Chapitre 16:

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« -Natasha ? J'ai eu une seule mission pas vrai ?

-Une seule.

-C'est pour cette mission que le SHIELD m'a récupérée ?

-Oui, en quelque sorte.

-Et Natasha... Cette mission... Est-ce que... Je veux dire...

-Ne bégaye pas.

-Cette mission, tu la connaissais n'est-ce pas ? Dès... dès le début... ?

-Ne poses pas de questions dont tu ne veux pas connaître les réponses. Je frissonne sous son ton glacial et son regard de braise. »


Je descends par l'escalier du jet. Je passe la douane, un minuscule aéroport anglais. En me retrouvant à l'air libre, je ne peux que constater la chaleur que le soleil dégage déjà. Un immense rocher se dresse entre deux bras de mer. La ville grimpe sur le roc. On dirait qu'elle l'envahi comme un cancer. J'avance doucement dans la ville. Ce sont des rues minces, de chaque côté de la rue s'élèvent des immeubles, bas, tous collés et agglutinés comme si la place manquait cruellement. Des dizaines de boutiques donnent sur les ruelles de pavés, on y vend des cigarettes à bas prix, des drapeaux anglais et surtout des centaines de statuettes de la reine d'Angleterre. Chaque balcon fait voler les couleurs britanniques. Les rues sont pleines à craquer. Des groupes de jeunes traînent devant les tabacs. Je trace ma route. Seule. Je sais où je dois aller. Le téléphérique. Je vois déjà les petites cabines qui s'envolent vers les hauteurs. Toutes identiques, rectangulaires, blanches, des cages en aciers ou sont parsemées quelques fenêtres pour les touristes. Une odeur chaude flotte dans les rues, un âpre mélange de pollution, de transpiration et d'algues pourries. Je me faufile entre les passants. Je finis par sortir du centre, le monde se disperse. Je grimpe dans une cabine avec un couple de randonneurs andalous. En prenant de l'altitude l'air me semble plus sain. Nous traversons une brume épaisse qui enveloppait la ville. Un vaste foret de fougères et de sapin apparaît. La vue aérienne est à couper le souffle. La cabine finit par s'immobiliser. Après un signe de la main, les randoneurs s'écartent. Je suis de nouveau seule, dans la nature. Je marche doucement vers vers le grand panneau annonçant la forêt : « Gibraltar Range National Park ». Le sol est rocheux, recouvert d'épines et de feuilles mortes. Je pose mon bâton sur le sol. Et je m'arrête quelques instants pour fouiller le sac que Madame Hill m'a donné. Une carte avec une croix rouge indiquant ma destination, une trousse de secours avec une couverture de survie, des désinfectants, des pansements, il y a même du fil et une aiguille, comme si je savais faire un point de souture... Puis il y a une gourde et de la nourriture déshydratée. La carte indique que je dois traverser une partie de la forêt avant de tomber sur un ruisseau. Ce dernier que je vais devoir remonter jusqu'à atteindre les entrepôts désaffectés s'ils existent encore. Je marche avec mon bâton. L'odeur saine de la forêt me fait un bien fou. Ce silence. J'ai l'impression d'en rêver depuis toujours. Le bruit lointain d'une cascade se décroche du fond. Il devient plus réel à chacun de mes pas. La voilà ! Elle est sublime ! L'eau creuse des sillons dans la roche, c'est incroyable, indescriptible. La roche tombe en étages sur une forte côte au s'écoule tranquillement d'eau. Les rochers humides sont recouverts de mousses et de fleurs au milles couleurs. Au centre, le ruisseau coule de son eau claire ou des centaines de petites bulles s'en vont avec le courant. Puis, de chaque côté, les pins parasols semblent se battre entre eux pour aller s'abreuver à la rive. Comme prévu, je remonte le cours d'eau. Je continue décidée. Je ne marche pas longtemps. Un gros blocus dissimulé par du lierre se dresse devant moi. Mon cœur se serre. Je disparaît. Un flux glacial m'enveloppe. Je tire sur les branches pour dégager l'entrée. Une porte de métal rouillée. Une peinture la recouvre. C'est une sorte de pieuvre géante, dessous une inscription, « HAIL HYDRA ! Wird ein Kopf abgeschnitten, wachsen zwei andere nach ». Je lis à haute voix, la traduction me vient directement grâce aux gadgets de Tony. « Coupe une tête et deux prendrons sa place... » Hydra... Je me souviens d'avoir lu des choses sur une dame, elle s'appelait Mme Carter je crois, et lorsqu'un représentant d'Hydra lui avait dit cette formule, elle lui aurait répondu du tac au tac, : « Alors je ne cesserais d'en couper. » Cela me donne un peu de courage. Mais la pression monte lorsque je m'aperçois que la porte est entre-ouverte sur l'obscurité. Sans réfléchir, je me faufile à l'intérieur. C'est les ténèbres, le noir total. Seul le rectangle de lumière de la porte apparaît. Je tâte le mur humide et froid à la recherche d'un interrupteur. Mon estomac se contracte. Je ferme les yeux malgré l'obscurité. Ce stress me torture de l'intérieur, et ne fait que croître lorsque mes doigts rencontrent l'angle inférieur du bouton. Je remonte la main sur l'interrupteur. Des sueurs froides coulent le long de mes omoplates. Ma respiration se coupe. Mes poumons explosent. Mes mains tremblent. J'appuie. Un énorme bruit retenti. Brutal. Il se répète dans le lointain. Des néons s'allument. Je n'aurais jamais pu imaginer que la salle était si grande. Je descends cinq ou six marches et un immense hangar apparaît. Il est désert. Je veux dire, c'est un désert humain et je ne m'en porte pas plus mal. Ce qui glace le sang c'est les engins qui le remplissent... On dirait que l'endroit a été vidé précipitamment. Des feuilles traînent un peu partout. Il n'y a pas non plus de trace de lutte. Mais cet endroit est terrifiant. Il s'est passé des choses ici. Des choses mauvaises. J'avances à travers les inventions étranges. Elles sont alignées et semblent dégager un passage étroit. Je m'engage. Au bout, il y a un bureau de bois qui contraste largement avec tous les appareils d'aciers. J'ouvre des tiroirs, il est vide. Seulement cette clef USB, en évidence. J'hésite avant de la prendre. Je crois que celui qui la mise là voulait que quelqu'un la trouve. Je finis par la fourrer dans mon sac. Je sors sans trainer, bien plus vite qu'a l'aller. Ma marche rapide se transforme même parfois en course. Je traverse la rivière sans prêter attention au paysage. Je reprends la cabine, traverse la ville, bouscule les passants. Cette clef m'obsède. Je n'ai plus qu'elle en tête. Je passe la douane, une nouvelle fois. Madame Hill m'attend. Je dois être dans les temps, elle ne semble pas surprise de me voir. Et me parle seulement une fois que nous avons décollé.

« -Je vous écoute Maya. Son expression indiférente fait retomber toute ma fierté à zéro. Elle aurait pu dire des tonnes de choses en fait... n'importe quoi aurait été mieux que... que ça... J'évite néamoins de lui montrer que son ton m'affecte. Je la regarde droit dans les yeux.

-Merci. Dis-je froidement. Je suis heureuse de vous revoir aussi. Elle lève les yeux aux ciel et souffle.

-Très drôle. Princesse ? Je comprends mieux pourquoi ils t'appelaient comme ça. Mais ici, nous n'avons pas la place pour les sentiments. Natasha a du te le faire comprendre non ?

-Si. Je la coupe.

-Rapport de mission ? Continue-t-elle

-La base est désafectée, c'est comme vous pensiez, mais c'est comme si elle avait été déserté brutalement, ils n'ont pas pris la peine d'évacuer tout leur matériel. J'ai trouvé ça, je pose la clef sur la table qui nous sépare, elle était bien en évidence sur un bureau, je pense qu'Hydra voulait qu'on la récupère. Elle prends la clef USB sans me répondre. Puis la branche sur un ordinateur portable. Elle fronce les sourcils.

-Il n'y a qu'un fichier audio... Dit-elle plus bas. Elle monte le son. J'ai le temps d'entendre une ou deux notes de piano. Une migraine atroce me prend, je gémis sous la douleur brutale. Ma supérieur me regarde inquiète. Tout va très vite. Je vacille, un des hommes avec nous dans le jet se jette sur Madame Hill, je tombe dans un sommeil incontrôlable.

« Vas'y Maya ! Vite ! me crie Néeri

-Non...

-Pourquoi Maya ? Me demande-t-il avec sa voix angélique

-Il faut que je me réveille... Il se passe quelque chose.

-Non reste avec moi Maya reste ! À chaque fois tu pars ! Reste ! » Il rame, allongé sur sa planche de surf, les joues rouges brulées par le sel. Je lutte pour sortir de ce sommeil tenace. L'écho de sa voix s'échappe doucement. La douleur revient. Ma tête me brûle. Cette migraine est atroce. L'environement autour de moi s'éclaircit. Gris, le sol est gris. Un béton ciré glacial. Je ne suis plus dans l'avion. On m'a retiré mes chaussures, je suis pieds nus. J'ai froid. Les murs sont noirs en métal. La salle est vide, il y a seulement une caméra. Super. Je bouges les jambes, un crissement de métal me fait serrer les dents. Une chaîne massive relie mon pied au béton gris. Je commence à paniquer. Je ne me souviens de rien. La porte s'ouvre. Un homme massif entre. Je tremble. Je ne l'ai jamais vu. Son visage m'effraye pourtant. Il dégage quelque chose de terrifiant.

« -Où... Où je suis ? Je tente de maîtriser le flux glacial qui parcours ma colone vertébrale.

-Bienvenu !

-Je veux... Je... Je veux partir... Je n'ai rien à faire ici... Son crâne est chauve, il doit avoir une trentaine d'années, ses yeux sont bleus marines, et son visage assez fin avec une peu très claire il s'approche dangereusement de moi.

-Tu te trompes Maya. Tu as pleins de choses à faire ici.

- Mais... Mais vous êtes fou ! Au secours ! Je m'écris tandis qu'il continue d'avancer. Au secours ! Ma respiration se coupe lorsque il pose sa main massive sur ma bouche pour étouffer mes plaintes.

-Les gens m'appellent Baleful, et je vais travailler avec toi. Nous allons travailler ensembles en fait. Il prend un sourire satanique qui dévoile sa folie sans borne. Il rit frénétiquement sans pouvoir s'arrêter. Baleful ! C'est mon prénom ! Il penche brutalement sa tête en arrière et lorsque il la redresse, son sourire a disparu. C'est tes amis qui ton livré. Ils sont gentils hein ?! Maintenant on va pouvoir s'amuser ensembles ! Je tremble de plus en fort sans pouvoir me contrôler. Il décroche ma cheville. Je lâche prise et tombe dans les pommes.

MAYA, Nouvelle avengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant