commode dans lequel j'avais caché les deux fioles. Ni Raphaël ni quiconque ne devaient pas les voir. J'accrochai la besace à ma ceinture, comme la nuit dernière, et fourrai les deux fioles dedans. K'etais la Sorcière. Et mon rôle allait de paire avec les deux fioles. Je passais par le salon, où étaient encore posé le jeux de cartes avec lequel j'avait joué avec Angie puis avec Raphaël la veille au soir.

Je sortis dans la nuit. Immédiatement j'eu peur. Cette cour était trop silencieuse et trop sombre malgré la clarté de la lune. Les chaises semblaient trop vides et les deux maisons barricardées trop hantées. Cette fois, je ne vis pas le meneur. Mais j'entendis sa voix.

- Une personne est morte cette nuit. Il s'agit de votre capitaine, Aude. Que veux-tu faire ? La ressusciter ? En tuer un autre ? Ou ne rien faire ?

Que faire cette nuit ? Je savais que je ne pourrai pas ressusciter Aude. Cette fiole violette, je la gardait pour Raphaël ou pour moi. Et pour cela, une bonne raison : pour que nous restions en vie, nous devions être les deux seuls survivants. Mais cela voulait aussi dire qu'il fallait que tous les autres meurt. Maintenant, je savais ce qu'il fallait que je fasse.

- Je vais en tuer en autre.

Ma voix tremblait plus que je ne l'aurait voulu. Demain matin, nous aurions deux morts. Deux spectacles affreux à regarder. Deux assassins dans la place.

- Qui voulez-vous tuer ? fit la voix,  impassible.

Je tressailli intérieurement et des tonnes de questions envahirent mon esprit. Quel était cet homme qui permettait que des adolescents s'entre-tuent ?
Et que faisait la police ? Ce jeu inhumain avait-il déjà eu lieu ? Que faisait les survivants ? Malheureusement, je ne pouvais en poser aucune.

- Alors ? s'impatienta la voix.

Je regardait les maisons autour de moi. Il fallait que je choisisse une victime. Un nom s'imposa dans mon esprit. C'était un Loup-Garou. Il me semblait plus juste de tuer un Loup-Garou. Après tout, je faisais parti des Villageois.

- Lena.

La fille qui avait tué Angélique. Cela semblait être une douce vengeance.

- Tu sais ce qu'il faut que tu fasses.

À ce moment, je vis la porte de la maison de la fille s'entrouvrir. Tout seule. Est ce que c'était normal que des portes s'ouvrent toutes seules ?
Bien sûr que non, me répondit mon instinct.

Pas rassurée du tout, je passais la tête par la porte. La maison de Lena était construite comme la mienne, même si le mobilier n'était pas exactement le même. Il avait quelque chose  de plus...coquet.
Allez, je n'était pas la pour m'inspirer de décoration intérieure, mais pour m'aquitter de ma mission.
J'eu un haut le coeur en imaginant ce que j'étais sur le point de commettre. J'allai tuer une fille.

Arrivée dans la chambre, toujours dans le noir, je me penchai au-dessus de Lena. Elle dormait d'un sommeil profond, elle semblait paisible.

- Je suis désolée, Lena.

Je m'aperçu que je pleurai quand une larme chaude s'échappa de mes yeux et vint s'écraser sur la joue de la jeune fille. Alors je défis un coin de la besace en cuire et sorti la fiole verte. J'enlevai le bouchon en liège et versai le liquide étrange dans sa bouche.
Il se répendit à travers ses dents. En faisant ça, j'avais l'impression d'être à la place de celle que j'étais en train de tuer. Il me semblait sentir le poison se glisser dans ma bouche, puis se répendre dans tout mon corps, dans toutes mes veines, jusqu'à mon coeur.

Quelques instants plus tard, elle ne respirait plus. Lena était morte.
Tu peux me tuer au tour prochain, si tu veux avait dit la jeune fille. Mais elle ne le pensait pas réellement, si ? Personne n'avait vraiment envie de mourir. Elle était en train de souffrir quand elle avait dit ça. Et je devais être en train de vivre ce qu'elle avait ressentie en tuant Angélique.
Nous étions des meurtrières.
J'étais toujours debout, au dessus de la jeune fille. Je savais que si je restais ainsi, je finirai par tomber par terre à cause des tremblements qui me secouaient. Alors je me m'accroupi auprès du lit, croisai mes bras sur les couvertures, près de la fille, et posai ma tête sur ce coussin provisoire. Et enfin, je pleurai à grosses larmes.

Je suis tellement désolée Lena. On ne s'aimait pas vraiment toi et moi, mais tu ne méritais pas de mourir. J'espère que de là-haut, tu trouvera le moyen de me pardonner.

Tuer avait été si facile. Se faire pardonner serait impossible.

- La Sorcière se rendort, fit la voix du meneur.

Vu ma position, j'aurais pu m'endormir là, à même le sol. Mais je me levait et me forçai à retourner dans ma petite maison.  Une fois à l'intérieur, je remis l'unique fiole et la besace à leur place dans la commode et me glissai dans des couvertures. La nuit dernière, j'avais eu trop froid.Ici, je me sentais en sécurité, mais je savais que je pourrai très bien mourir dans ce même lit.

Alors je pleurai. Car je venais de tuer une fille.

Venez Jouer Au Loup-Garou Grandeur NatureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant